Vers la guérison

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Buck était assis dans la salle d'attente du cabinet de son thérapeute, le regard perdu dans le vide, alors qu'il tentait de rassembler ses pensées. La thérapie était devenue une routine pour lui, un pilier sur lequel s'appuyer dans sa quête de guérison. Son thérapeute lui avait suggéré d'écrire ses sentiments sur le papier, une suggestion qui semblait de plus en plus pertinente à mesure que les séances avançaient.

La présence constante d'Eddie et de Christopher l'aidait également à rester ancré dans la réalité, à se sentir soutenu dans sa lutte contre les démons intérieurs qui le tourmentaient. Maddie, quant à elle, lui rendait visite régulièrement, lui apportant un rayon de soleil dans les jours sombres.

Mais malgré tout, Buck se sentait toujours hanté par un sentiment d'échec, amplifié par ses blessures physiques qui semblaient le retenir en arrière, l'empêchant de reprendre le contrôle de sa vie. Il écrivait des tonnes de lettres à tout le monde, sans même les leur faire lire, pas même à Eddie, même s'il savait que son mari ne le jugerait jamais.

Aujourd'hui, il se rendait à la thérapie avec un poids supplémentaire sur le cœur.

Sa mère avait été blessée au travail, et bien que Bobby lui ait assuré qu'elle dormait beaucoup mais qu'elle se rétablirait, Buck ne pouvait s'empêcher de ressentir une vague d'inquiétude et de culpabilité. Il aurait dû être là pour elle, la protéger comme un bon fils devrait le faire. Mais au lieu de cela, il se retrouvait ici, impuissant et brisé.

Lorsque son thérapeute l'accueillit dans son bureau, Buck se laissa tomber lourdement sur le canapé, sentant le poids de ses émotions peser sur ses épaules. Son thérapeute lui tendit une feuille de papier et un stylo, l'encourageant à exprimer librement ce qu'il ressentait.

Buck commença à écrire, laissant ses pensées couler sur le papier, sans filtre ni retenue.

Il écrivait sur sa douleur physique, sur ses peurs les plus profondes, sur son sentiment d'abandon et d'échec. Il écrivait sur sa mère, sur le poids de la responsabilité qu'il ressentait à son égard, sur la crainte de ne jamais être à la hauteur de ce qu'elle attendait de lui.

Après avoir rempli plusieurs pages de ses écrits, Buck se sentit à la fois vidé et apaisé.

Il replia soigneusement la feuille de papier, la glissant dans sa poche comme un talisman de guérison.

De retour à l'hôpital, Buck se rendit directement à la chambre de sa mère.

Bobby était là, assis à son chevet, et il lui assura que sa mère dormait paisiblement et qu'elle se rétablirait. Il lui donna un peu d'intimité avec elle, sachant que parfois, les mots d'une mère pouvaient apporter un réconfort que personne d'autre ne pouvait offrir.

Alors qu'elle se reposait paisiblement, Buck sortit la lettre de sa poche.

– Alors, euh... Je t'ai écrit une lettre. Je sais que c'est stupide mais ... je crois que c'est plus facile pour moi. Tu sais d'écrire mes sentiments que de les dire à voix haute. Je vais te la lire si tu veux bien.

C'était que quelques mots sur un bout de papier mais Buck avait besoin de la lui lire.

Il y parlait de ses peurs et de ses doutes, de son sentiment d'insuffisance et de son désir ardent de se racheter. Il racontait à sa mère tout ce qu'il aurait aimé lui dire en personne, lui exprimant son amour et son désir de la protéger à tout prix.

– Chère maman, il y a quelque chose que je voudrais te dire. Après avoir été blessé, tu veux savoir qu'elle est le premier truc qui me soit venu à l'esprit, avant de perdre connaissance ?

À mesure qu'il lisait, les larmes embuaient ses yeux, et il sentit un poids immense se soulever de ses épaules. Sa mère avait toujours été un soutien inébranlable, un roc sur lequel s'appuyer dans les moments les plus sombres, et ses paroles réconfortantes lui rappelaient toujours qu'il n'était pas seul.

– Tu ne sais pas ? La loterie. Comment un tirage de quelques numéros peut à tout jamais changer une vie. Comment de simples numéros sur une grille peuvent représenter l'espoir de voir sa vie s'améliorer, passer de médiocre à extraordinaire.

Buck reprit son souffle un instant. Il croisa le regard de sa mère qui esquissa un faible sourire avant de l'inciter silencieusement à continuer sa lecture.

– Mon numéro a été tiré en 1991, reprit-il. J'ai été jeté dans une sphère avec des tas d'autres boules, j'ai été chahuté, utilisé comme un jouet, pressuré par l'armée américaine et finalement mon numéro est sorti. Et maintenant, j'ai deux petits trous dans le corps. Je ne vais plus être en très bon état, mais en vrai, je suis juste un peu cabossé, pas vrai ?

Il leva ses yeux interrogatifs vers elle et elle acquiesça avec un sourire tendre aux lèvres. Il était juste un peu cabossé par la vie. C'était ce qu'elle disait toujours pour soigner ses petits bobos comme les grands.

– Il y a une dernière chose à laquelle j'ai pensé, juste avant que tout ne devienne noir, juste avant de comprendre que j'allais peut-être mourir. Tu veux savoir ce que c'était ? C'était toi. C'était la chance que j'ai eu de t'avoir comme mère, c'était à tout l'amour que tu m'as donné, c'était à la façon dont tu as fait de moi qui j'étais. Et c'était aussi au fait que je n'ai jamais pu te rendre un millième de tout ce que tu m'as donné, pleura-t-il soudain. Je t'aime tellement maman.

Lorsque Buck croisa le regard de sa mère, il fondit en larmes, submergé par l'émotion. Mais dans ses yeux, il vit un mélange de compréhension et d'amour, un reflet de l'admiration et de l'affection qu'elle lui portait.

– Je vais bien Buck, je t'assure, je suis juste un peu cabossée, tu vois. Et ça à l'air pire que ça ne l'est. Fais-moi un câlin maintenant.

Buck prit soin de ne réveiller aucune douleur avant de fondre sur son épaule, pleurant comme quand il était enfant.

– Là, mon bébé, tu es mon bon garçon, mon héros. Et je t'aime moi aussi, tellement. Tu m'as apporté plus de bonheur que tu ne le penses et je t'aimerais toute ma vie.

Les mots de sa mère apaisèrent l'âme tourmentée de Buck, lui donnant la force et le courage de faire face à ses démons intérieurs. Alors qu'il sanglotait contre elle, il décida alors que, peut-être, il était temps de partager ses sentiments avec sa famille, de leur dire à quel point ils étaient importants pour lui, et combien il avait besoin d'eux pour surmonter ces épreuves.

Il s'enroula autour du fragile corps brisé de sa mère, comme pour la protéger du monde alors qu'elle faisait de son mieux pour faire la même chose. Quand il se calma enfin, il s'aperçu qu'elle caressait tendrement ses cheveux comme quand il était enfant.

– J'ai voulu le tuer, souffla-t-il. Je veux toujours le tuer. En fait, je crois que la seule raison pour laquelle il respire encore, c'est parce qu'il est enfermé hors de ma portée. C'est comme avec Doug, je voulais le tuer et je le veux encore.

– C'est normal, le rassura-t-elle. C'est humain. Ce n'est pas parce que tu ressens l'envie de te venger que tu vas nécessairement le faire.

– Et si un jour, je le faisais ? s'enquit-il en cherchant son regard, la suppliant de lui dire qu'il n'était pas un tueur. Je veux dire, je rêve de lui coller une balle en pleine tête, entendre ce qu'il était en train de te faire, jusqu'au coup de feu... Je ne pourrais jamais l'oublier.

– Je sais mais il va être puni et il ne m'approchera plus jamais, tout comme Doug Kendall ignore où se trouve Maddie et ne l'approchera plus jamais. Tout ira bien, mon bébé.

Buck s'attarda entre ses bras jusqu'à ce que Bobby le convainque de rentrer se reposer.

En rentrant chez lui, Buck se sentit plus léger, plus déterminé que jamais à poursuivre son chemin vers la guérison. Il savait que le chemin serait long et difficile, mais avec l'amour et le soutien de sa famille à ses côtés, il était prêt à affronter tous les défis qui se dresseraient sur son chemin.

Et tandis qu'il s'endormait cette nuit-là, bercé par le murmure réconfortant de la voix d'Eddie à ses côtés, Buck savait qu'il avait enfin trouvé un peu de paix dans son cœur tourmenté. Et avec cette paix, vint la certitude qu'un avenir meilleur l'attendait, rempli de promesses et d'espoir.

9-1-1 - Cher Buck (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant