𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓉𝓇𝑒𝒾𝓏𝑒

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"On peut tout quitter, sauf ses obsessions."

Charlotte, Davis Foenkinos, 2014


𝒥𝓈𝑒𝓊𝓁𝓉

Je m'arrêtai au pied de la maison dont l'adresse m'avait été donnée par Aurora quelques heures auparavant. Je jetai un énième coup d'œil au post-it sur lequel j'avais griffonné la rue et le numéro de la résidence. Une charmante baraque en périphérie de la ville, avec pas mal de vis-à-vis et collée à d'autres maisons... mais étrangement calme.

Chez Ezra Lazaridis, m'avait informé mon avocate favorite.

Une entrée de quelques marches en pierre barricadées par deux rampes en fer noir donnait sur un perron partiellement éclairé. La moto de Seth n'était pas là et j'avais garé la mienne à quelques rues plus loin, sous les consignes d'Aurora. Ne pas être remarquée. Rester discret.

Cette soirée avait été organisée dans l'urgence. La jeune femme refusait que nous parlions de la construction de mon nouvel alibi dans son bureau, ou chez moi. Elle refusait de prendre le risque qu'on soit entendu par les mauvaises personnes, ou tous vu à aller chez Seth, qui allait devenir ma couverture.

Alors, elle avait passé un coup de fil et avait désigné cette adresse.

La neige avait cédé sa place à une fine bruine. Quelques arbres dépourvus de feuillages s'élevaient derrière les résidences, depuis les rues au-delà de la ligne de bâtisses. Mon casque en main, une boite de macarons au chocolat dedans, je franchis les marches jusqu'au-devant de la porte marronne.

Il ne me restait plus qu'à toquer.

Ce que je fis après avoir vérifié que personne ne m'avait suivi.

Ma main de libre et le post-it trouvèrent refuge dans la poche chaude de ma veste de moto. L'autre continuait de se faire grignoter par le froid. Un fond de jazz s'élevait depuis l'intérieur et s'échappa quand la porte s'ouvrit. Je m'attendais à voir un homme, l'hôte des lieux. Mais la vision que j'eus me convenait amplement.

— Bonjour Murphy. Bien dormi ?

Nous nous étions quittées récemment, quand l'aube avait pointé le bout de son nez. J'avais fermé boutique au musée alors qu'Aurora était restée jusqu'au bout de mon service ; et pour organiser cette rencontre dans un lieu neutre et discret qu'était la maison de son ami, mais aussi parce qu'elle n'avait pas arrêté de me poser des questions sur les œuvres exposées. Pour entrainer à élargir ma mémoire, avait-elle confié plus tard.

Elle avait fini par accepter que je la dépose devant chez elle en moto...

Du moins... je ne lui avais pas laissé le choix.

— Petite nuit, mais ça va, répondit-elle. Entre, je t'en prie.

En passant devant elle, je ne me gênai pas pour la détailler de haut en bas. Et figée sur le tapis d'intérieur, j'eus le souffle coupé un moment.

Si elle avait remarqué ma réaction, elle n'en montra rien. Au lieu de ça, elle retourna dans la cuisine ouverte en m'invitant à entrer. Mais je n'écoutais plus...

Donc Aurora Murphy ne portait pas que des jupes crayon pour le travail...

Elle en avait revêtu une mi-cuisse en cuir marron accompagné d'un simple haut à manches longues et au col en V. Ses cheveux n'étaient pas étroitement tirés dans un chignon duquel s'échappait parfois une seule mèche... non, tout était lâché.

Elle était époustouflante. Comme d'habitude.

On se racla la gorge à l'opposé de la direction que je fixai.

𝐆𝐀𝐒𝐋𝐈𝐆𝐇𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant