Au delà des apparences

Chapitre 2

Eva

Après quelques minutes passées dans le froid, j'arrive enfin chez moi. Cette habitation de banlieue perdue parmi tant d'autres me rassure. Elle n'a rien de spécial ni de différent mais c'est le lieu le plus sûr que je n'ai jamais connu. Elle est banale avec sa façade de pierre blanche, un jardin que je maintiens fleuri avec des variétés de fleurs que ma mère aimait. On y retrouve des jolis daphnés, des camélias, le perce-neige et des primevères. De différentes couleurs. Une porte bleue marine vient égayer la beauté de notre maison. Du moins... ça l'était encore jusqu'au mois dernier. Je souffle un bon coup avant de rentrer.

L'intérieur est aussi joli que l'extérieur. Depuis l'accident, on essaye de maintenir cette maison en vie. Que ce soit au sens propre que figuré. Quand on entre, il faut longer un petit couloir qui donne sur la pièce à vivre. Cette dernière est assez grande. A ma droite, la cuisine en bois et moderne. En face de moi se trouve le salon avec un canapé couleur crème face à un petit écran plat. Mes meilleures soirées, je les passe ici avec mon frère devant Netflix.

Derrière cette safe place, se trouve un bureau, anciennement celui de mon père. Et puis, au milieu de la pièce se trouve une cheminée – fonctionnelle bien-sûr – devant laquelle se trouvent deux petits fauteuils pour pouvoir y bouquiner devant lors de soirées froides. Et pour finir, la salle à manger, face à la cuisine. Beaucoup de souvenirs sont rattachés à cette pièce. Nos repas de Noël ainsi que les anniversaires. Nous n'étions pas une famille parfaite mais on s'aimait tous, d'un amour infini...

Je suis arrachée à mes pensées lorsque la voix stridente d'Alyzéa. Il manquait plus que ça. Je pensais que ma journée de merde était finie mais il faut croire que là-haut ils en ont décidé autrement. Je ne comprends pas, et je pense ne pas y réussir un jour, comment mon frère a pu s'enticher de cette fille. Elle est... Je ne sais pas comment la décrire sans être méchante mais on va dire que l'animosité que je rencontre à son égard est réciproque.

Mais bon... s'il est heureux avec elle tant mieux. Qui suis-je pour savoir ce qui rend une personne heureuse ou non ? Pour certains, comme mon frère, c'est d'être en couple avec une pute narcissique et pour d'autres c'est d'emmerder les gens comme moi. Ces derniers prennent toujours un malin plaisir à faire souffrir les gens, ils s'amusent avec eux comme un chat joue avec une souris. Il la chasse, la trouble, la blesse, la manipule pour l'amener au bon endroit avant de la tuer. Et même après ça, ils prennent plaisir à jouer avec le petit corps frêle de l'animal. Et ce genre d'action, cette chasse, rend le chat heureux. C'est la même chose pour les types comme Alex Hill.

Il est le chat et je suis la souris.

Chacun sa définition du bonheur. C'est un vrai sujet de philosophie ça. Je vois bien le sujet au bac : « Selon vous, qu'est-ce le bonheur ? », vous avez quatre heures.

Je passe devant le canapé sans le moindre bruit, ne voulant pas révéler ma présence. Je n'ai pas envie de me prendre des réflexions. Je longe le couloir d'un pas rapide, voulant retrouver ma chambre. Sur ma gauche une première porte : la chambre de Théo, mon frère. La salle de bain se trouve juste en face. Je continue mon ascension et m'arrête quelques secondes devant une porte couleur marron. Mon estomac se noue. Je suis devant la chambre de mes parents. Je n'y ai pas mis un seul pied depuis... depuis qu'ils sont partis. Je fais volte-face et entre dans la mienne qui se trouve en face. En entrant, je lance mon sac dans un coin de la pièce et me jette sur mon lit qui se trouve à droite de la pièce. Cette dernière n'est ni grande ni petite mais c'est mon havre de paix. Les murs sont gris clair. A côté de mon pieu se trouve ma table de chevet, un meuble avec quatre cases remplies de livres. Sur le côté gauche, il y a mon fauteuil. Un tapis vient habiller la pièce. Une étagère dans le côté opposé d'où je me trouve y supporte toutes mes affaires de cours et finalement, face à moi, dressing. Simple, sobre et comme j'aime.