5. Le chef de la Fraternité Parjure

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Ils chevauchaient depuis plusieurs heures. La forêt était dense et sombre, et une atmosphère oppressante les enserrait, lui et ses compagnons. Il éprouvait même un brin d'appréhension.
Je dois être fort. Je suis la seule chose assurant la cohésion de ce groupe. Il partit en avant, plantant là sa Fraternité. Les Parjures, peuh. Ce sont euh les parjures. Ils trahirent le roi qu'ils avaient juré de servir, et ils lèchent maintenant les bottes de ce satané vantard de FierCor. Lorsqu'il prendrait la succession des rois draconiques, il ferait exécuter tous ces traitres, un par un.
Mais voilà que nous arrivons. Debout sur la colline qui surplombait la ville d'Heimskr, il pouvait l'observer sous toutes les coutures.
Le seigneur s'est retiré, ne laissant en arrière que les bleus, les malades et les vieux. Encore un fruit juteux à portée de main. La ville était réputée pour la prospérité apportée par ses mines d'argent. Ces mines et tout leur contenu seront bientôt à nous, la Fraternité Parjure.
Toute son armée, bandits, vagabonds ou soldats resté fidèles au vrai Roi, se trouvait là. Son écuyer lui donna son cor de guerre, un engin colossal, dont la légende disait qu'il était en os de dragon. Blanc, cerclé de fer gravé de runes antiques, il faisait sa fierté.
Et il sonna.
L'appel fut grave, sans interruption, et parut durer une minute, une heure.
Dès qu'ils l'entendirent, ses guerriers se lancèrent à l'assaut de la ville. La bataille fut courte mais violente. Il avait donné des ordres, les tueurs de civils seraient pendus, les violeurs châtrés.
Certains s'y essaieront tout de même.
Sur le parvis de ce qui avait servi d'hôtel de ville à Heimskr, il fit un discours, puis les richesses amassées pendant la mise à sac furent posées à ses pieds, et il accorda grâce à ceux et celles qui s'étaient rendus.
Ils étaient somme toute victorieux, une fois de plus.
Le royaume nous appartiendra.
Le soir, ils firent la fête dans le château de Lord Hakon, parti en campagne contre eux, ancien propriétaire de la ville et des terres environnantes.
Il ne se doute même pas de ce qui l'attend. Il pense être plus malin que nous, nous prendre à revers.
Il était plongé dans ses pensées quand, soudain, un appel retentit
«Seigneur ! Une armée avance vers nos portes ! Ils n'ont pas répondu lorsque nous avons tenté de leur parler !»
Dagon des Tertres, chef de la Fraternité, soupira et se leva, allant accomplir ce qu'il considérait comme son devoir.

L'Agonie des Royaumes - Livre I : Le DéclinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant