Chapitre deux

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La soirée battait son plein dans l'immense maison des White. Les lumières surgissent de part et d'autre du salon principal, illuminant ainsi les visages encore inconnus des invités. La musique, aussi entraînante qu'elle puisse être, me donne instantanément la migraine. Bien évidemment, mon seul remède, une téquila paf. Et Vic, comme à son habitude l'avait deviné, puisqu'elle se rapprocha de moi, un verre dans chaque main, arborant un sourire que l'on pourrait presque qualifier de machiavélique. En me tendant mon verre, elle chuchota au creux de mon oreille ;

— Je vais essayer de trouver James, je compte sur toi pour ne pas t'ennuyer. Écris-moi si tu trouves une proie, dit-elle en riant, avant de tourner les talons en direction de l'étage.

Je me trouvais seule, au milieu de cet endroit qui, ce soir, accueillait le plus grand nombre des étudiants du campus, tous aussi alcoolisées les uns que les autres. Cherchant à me fondre dans la masse, je me dirige alors vers le bar, afin d'entamer mon deuxième verre.
Les minutes semblaient des heures lorsque mon regard se perdit sur lui, adossé au fond de la pièce. Aussi envoûtants que paralysants, ses yeux bruns m'analysent lentement, s'embrasant en entrant en contact avec les miens. Il fait très chaud ici, non ?
Mon corps entier brûle, cette sensation est d'autant plus coriace que la musique fait presque vaciller la maison entière. Comme lui, fait vaciller mon âme toute entière à l'instant même. 
Je me figea de surprise lorsqu'il leva son verre en ma direction, semblant vouloir trinquer à notre solitude en cette soirée battant son plein. Par pure politesse, je levai mon verre en retour, tout en veillant à ne pas briser le contact visuel. C'est un jeu que j'aime beaucoup. Seulement, une main sur mon épaule mis fin à mon passe-temps favori. Vic à vraisemblablement retrouvé James, qui gît devant moi à la seconde où mes yeux se détournent de Monsieur Regard Noir.

— Beh alors Nikolski, tu joues les insociables ce soir ? Se moquait-il.

Alors que j'allais entamer ma réponse, Vic surgît de derrière lui, l'air furieuse. Je me demande bien ce que ce con de White avait pu faire pour la foutre en rogne.

— Rose, fais attention à qui tu fréquente. On ne connaît jamais réellement les gens, dit-elle l'air sérieux.

— De qui tu parles ? Je n'ai pas bougé de ce bar depuis que tu m'y as laissée, soufflais-je innocemment.

D'un coup d'œil, elle dirigea son regard sur lui, toujours adossé au mur, les yeux fixés sur nous. On dirait qu'il n'a pas bougé d'un poil depuis tout à l'heure. Il affiche un léger rictus alors que nos regards se croisent encore. Le jeu a l'air de lui plaire autant qu'il me plaît. Cet homme dégage une aura particulière, je ne sais pas ce qui le consume, mais une chose est sûre, ce n'est pas une partie de plaisir pour lui.

— Rose, je te parle, reprend Vic d'un ton sec.

— Je suis grande Vic, je n'ai pas besoin d'une mère, j'en ai déjà une qui me donne des envies de meurtre. Ne t'inquiète pas pour moi, je ne suis pas en sucre, soupirais-je, l'air remonté.

J'adore Vic de tout mon cœur, mais sa fâcheuse tendance à me materner me fait sortir de mes gonds.

— Les filles détente, pas de bagarre ce soir ! Ria James pour détendre l'atmosphère.

— Oui désolée, je ne voulais pas que tu le prennes mal, je m'inquiète seulement pour toi. Me dit Vic en baissant les yeux.

— Ce n'est pas grave, j'allais rentrer de toute façon. Je suis fatiguée. Soufflais-je en me retournant.

— Écris quand moi quand tu arrives, et ne m'oublie pas surtout. Tu sais, avec tout ce qui se passe en ce moment... répondit Vic en me souriant.

J'acquiesçai et me dirigeai vers la sortie. Une fois dehors, je m'empresse d'allumer une cigarette. Celles-ci ont le don de calmer mes angoisses en quelques secondes. Je ferme les yeux, sentant les légères gouttes de pluie tomber sur mes joues, et tire une bouffée, puis, en un instant, un léger rire rauque m'éloigne de mes pensées.

Succession [ EN COURS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant