Chapitre 9

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Je le déteste, je sais bien que je n'étais pas désiré, je le sais. Ma mère m'aimait, mais plus je grandissais, plus je ressemblais à mon père, et moins elle m'aimait. Elle ne venait plus me voir, alors qu'on vivait dans la même maison, et elle ne me regardait plus dans les yeux.

- Je ne veux pas de lui non plus ! Chuchotait ma mère à mon père.

- Georgina ne veut pas de lui, et puis elle est enceinte, nous attendons des jumeaux. Répondit-il.

- Chut ! Il va t'entendre ! Et moi ? J'ai un nouveau travail, tu crois quoi ? Décréta-t-elle les yeux remplis de dégout, mon père soupira.

- C'est aussi ton enfant je te rappelle !

- J'étais consentante peut-être ? Répondit amèrement ma génitrice.

Voilà l'immonde réalité, je n'étais le fruit que d'un viol, non désiré, pas aimé. Je ne suis qu'un lourd point. C'est ce que je devrais penser ? M'apitoyer sur mon sort et dire à tous à quel point ce monde est noir, pourtant, je ne ressens rien de tout cela, c'est un fait oui, mais je n'ai qu'une seule envie ; crier. Juste crié, laissé toute ma frustration sortir d'un coup.

Pourquoi devrions-nous recevoir les conséquences des erreurs de nos parents ?

***

- Vous enterrez quelqu'un ? Demanda ironiquement Nathanaël au petit-déjeuner. Il est vrai que les deux filles avaient les yeux rouges et gonflés et d'énorme cerne, Astéria avait attaché ses cheveux en queue-de-cheval afin que personne ne voie ses cheveux en pagaille, même s'il était coiffé. Mais Ilithyia n'en avait rien à faire de ce qu'on pouvait penser de ses cheveux, c'est sûrement la dernière de ses occupations.

- Ah ah, tu es si drôle ! Rétorqua Astéria en fourrant un petit pain dans sa bouche. Gabriel, qui n'avait pas parlé de tout le long, leva sa tête vers la brune en se raclant la gorge.

- Mauvaise nuit ? Interrogea-t-il, elle secoua positivement la tête en souriant légèrement. Gabriel est si gentil, se dit-elle. Le noiraud hocha la tête et lui passa tous ses plats préférés dans son assiette, afin que cela lui remonte le moral.

Une fois le petit-déjeuner fini, les jeunes se dirigèrent vers le jardin. Traversant les couloirs tous ensemble, c'était devenu une habitude, ils se comprenaient tous sans dire un mot.

- Et toi ? Demanda Ilithyia a son ami, le noiraud planta ses yeux gris dans les siens et fronça les sourcils. Je veux dire, tu ne parles jamais de toi, continua-t-elle en se frottant le bras gêné. Il s'arrêta brusquement, et Ilithyia à son tour fronça les sourcils. Il lui prit le bras, le serra légèrement afin d'avoir une petite emprise sur elle, et il courra dans la direction opposée. Qu'est-ce que tu fais ? Demanda la brune le sourire aux lèvres, elle passait des petits d'œil derrière pour regarder ses amis qui n'avaient absolument rien remarqué.

- Je te kidnappe, déclara-t-il en souriant, Ilithyia continua de le suivre, même si elle n'avait pas vraiment le choix au vu de la main qui serrait son poignet. Il finit par la lâcher devant la bibliothèque, les deux essouffler essayer de reprendre leur souffle devant la grande porte.

- Je, essayai de dire Ilithyia, mais quand elle vu le visage rouge de son ami elle ne put se retenir de rire, Gabriel la rejoignit dans son fou rire. Je n'en peux plus, souffla-t-elle.

- Excuse-moi, ça m'a pris subitement. Bafouilla-t-il, lui aussi en soufflant.

- Oh, tu kidnappes souvent des gens toi ? Demanda la brune avec ironie, un sourire bien présent sur son visage qui plut fortement à Gabriel.

