Chapitre un

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Le soleil se lève sur la ville au moment où mes yeux s'ouvrent, une fois de plus. Toujours une fois de trop. Je n'ai jamais réellement compris le concept d'être heureux de commencer une nouvelle journée. Je n'ai jamais eu de raison de l'être. Les seules choses capables de m'arracher de mon lit, ce sont mes études. Je suis en dernière année de Psychologie à l'université de Denver. J'y ai déplacé il ya trois ans. Avant ça, je vivais avec mon petit frère, Roy, et celle que j'appelais ma génitrice. Elle n'a jamais été présente pour moi, je n'ai jamais compté à ses yeux, elle ne gardait un lien seulement pour blanchir son image de mère parfaite aux événements sociaux. Quant à mon père, celui-ci n'a jamais pointé le bout de son nez, je ne connais même pas son prénom. J'ai longtemps cherché à comprendre pourquoi. Étais-je le problème ? Maman n'a toujours aimé que Roy, il est son essence, sa raison de vivre. L'université m'a certainement sauvé la vie.                          

      — Merde, cracha-je lorsque je vis l'heure. Je vais être en retard en cours. J'attrapai mon téléphone et appelle Vic, ma meilleure amie.

— Toi t'es encore en retard ! Ria-t-elle en décrochant.

— J'étais perdu dans mes pensées, je n'ai pas vu l'heure passer.

       — Ouais, comme d'hab ! Allez bouges-toi Rose sur une conférence ce matin ! Dit-elle avant de raccrocher.

Vic est la seule personne sur cette terre à me connaître aussi bien. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années, lors de mon entrée à l'université. Elle, un grand ici, à Denver. C'est elle qui m'a fait découvrir cet endroit dans lequel je me sentais si tranquille. Je ne la remercierai jamais assez pour tout ce qu'elle m'apporte au quotidien. Elle est très studieuse, mais ne s'empêche pas pour autant de faire la fête presque tous les soirs, je ne m'ennuie jamais avec elle. Denver est ma ville.
Mais ce que je ne savais pas, c'est que ma ville bien-aimée tombait entre les mains de la mafia russe. Une ombre noire est tombée sur nos rues, corrompant tout sur son passage.

...

— James sera à la soirée ce soir, je mets quelle robe ? La blanche ou la rouge ? Demanda-t-elle en m'extirpant de mes pensées.

— Le blanc c'est peut-être un peu trop pur pour toi, non ?

— Oui, tu as raison. La rouge m'ira mieux, et toi tu portes quoi ?

— Je ne sais pas, j'irai sûrement voir après le cours de Mr Tinker, on va ENCORE s'engueuler et je sens que le shopping va ENCORE être ma thérapie.                                   

Quelques heures plus tard

— Ce prof est vraiment stupide, dis-je en claquant la porte de l'amphithéâtre.

— Arrête Rose, vous n'avez juste pas la même façon de voir les choses ! a répondu Vic.

— Il ne sait même pas de quoi il parle.

Le cours d'aujourd'hui portait sur la psychologie sociale, nous y avons beaucoup parlé de l'impact de l'éducation d'un enfant sur son rapport aux autres, un sujet que je ne connaissais que trop bien. Je n'ai pas vraiment de souvenirs de mon enfance, avant que Roy n'arrive. Je me souviens seulement de ma chambre d'enfance, elle qui renfermait tant de secrets, tant de douleur, de peur et de désespoir. Mon professeur, lui, insistait sur le fait qu'un enfant n'ayant eu aucune forme d'éducation, finissait nécessairement dealer, tueur en série, ou sdf. M'efforçant, en vain, de lui expliquer le contraire, celui-ci a préféré mettre fin au cours, plutôt que de m'écouter. Je le détestais. Vic roule des yeux, puis s'en va vers notre prochain cours, auquel je ne compte vraiment pas assister. J'ai des achats plus importants à faire donc je me mets en route vers le centre-ville.

— ROSE !!! Cria une voix que je pouvais reconnaître entre mille.

— White, dis-je d'un ton faussement joyeux. Le bouffon de ma meilleure amie. Mais bon c'est le seul qui la respecte, alors pas trop le choix. Tu veux quoi ? Exigez-je en haussant un sourcil.

— Je sais que tu viens à la soirée avec Vic ce soir... et...

— Dépêche, je n'ai pas que ça à faire, le coupais-je.

— Je voudrais proposer à Vic de sortir... t'aurais pas une idée du date parfaite par hasard ?

— Emmène là au cinéma, dis-je en lui tournant le dos. Et ne lui fait pas faux bon à la dernière minute. Ce sera déjà mieux que ce que les autres ont fait.

James me remercie, tout sourire.

— Écoutes-moi bien James, si je vois ne serait-ce qu'un semblant de déception ou de tristesse sur son visage, tu peux dire adieu à ta virilité, pouffais-je avant de me retourner et continuer ma route.

James à l'air sympa et assez droit dans ses paniers. Mais malheureusement pour elle — et pour moi —, Vic a toujours mal choisi ses mecs, le dernier en date a failli me coûter la fin de mes jours en prison (et pas mal de pots de glace...).

La sonnerie de mon téléphone retentit lorsque je passe enfin le pas de ma porte, exténuée de cet après-midi à chercher la robe « parfaite ». Un sourire s'étira alors sur mes lèvres lorsque le nom de mon petit frère s'afficha sur le téléphone.

— Tu te souviens enfin de ta sœur, petit ingrat ? Ça fait plus de deux semaines que j'ai plus de nouvelles ! Dis-je en décrochant.

— Bizarrement j'allais te dire la même chose, répondis une voix qui me fit frissonner.

Putain encore elle...

— Moi qui espérait passer un bon moment... En quoi puis-je t'aider Maman ?

— Je m'inquiétais simplement pour ma fille qui ignore mes appels depuis quelques semaines.

— Depuis quand tu te soucies de moi ? (C'est bien nouveau ça). Tu n'as pas besoin de te faire de soucis je vais très bien, merci de ton appel, dis-je en raccrochant.

Ma mère ne m'appelle jamais, sauf lorsque mon rôle de progéniture était requis. Elle voulait sûrement que je l'accompagne dans une de ces soirées mondaines pour me demander de jouer la fi-fille parfaite. Dommage pour toi maman, ma soirée s'annonce beaucoup plus fun que la tienne.

Appartement de Rose et Vic, 21h13

Vic est rentrée peu de temps après moi, et assisté à l'appel de ma mère. Vic ne la connaît pas, et je préfère que cela reste ainsi. Seulement, elle seule sait ce qui s'est passé lors de mon enfance. Les coups, les cris, les pleurs... Tout. Dans les moindres détails. Elle est, d'une certaine manière, mon journal secret, et elle sait toujours comment me changer les idées.

— TADAAAAM ! Alors tu en penses quoi ?

Elle surgit de la salle de bain, arborant une robe en soie rouge qui laisse deviner le haut de ses jambes ainsi que la courbe de ses hanches, le bustier exhibant le haut de son corps. Elle est sublime, comme toujours.
Elle coupera très certainement le souffle de White.

— Cette robe a été cousue pour toi, dis-je en esquissant un sourire.

— À ton tour Nikolski, répondu-elle.

Je levai les yeux au ciel avant de m'exécuter, puis ressorti de la salle de bain, quelques minutes plus tard, avec une robe pour le coup inédit. Une robe sirène de couleur écru, et non noire, comme à mon habitude. Ce qui n'échappa pas à Vic dont les yeux semblent sur le point de quitter leurs orbites.

— Waouh. Pour une fois que tu acceptes de porter de la couleur, je dois avouer que tu m'impressionne Rose,

— Merci Johnsonn, mais ne pense pas que cela arrive souvent. Je n'ai juste pas eu le temps de faire une énième lessive de noir, pouffais-je en me retournant.

J'enfile mes chaussures et nous prenons alors la direction de notre lieu de débauche, pour une soirée des plus mémorables.

Succession [ EN COURS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant