Succession [ EN COURS ]

Chapitre onze

Le cours de défense est enfin terminé.
Mes muscles sont encore tendus, une fatigue agréable se répand dans mon corps. Gianni, silencieux comme à son habitude, s'essuie le front avec l'arrière de son poignet.

— James et Vic sont au restaurant avec des clients de James. Il dit cela sans me regarder, en rangeant ses affaires dans son sac. Je te dépose là-bas.

Sa voix est rude, comme s'il ne proposait pas vraiment. Un ordre déguisé en suggestion. Quand je vous dis qu'il est lunatique.
Je hoche la tête, un peu hésitante.

— Des clients ? Mais James n'est pas étudiant ? dis-je, étonnée.
— Si, mais il gère aussi l'entreprise immobilière de ses parents.
— Et tu ne reste pas ?

Il me jette un coup d'œil rapide, ses sourcils froncés comme s'il s'agissait d'une question stupide.

— Je n'aime pas ce genre de formalités.
Gianni tout craché. Pas un mot de trop.
J'attrape ma veste et le suis dehors.

Le trajet en voiture se passe en silence, comme souvent. Il fait sombre dehors, les lumières de la ville s'étirent à travers les vitres embuées. Gianni, concentré sur la route, ne dit rien, et moi non plus. Mais curieusement, ça ne me dérange pas. Le silence avec lui n'a jamais été inconfortable. Il y a quelque chose de rassurant dans sa présence, malgré son air constamment grincheux. Je me demande parfois ce qu'il pense, ce qui se cache derrière cette façade de dureté. Il finit par se garer devant le restaurant, un endroit chic que je reconnais immédiatement. Les lumières chaudes à l'intérieur contrastent avec l'obscurité de la rue. Gianni éteint le moteur, mais ne bouge pas tout de suite. Il reste un instant immobile, les mains sur le volant, les yeux fixés droit devant lui.

— Je ne resterai pas longtemps, dit-il finalement, comme s'il se justifiait.

Je souris doucement, le fixant du coin de l'œil.
Il me lance un regard noir, mais je peux voir l'ombre d'un sourire en coin sur ses lèvres. Très furtif, mais il est là.

— James sait que je n'aime pas ce genre de dîner. Sa voix est basse, presque grognon. Mais je t'accompagne. Juste pour m'assurer que tu arrives à bon port.

— Bien sûr, je murmure en ouvrant la porte de la voiture. Toujours le héros.

Il ne répond pas, mais je sens son regard sur moi alors que je descends de la voiture. Il finit par sortir lui aussi, et nous nous dirigeons vers l'entrée du restaurant. À l'intérieur, le restaurant est bondé. Les tables sont occupées par des clients en habits chics, plongés dans des conversations animées. Je repère rapidement James et Vic à une table un peu à l'écart, entourés de deux hommes en costumes élégants, probablement les fameux clients dont parlait Gianni. Vic agite la main en nous apercevant.

— Rose ! Gianni ! crie-t-elle à travers la salle, au grand désarroi de James qui lève les yeux au ciel avec un sourire amusé.

Nous approchons de la table. Vic est resplendissante comme toujours, un verre de vin à la main et un sourire éclatant aux lèvres. James, assis à côté d'elle, a l'air plus détendu, mais concentré sur ses discussions avec les hommes assis en face.

— Enfin vous voilà ! s'exclame Vic en se levant pour m'embrasser sur la joue. Elle se tourne vers Gianni avec un sourire provocateur. Gianni, tu restes avec nous, hein ?

Il grogne en réponse, haussant un sourcil avant de s'installer à contrecœur à côté de moi. Je sens la tension dans ses épaules, comme s'il était déjà prêt à fuir à la première occasion. La conversation reprend autour de la table. Les clients parlent affaires, un mélange de termes techniques et de stratégies commerciales qui me dépassent un peu. Vic, quant à elle, m'observe avec ses yeux malicieux.