Chapitre IV - Partie 3

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Samedi 1er mars 2015, je présume... aux alentours de 18h 30.

Le barman chauve à la barbe fournie préparait un café quand Ticia entra dans la boutique.

-  Bonsoir ! salua-t-il.

Elle lui répondit d'un hochement de tête avant de s'installer. Comme précédemment, elle attendit une dizaine de minutes après l'heure du rendez-vous. Ticia, systématiquement à l'heure se demanda si le mal inverse ne rongeait pas Noor. Peut-être souffrait-elle de retard chronique.

- S'il te plaît, tu veux bien essayer d'arriver à l'heure, la prochaine fois ? grinça-t-elle lorsque Noor la rejoignit. Quand les gens sont toujours en retard, j'ai l'impression qu'ils se fichent de me faire perdre mon temps.

Noor afficha un sourire gêné. Elle tira la chaise devant elle pour s'y assoir, puis entortilla nerveusement une tresse autour de ses doigts. Elle perdit son regard sur ses mains.

- Désolée. Je ferai attention. Promis. Je veux pas te faire perdre ton temps.

Dans une tentative de noyer son embarras, Noor parlait de plus en plus vite. Sont filtre déjà lâche venait de sauter et les mots sortaient de sa bouche, hors de contrôle :

- En fait, c'est le contraire, poursuivait-elle. J'adore passer du temps...

Ticia l'interrompit en posant une main sur son poignet :

- Hé ! Ça va ! T'as dit que tu ferais attention et je te crois. Maintenant y a qu'à faire ce que t'as dit. Tout va bien.

Noor qui venait de lever le visage vers Ticia, se fendit d'un sourire. Puis, frappée de réalisation, elle écarquilla les yeux :

- T'as dit « la prochaine fois » ! Ça veut dire qu'on se reverra en dehors de la médiathèque ?

- Je retire ce que j'ai dit ! T'es insupportable !

Noor éclata de rire. Laetitia sortit Noirs présages de son sac à dos, et le tendit à Noor qui le lui échangea contre un regard malicieux :

- J'ai aussi quelque chose pour toi.

- Mais t'étais pas obligée !

- Mais j'en ai envie, assura Noor.

Lorsqu'elle se pencha pour récupérer un sac en papier, ses tresses coulèrent sur la table. Ticia les regarda onduler. Quelques perles y accrochaient la lumière pour la difracter en arc-en-ciel contre la surface du mobilier.

- Voilà ! claironna Noor en tendant le sac à Ticia.

La pochette portait le logo d'une marque de vêtements connue, mais le contenant ne ressemblait pas à du tissu. Trop dur et trop régulier, il devait s'agir d'autre chose. Ticia en tira une planche de bois sur laquelle des fils tissés entre des clous formaient une silhouette reconnaissable. On y voyait Ticia de profil, comme si son ombre tombait sur le bois.

- C'est de l'art filaire, commenta Noor. Ça te plaît ?

Ticia leva le menton vers elle et la regarda d'un œil rond. De nouveau, elle reporta son attention sur la planche, puis encore sur Noor.

- C'est toi qu'as fait ça ?

- Oui. T'aimes bien ?

- C'est incroyable ! Je savais pas que tu savais faire ça ! Merci. Il est à couper le souffle.

Le visage de Noor se barra d'un sourire plus grand encore :

- Merci ! Je suis contente qu'il te plaise ! J'adore faire ça. Je fais partie d'un collectif d'art. Bientôt, on a une expo. On aura chacun un stand et on exposera chacun nos œuvres. Ça te dirait de passer me voir ? C'est dans trois semaines. Le samedi 21 et le dimanche 22.

- Pourquoi pas...

Mon humeur de plus en plus lourde vira à l'orage. La tempête brouilla mes sens et le rideau tomba sur la scène. Mais n'allez pas croire en ma résignation, il me reste encore une carte à abattre. Et quel meilleur week-end alors, que celui du 21 au 22 mars ?

Noirs présages - Lorem ipsum IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant