Chapitre 11

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Devant eux se trouvaient des corps inertes, aussi bien d'hommes que de femmes, ou bien d'enfants en bas âge. La vue de ce triste spectacle était certes effroyable, mais ce qui glaça le sang de tous les soldats ici présents fut l'état de leurs corps. Ceux-ci étaient bien évidemment charcutés, baignant dans une mare écarlate, mais aussi totalement transformés. Des membres de kishins leur avaient été transplantés, aussi bien une peau grise impénétrable que de longues griffes noires acérées, ou bien des crocs affûtés.

Au milieu des cadavres se trouvaient une bibliothèque jonchée de livres et de produits dont des flacons, ainsi qu'une  table d'opération à l'allure sinistre, et un siège incliné semblable à celui d'un dentiste. Dans tous les cas, le faible éclairage verdâtre de la pièce, couplé aux corps dénués de vie, et aux appareils usés par le temps faisaient comprendre aux visiteurs toutes les atrocités qui avaient eu lieu ici.

Emma, en voyant cela, ne put s'empêcher de se retourner vers son allié hybride, se demandant comment il devait se sentir dans une telle situation. Après tout, il était fort probable qu'une piste pouvant l'aider à retrouver la mémoire, ou tout du moins son bourreau, se trouvait ici. Derrière son masque intimidant, elle ne pouvait discerner son expression. De même, sa très longue cape noire cachait la majorité de son corps. Pourtant, elle crut un instant remarquer un léger tremblement du tissu noir d'encre, et entendre un souffle court, tremblotant, saccadé.

Elle chercha alors comment le réconforter. Quels mots pourraient l'aider à aller mieux ? Que pouvait-elle dire ou faire, ne comprenant pas l'étendu de son traumatisme ? Alors qu'elle était aux prises avec ses interrogations, elle se souvint des paroles de sa mère, un sourire réconfortant aux lèvres, lui expliquant comment elle faisait pour soutenir tout un chacun. D'après elle, « Montrer qu'on est là pour quelqu'un, oralement ou physiquement suffit largement pour le réconforter. Après tout, la plus grande peur de l'homme n'est-elle pas la solitude ? De toute façon, nul ne pourra jamais deviner ce que pense l'autre. Tout ce que l'on peut faire, c'est épauler ceux qui ont en besoin. »

Ainsi, Emma fit taire ses interrogations, et posa sa main sur l'épaule de son ami. Celui-ci se retourna vers elle, surpris. Elle ne dit rien, lui adressant seulement un sourire compatissant. Après quelques secondes, il se tourna à nouveau. Elle se demanda alors s'il avait souri à ce moment-là. Hélas, elle ne le saurait probablement jamais. Pendant ce temps, Thomas n'avait pas prononcé un mot, mais y remédia vite, retrouvant son sang froid et donnant ses instructions à ses subordonnés :

- Reprenez vous soldats !  Ce que l'on voit ici est horrible, certes, mais nous devons accomplir notre devoir. Pour l'heure, le plus important est d'abattre l'ennemi pour éviter que ce triste spectacle se reproduise. Ensuite, nous pourrons fouiller ce sous-sol à loisir. Il est temps de reprendre cette ville !

La foule répondit bientôt positivement. Il était indéniable que Thomas avait un talent en tant que leader. Il savait fédérer les gens autour de lui avec des discours émotionnels et une voix forte, dénuée d'hésitation. Pourtant, Emma ne pouvait s'empêcher de penser que ce n'était définitivement pas lui. Il jouait juste ce rôle par obligation, ce qui ne lui allait certainement pas. Ainsi, elle ne put se retenir de le lui faire remarquer d'une voix taquine, se rapprochant pour que seul lui l'entende :

- Tu sais que ça ne te va pas du tout ?

Elle reçut alors une réponse bien éloignée de celle escomptée :

- Oui je sais, mais bon, qui le ferait à ma place ?

Légèrement surprise, elle cligna des yeux deux fois avant de réfléchir à la question. Assez vite, elle trouva une réponse qui lui semblait... satisfaisante. Elle lui rétorqua donc d'un ton condescendant :

Beyond the end (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant