Chapitre 6

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Eva

Je continue de regarder la table impuissante. Mon souffle est irrégulier et malgré les paroles de la prof je ne me calme pas. Je crois entendre une personne crier, mais je n'y fais toujours pas attention. J'ai tellement de mal à respirer que j'ai l'impression de sombrer petit à petit dans le néant. Faire une crise en plein cours, c'est vraiment quelque chose de bénéfique si vous voulez encore plus attirer l'attention sur vous.

Cela doit faire depuis cinq, dix ou quinze minutes que je suis dans un état de semi-conscience au bord de l'évanouissement. Une autre personne arrive et se dirige vers moi. Cette même personne me prend par les épaules et m'aide à me lever avant de me sortir de la salle. Un des nœuds qui s'est formé dans ma poitrine se desserre petit à petit quand je vois que c'est l'infirmière qui m'a libérée de tous les regards qui pesaient sur moi. Je ne veux même pas penser aux remarques qui vont être faites à mon retour.

L'infirmière me fait traverser presque tout le lycée. Et si ce n'est pas le cas, c'est tout comme pour moi. Chaque geste que je dois effectuer, chacun des pas qui me fait avancer, tire chaque muscle de mon corps. Être tétanisé lors d'une crise, c'est comme être un robot rouillé et c'est extrêmement douloureux.

Après ce qui m'a semblé être une éternité, on rentre enfin dans l'infirmerie et madame Nocq me fait asseoir sur le petit canapé présent dans la pièce. Cette dernière est simple. Les murs sont blancs. En son centre se trouve un bureau. Le coin détente où elle m'a installée est fait de sorte que les gens se sentent à l'aise. Un peu comme le bureau de psychologue. Des plantes servent de décorations, des étagères remplies de livres viennent donner un peu de vie. Sur la gauche, se trouve l'espace de consultation avec un pan de mur dédié à des accessoires pour des consultations en tout genre et une table de massage.

Elle revient quelques minutes plus tard avec une bouillotte, deux tasses et une petite boîte. Le tout posé sur un plateau qu'elle met ensuite sur la table basse en bois qui se trouve devant nous.

Je ne pleure plus, mais je n'arrive toujours pas à bouger. Mes mains sont ancrées dans le canapé et si j'avais les ongles plus long, je crois que ce dernier aurait été éventré depuis longtemps. Je reprends ma respiration lentement. Elle me laisse faire.

– Ça va aller ? me demande-t-elle.

Je perçois de l'inquiétude dans sa voix, ainsi qu'une certaine pitié. Je hoche lentement la tête ce qui me fait encore plus souffrir. Elle souffle comme soulagée et prend la bouillotte. Elle verse l'eau chaude dans les deux tasses et m'en tend une.

– Bois ça va te détendre.

Je suis son conseil et bois lentement cette boisson chaude qui me réchauffe et qui finit par défaire tous les nœuds qui ont été formés. J'arrive à nouveau à respirer normalement et relève la tête en serrant la tasse afin de me réchauffer les mains.

– Tout va bien Eva ?

Je daigne enfin la regarder dans les yeux. On dit souvent que les yeux sont le reflet de l'âme ? Avec cette femme j'en ai la certitude. On voit bien qu'elle aime ce qu'elle fait. Que chaque jour dans ce lycée pour elle, c'est un jour à Disney World pour un enfant. Ses cheveux blonds aux carrés et ondulés encadrent parfaitement son visage rond.

– Ou... Oui

La voix encore enrouée, j'ai du mal à articuler ce mot, aussi simple soit-il.

– Merci d'être intervenu Ester, lui dis-je.

– Je t'en prie. C'est un jeune homme qui est venu me prévenir. Il m'a expliqué être entré dans une classe par erreur et d'avoir surpris une élève en crise donc c'est normal que je me sois déplacée.

Au delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant