30 Septembre 2053.
- Zoubida? Tu m'entends? Docteur! Docteur ! Je crois qu'elle se réveille!
Cette voix, Zoubida ne put la reconnaître. Ses sens semblaient s'embrouiller, la rendant incapable de retrouver pleinement le monde des vivants. Naviguant entre la conscience et le néant, elle sentit une douleur commencer à irradier depuis son épaule jusqu'au bout de ses doigts. L'écho de la blessure qu'elle s'était elle-même infligée résona en elle et éveilla ses sens endoloris.
Elle voyait maintenant où elle était, allongée dans un lit d'hôpital, et elle sentait une main tenant la sienne. Zoubida fit un effort surhumain pour tourner la tête en direction du propriétaire de cette main.
Le centre de sa vision avait encore du mal à faire le point, mais elle put reconnaître Guillaume.
Assis à côté du lit, ses yeux verts, son sourire et la légère pression de sa main sur la sienne permirent à Zoubida de sentir que son cœur fonctionnait encore.
Alors qu'elle s'apprêtait à parler avec Guillaume, un homme entra dans la chambre brusquement.
- Bonjour Madame Saïdi, je suis le docteur Lakhdari, comment vous sentez-vous ?
- J'ai mal, répondit Zoubida avec une voix à peine perceptible.
- Votre épaule ?
- Oui, dans tout le bras.
- Rien d'anormal vu la situation, le couteau était planté très profondément, vous avez eu de la chance, l'artère sous-clavière n'a pas été touchée mais il vous faudra un peu de temps et de rééducation pour retrouver 100% de votre mobilité. Pour la douleur, je demanderai aux infirmières si nous avons un peu de morphine, mais je ne peux rien vous garantir.
- Ce n'est pas grave, j'ai connu pire.
- Bon, je vous laisse émerger tranquillement et je reviens pour vous ausculter d'ici quelques minutes.
Le docteur Lakhdari sortit de la chambre aussi vite qu'il y était entré.- Ça va aller ? demanda Guillaume avec une voix pleine de douceur et de bienveillance.
- Je suis vivante, c'est tout ce qui compte. J'ai bien cru que ce cambrioleur allait me...
- Pas la peine de jouer la comédie avec moi. Mon père m'a parlé de votre conversation dans le bunker. Je sais qu'il t'a demandé de tuer Kader.
Au moment où elle entendit ces mots, Zoubida se mit à sangloter. Savoir qu'elle n'aurait pas besoin de mentir à Guillaume lui permit de lâcher prise.
- C'était horrible, Guillaume, tout ce sang, j'ai cru que je n'y arriverais pas.
- Tu as été super courageuse.
- Et qu'est-ce qui s'est passé ? Je me suis évanouie dans le lit, j'ai cru que j'allais mourir.
- Apparemment, Leïla vous a découvert, elle a appelé les secours. Ils ont cru que tu allais y passer, mais ils ont réussi à te sauver. Tu es restée dans le coma pendant 11 jours.
- 11 jours ? Et tu étais là tout ce temps ?
- Je venais dès que je pouvais. Mon père connaît bien le directeur de l'hôpital, alors ils m'ont laissé venir dormir ici chaque nuit.
- Je suis heureuse que tu sois là. La dernière personne que j'ai vue avant de perdre connaissance, c'était Kader...
- Tu as bien fait, ne culpabilise pas pour ce que tu as fait.
- Je ne culpabilise pas. Il méritait encore pire. J'espère qu'il est en train de brûler en enfer. Et pour la police ? Tu sais ce qu'ils disent ?
- D'après mon père, la police privilégie la piste du rôdeur ou d'une vengeance de la part de personnes avec qui Kader avait eu des embrouilles. Je pense qu'ils vont quand même venir te poser des questions. Réponds de la manière la plus sincère possible et tout ira bien. De toute façon, on vient te chercher avec mon père demain.
À cet instant, une infirmière entra dans la chambre suivie par le Docteur Lakhdari.
- Jeune homme ? Vous pouvez nous laisser un petit moment, nous avons besoin de nous assurer que votre amie va bien.
- Oui, pas de soucis, je vais aller prévenir mon père.
Guillaume se leva et sortit de la chambre. L'absence de sa main sur celle de Zoubida semblait encore plus douloureuse que les blessures qui l'avaient menée jusqu'ici.
VOUS LISEZ
LA JEUNE FILLE ET L'ISLAM
Fiksi UmumUne jeune fille née dans une France transformée, où l'islam est devenu la force dominante découvre que son destin est intimement lié à celui de son pays.