Au delà des apparences

Chapitre 5

Kye

La lumière envahit peu à peu ma chambre. Une musique se fait entendre et je relève la tête pour voir d'où elle vient. Mon casque est posé sur une montagne de livres en tout genre. Merde... Je me suis endormi en jouant... Je me lève comme je peux de cette assise qui avec, le temps ,n'est plus aussi confortable qu'avant. Je m'étire du mieux possible. Ayant passé ma nuit allongé - si on peut dire ça ainsi - contre un bureau et une chaise, je peux vous assurez que mes membres me rappellent qu'une nuit passée dans cette position, ce n'est pas la meilleure des choses. Je regarde mon poignet afin de regarder combien de temps il me reste pour me préparer et remarque qu'il est déjà huit heures et que je commence dans trente minutes.

– Bordel !

Je cours jusqu'à la salle de bain en ne manquant pas de me ramasser deux ou trois fois au passage.

J'arrive dans la petite pièce et cherche désespérément un déodorant pas le temps pour une douche. Je le repère enfin enfouis sous ce qui semble être les habits de mon paternel. Je bloque ma respiration le temps de le récupérer. Je rangerai tout ça plus tard mais là je n'ai vraiment pas le temps. Je vérifie rapidement ma tenue de la veille qui est passable, m'asperge de déo et retourne ensuite dans ma chambre. Je récupère mes manuels et mes cours qui me seront utiles pour cette journée.

Après avoir établi un temps record de trois minutes, je descends avec la plus grande prudence. Évitant de faire grincer les lattes de l'escalier et ainsi éviter de réveiller le chien de guerre qui dort sur le canapé. Arrivé à la fin de mon périple, j'ouvre la porte et regarde le salon qui est désormais l'égal d'un squat avec les cadavres de canettes de bières vides et les sachets qui traînent sur la table. Mon père était, il y a quelques temps un homme bien et remarquable. Mais entre la mort de ma mère et de ses camarades, rien ne va plus. Tout va de travers et les substances qu'il prend pour oublier n'arrangent rien... Ça n'a jamais été le cas et je pense que ça ne le sera jamais. Vous allez oublier sur le moment mais la réalité et ses problèmes seront toujours présents. Je souffle et ferme la porte espérant comme à chaque fois que c'est la dernière fois que je franchirai le seuil. Mais mon idylle est encore loin d'être réalisée.

Je culpabilise d'avoir ce genre de pensées. C'est un membre important de ma famille. Je l'aime de tout mon cœur. Mais, ce qui devrait être un modèle et une figure d'autorité se retrouve à être un fardeau et les rôles sont inversés. Je vois sa souffrance, je l'entends et la comprends mais son comportement a un effet transfert. Je souffre de le voir dans des états pareils. Peut-être est-ce moi qui n'ai pas assez donné de ma personne pour lui venir en aide ? Suis-je un mauvais fils à vouloir quitter ce mode de vie qu'il m'inflige ? Ma grand-mère est partie rejoindre sa fille il y a quelques mois, je ne peux donc plus compter sur elle. Quant à la famille, que ce soit du côté maternel ou paternel, ils se sont éloignés avec le temps. Ils ont bien fait et je ferai pareil si j'étais en mesure d'y parvenir. C'est devenu beaucoup trop toxique pour moi. J'ai peur de me perdre à mon tour dans toute cette noirceur qui nous entoure. Mais j'ai cette petite étincelle en moi. Je le sais, je la sens. Elle me pousse vers l'avant pour que je puisse sortir, un jour, de ces ténèbres et embrasser la vie comme il se doit et ne pas rester enchaîné à jamais.

***

Avec le retard de vingt minutes que j'ai, je suis obligé de sonner au portail afin de pénétrer dans l'enceinte de l'établissement. Autant dire qu'à la vie scolaire, ils ne sont pas ravis de mon motif "oublié de me réveiller". Pendant qu'ils m'ont regardé, moi, j'ai souri. Ça me fait bien marrer. Ce n'est pas comme s'ils ne me connaissent pas. Je ne suis jamais à l'heure. Enfin si, seulement quand j'ai sport et maths, car ce sont mes matières préférées. Bienvenue en section scientifique.