10 août 2054,
Les esquives étaient plus vives, les coups plus précis et les plaies s'étaient muées en cicatrices.
Onze mois s'étaient écoulés depuis la première incursion de Zoubida dans le sous-sol du manoir et sa rencontre avec Yannick. Depuis ce jour, elle s'était entraînée, au-delà de ce que Richard lui avait imposé. Chaque moment qu'elle ne passait pas avec Guillaume ou à aider Agathe dans ses tâches quotidiennes, elle les passait dans ce sous-sol.Ce soir-là, Guillaume avait décidé de rejoindre Zoubida et Yannick. Bien que son père l'eût contraint à des entraînements réguliers, sa motivation semblait dérisoire face à celle de Zoubida. Avoir passé une enfance heureuse, entouré de l'amour de ses parents, lui avait épargné les tourments de cette France devenue le terrain de jeu de pervers et de sadique enivrés par la joie d'avoir mis ce pays à genoux.
Alors que l'entraînement touchait à sa fin, Yannick invita les deux amoureux sur le ring qui trônait au milieu de la pièce.
- Bon, ça fait un moment que je vous ai pas vu dans un petit combat. Pas de casque, juste les gants. C'est parti ?
- Oui coach ! cria Zoubida en se mettant au garde-à-vous en souriant.
- Te fous pas de moi, jeune fille, dit Yannick en lui rendant son sourire.
Guillaume et Zoubida se placèrent au milieu du ring, et Yannick donna le signal.
Les deux amoureux débutèrent le combat timidement, ne faisant que se tourner autour en essayant vaguement de donner quelques coups dont ceux qui touchaient au but ressemblaient plus à des caresses qu'à de véritables impacts.
- STOP ! Qu'est-ce que vous me faites là ? s'énerva Yannick.
- On va pas prendre le risque de se faire mal pour rien, répondit Guillaume.
- Se faire mal ? C'est ça qui te fait peur ? Tu ne sais absolument rien de la douleur. La vraie douleur. Celle que Zoubida a prise en pleine gueule avec son ex-mari. Celle que j'ai ressentie ce putain de jour où on m'a enlevé Jade...
Yannick s'arrêta de parler quelques secondes, le temps de chasser de son esprit le souvenir du visage de sa fille pétrifié par la terreur, puis il reprit :
- Tu ne sais rien de la douleur, tu es le fils de l'homme qui veut essayer de sauver ce putain de pays alors montre-moi que t'es à la hauteur.
- Je veux pas lui faire mal, c'est une fille.
- T'inquiètes pas pour elle. Elle en a vu d'autres. On recommence.
Guillaume, touché dans son égo, arborait maintenant un regard conquérant, prêt à prouver à Yannick qu'il avait tort.Les premières secondes du combat furent fulgurantes, Guillaume se précipitant en donnant une salve de coups rapides mais imprécis, espérant toucher Zoubida.
Le pressing de Guillaume contraignit Zoubida à reculer jusqu'à se retrouver dans les cordes. Un des nombreux coups de poing que le jeune homme dispensait anarchiquement finit par toucher Zoubida au visage et la fit vaciller un instant.Guillaume posa sa main gantée sur son épaule pour tenter de se faire pardonner son geste.
- Désolé, ça va ? demanda-t-il.
Zoubida attendit un instant, la tête toujours baissée.
- T'es à ton max ? dit-elle en esquissant un sourire avant de tourner son regard vers Guillaume.
À la fois rassuré de la voir indemne et subjugué par ses yeux bleus, Guillaume ne vit pas arriver le poing de Zoubida qui vint le percuter violemment au niveau du foie.
Il plia instantanément le genou en se tenant le ventre, le souffle coupé autant par la douleur que par la fourberie de sa douce.
Alors que Guillaume commençait à reprendre son souffle, quelqu'un se mit à applaudir.Richard, avait assisté au combat en se dissimulant parmi les ombres du sous-sol
- Bravo ! À vous deux. C'est pas du Mike Tyson, mais c'est pas mal.
- C'est qui, Mike Tyson ? demanda Zoubida.
Richard et Yannick se regardèrent, tous deux conscients qu'ils appartenaient à une autre époque.
- C'est l'heure de manger. J'ai une grande annonce à vous faire.
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LA JEUNE FILLE ET L'ISLAM
Ficción GeneralUne jeune fille née dans une France transformée, où l'islam est devenu la force dominante découvre que son destin est intimement lié à celui de son pays.