Episode 8 - ... finit toujours par se brûler.

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Venus la chercher au saut du lit, les Gardes guidèrent Terza jusqu'au terrain d'entrainement. Le trajet se révéla troublé par plusieurs citoyens qui reconnurent la jeune femme et la couvrirent sans vergogne d'insultes. L'un d'eux, un homme aux tempes grisonnantes, la qualifia de honte suprême pour la mémoire de tous ceux morts pour Novarion, malgré la vaine tentative de sa femme de le raisonner. L'étudiante crut l'entendre dire qu'elle n'était pas responsable de la mort de leurs fils et s'excusa poliment auprès d'elle après que les soldats ait évacué son époux. Sa mère l'avait livrée à la vindicte populaire. Partie de son châtiment ou non, l'altercation avait blessé la jeune femme. Et si Grazia avait raison ? Et si elle se contentait de reconnaître son erreur et de suivre la voie tracée pour elle ? Sa vie serait-elle plus simple ? Différente, certainement, mais certainement pas plus facile. Terza chassa l'idée en secouant la tête. Elle refusait de laisser le doute s'instiller dans son esprit. Elle ne pouvait plus reculer. De toute façon, elle ne le souhaitait pas.


Le vestiaire lui parut si grand et inquiétant sans son agitation habituelle. Si les rires de ses camarades parvenaient à habiller les lieux d'ordinaire, leur absence les rendait sinistre. Elle les entendait encore, de même qu'elle sentait la sueur qu'ils avaient versé si régulièrement. En ouvrant son casier, Terza jaugea l'uniforme militaire qui l'y attendait. Un ensemble d'épaulières, gantelets et jambières brillants reposaient sur un pantalon crème parfaitement repassé, au dessus duquel était suspendue une veste de combat tout aussi impeccable. Le tout contrastait avec les badges élémentaires accrochés au dessus de l'étoile élémentaire brodée au niveau du coeur. Les insignes affichaient les déformations que la jeune femme devinait dues à son brasier. Un parfait petit soldat , se lamenta-t-elle.


Alors qu'elle faisait les cent pas, une vague de questions s'abattit dans son esprit: Quel était le sens de tout ça ? Qu'allait-il se passer une fois la porte franchie ? Tout semblait avoir été préparé dans les moindres détails. L'épreuve qui la guettait risquait d'être terrible. - Sois forte, se répéta la convalescente. Pour eux.


Les paroles prononcées, elle convoqua ses esprits. La sphère pâle de Zun contracta ses épaules, l'orbe aqueux d'Asu l'éclaboussa d'une poignée de gouttes fraîches. Au creux de sa main, la lueur infime de Vermi s'estompa presque aussitôt, laissant derrière elle qu'un froid désagréable. La jeune femme refoula une montée de larmes en serrant son poing désespérément creux. Elle sangla son gantelet d'un geste brusque, espérant que la douleur distraira son esprit de l'absence de son compagnon. Elle attacha ses mèches d'ébène avant de partir à la quête du miroir. Elle s'en doutait mais fut quand même déçue de voir ce qu'il lui reflétait: la digne héritière de sa mère, que même les paternelles prunelles azurées ne brisaient plus une fois l'armure revêtue. Aussitôt, la magicienne défit le chignon et laissa ses amples boucles encadrés son visage. Un léger sourire satisfait ornait ses lèvres fines. Quoi qu'il allait arriver, elle serait elle-même au cours de cette épreuve.


Les minutes s'égrainèrent tandis que Terza trépignait de nervosité. Elle souffla un grand coup, se frappa dans les mains, fit rouler son épaule encore endolorie. L'articulation grinça sous l'effort, lui arrachant un petit rictus qu'elle ignora, celui-ci étant plus faible qu'elle ne le supposait. Les boules élémentaires retournèrent dans leurs pierres qui commencèrent à pulser faiblement. L'escorte toqua, mettant fin à l'interminable attente.


- Il est l'heure. Prête ?


Non, voulut-elle lui répondre, mais est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Elle se contenta d'un hochement de tête approbateur avant de le suivre. Seul le tintement métallique de leurs armures les accompagnait alors qu'ils pénétrèrent sur le terrain. La tribune accueillait un faible nombre de visiteurs. Terza reconnut le teint hâlé du Consul de South Quarter et son habillement particulier, mêlant la mode désaturée de Novaria, à celle des régions par delà la mer, reconnaissable aux accents vifs des entrelacs. L'homme contrastait fortement avec la Flamme d'Acier, dont la cape blanche claquait au vent. Son armure argentée accrochait les rayons du soleil, sublimant sa conception avant tout pensée pour le combat. Au côté des dignitaires, Monsieur Chao ressemblait à un enfant ayant volé la chemise de son père. Le concierge était avachi sur lui-même. Ses frêles épaules disparaissant dans l'ample tissu bleu aux motifs océaniques. Terza resta coite en apercevant son vieil ami. Quand elle croisa son regard, il le détourna instantanément.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 09 ⏰

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