- Non, uniquement toi. Répliqua-t-il un sourire malicieux, il enleva sa main de son poignet et prit sa main à la place. Il avança et la brune, ne perçut pas les rougeurs sur le visage de garçon. Ils entrèrent dans la bibliothèque, la bibliothécaire apparue de nulle part comme d'habitude et les enfants sursautèrent en même temps.

- Bonjour les enfants ! Ah, vous venez souvent vous ! S'exclama la rousse, toute souriante.

- Oui, c'est très reposant ici, mentit la brune, en vérité, c'était surtout parce qu'il n'y a personne que cet endroit les intéressait, à l'abri des regards, ils pouvaient dire tout et n'importe quoi. Ils pressèrent le pas afin d'éviter toutes les questions embarrassantes de la femme.

Une fois en bas, ils se dirigèrent vers l'étagère de leur rencontre au lieu de s'asseoir sur une des tables vides. Gabriel n'avait pas vraiment réfléchi à ce geste, mais il l'a fait. Il lâcha la main de la brune et s'assit contre la grosse étagère. Ilithyia suivit le mouvement et s'assit à ses côtés, elle tourna sa tête vers lui et le fixa, ses bras entaient posés sur ses genoux et il se triturait les doigts, nerveusement. Quant à la fille, elle était en tailleur et tirait sur sa jupe afin qu'on ne voie rien, elle plissait sa jupe et toucha doucement son collant. Après quelques secondes de silence, les deux se regardèrent dans les blancs des yeux, et Gabriel fini par souffler et regarder ses mains.

- Mon père est un con, dit-il sèchement, il se tourna vers Ilithyia, ses yeux étaient écarquillés et à ce moment elle ressemblait à un poisson, Gab sourit. Désolé, c'était grossier, la fille secoua la tête et l'incita à continuer. Je n'ai pas été désiré dès ma naissance, mes parents ne pensaient pas à moi comme un enfant, mais plus comme un héritier. Mon père avait épousé ma mère de force et passait son temps à lui faire du mal. Il y a 4 ans, mon père a trouvé une nouvelle femme et la mit en cloque alors ils ont divorcé. Il respira quelques secondes en chuchotant un « ça craint hein ? ».

- Je vois, tu le vis comment ? Et tu vis chez qui désormais ? Demanda Ilithyia en parlant doucement, elle lui prit sa main et la serra, le garçon lui sourit et serra sa main lui aussi.

- Je m'y suis fait, personne ne voulait de moi alors ils m'ont laissé chez mon oncle et ma tante, Nath et moi avons été élevé comme des frères. Et l'amour de ses parents à mon égard était inconditionnel, alors ils ont remplacé quelque part dans mon cœur la place de mes parents.

- Tu es courageux Gabriel, vraiment. La brune commençait à pleurer. Je suis désolé, dit-elle en lâchant la main de Gab afin de cacher son visage.

- Pourquoi tu te caches ? Demanda-t-il en prenant délicatement les mains de la fille, il sourit en voyant qu'elle pleurait, pourquoi tu pleures au juste ? Elle secoua la tête négativement, et Gabriel était un peu perdu, comment pouvait-on être au point touché par une histoire ? Rah, arrête de pleurer sinon je vais pleurer aussi ! Déclara-t-il, ce qui fit stopper les larmes de la jeune fille.

- Désolé. Dit-elle simplement, le garçon posa sa main sur la tête d'Ilithyia et lui frotta les cheveux doucement. Et, sans vraiment comprendre, elle le prit dans ses bras brusquement, se jetant sur lui, Gabriel perdit l'équilibre. Il se redressait avec ses coudes au départ, les bras d'Ilithyia autour de son cou, le garçon se redressa d'une main au sol et l'autre à frotter son dos.

C'était la première fois qu'une personne lui faisait un câlin, peut-être même qu'on s'approchait de lui à ce point. Personne n'avait été aussi proche de lui, c'était... Agréable ? Il resserra son étreinte, c'est à ce moment qu'Ilithyia se rendit compte que Gabriel n'avait jamais grandi. Il avait beau joué les dures, de dire que ça ne l'importait peu, au fond, il restera cet enfant rejeté et blessé.

Love is like a butterflyWhere stories live. Discover now