Millane Smith, modèle et actrice de renom, enchaîne les succès comme si cela pouvait effacer les souvenirs douloureux qui l'habitent. Riche et célèbre, on pourrait penser que malgré son jeune âge, elle avait réussi sa vie, si son état mental ne se d...
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M I L L A N E
Mars, 8 mois plus tôt, Los Angeles.
Je tentais de garder l'équilibre en marchant, dérangée par mes talons. Il pleuvait des cordes et ma veste était trempée. J'étais fatiguée et, ne voulant pas gâcher la soirée, j'avais insisté pour rentrer sans les filles qui débordaient encore d'énergie. Il devait être une heure passée du matin, les lampadaires étaient éteins et on entendait de temps à autres une forte musique lorsque la porte d'une boîte de nuit s'ouvrait.
La rue que je traversait était sombre et peu rassurante, et je sentais une présence derrière moi. Je pressait le pas : j'étais presque arrivée devant la gare où je pourrais prendre un taxi rapidement : il était hors de question que je prenne les transports à cette heure-ci. Je continuais de siroter ma canette en marchant, bien qu'elle ait un goût assez bizarre.
J'aurai pu mettre ça sur le compte de l'alcool mais je n'avais même pas fini mon premier verre de rhum-coca. Une fois arrivée, je me mis à traverser la gare. Je serrais mon sac contre moi, peu rassurée. Ma tête commença à me tourner lorsque quelqu'un m'attrapa violemment par le bras.
J'entendis une porte se claquer mais je ne réussit qu'à distinguer une forme blanche indistinct. Je tentai de me débattre sans succès, tandis qu'on m'enserrait le cou. J'étais à deux doigts de suffoquer lorsque ma vision retrouva un peu de clarté.
Je ne voyais pas le visage de mon agresseur, seulement, mais la porte me semblait tout à coup bien plus loin. La pièce était assez étroite mais mon espace se restreignit davantage lorsqu'on me plaqua au mur. La porte était ma seule préoccupation. Il fallait ouvrir cette foutue porte. Je me débattais mais des mains continuaient de me parcourir le corps sans que je puisse les en empêcher. Un sentiment de peur et de dégoût grandissait en moi. Quelqu'un criait au loin, j'aurais voulu aider cette personne.
? ? ?
Je regardais tranquillement mon téléphone tandis que Dylan fumait une cigarette lorsqu'un cri étouffé nous parvint. Nous avons échangé un regard avant de nous rapprocher prudemment de la gare. Celle ci était déserte. Pas étonnant, il devait être aux alentours des 1 heures du matin, le métro ne passait plus. J'avançais un pas après l'autre dans la gare, suivant le cri. L'autre sortie donnait sur la route, mais il n'y avait personne à l'horizon. Je comptais repartir lorsqu'un nouveau cri encor plus déchirant m'interpella. On distinguait la porte d'une réserve entrouverte dans l'obscurité, à environ 5 mètres.
- Laisse, ils sont juste bourrés, dit Dylan en se retournant.
- Attends, murmurai-je en fronçant les sourcils avant de m'approcher lentement. Soudain, l'homme ouvrit brusquement la porte, et s'enfuit avant que je ne puisse faire quoi que soit ce soit. Il ne semblait pas nous avoir vu et avait laissé la porte ouverte. Une jeune femme brune était étalée au sol. Je me précipita vers la femme allongée qui semblait inconsciente. Ses yeux étaient entrouverts et sa respiration irrégulière. Elle ne semblait pas en totale possession de ses moyens lorsque je la redressa en position assise.
