Chapitre cinq

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Ainsi, la haine s'apaise. Après avoir passé plus d'une demi heure à l'ignorer, je me retrouve assise à ses côtés sur le toit d'une maison inconnue, à presque remettre ma vie entre ses mains.

— Bon, j'ai cru comprendre que ta mère était complètement folle, mais je n'ai jamais entendu parler de ton pè...

— Ne finit pas ta phrase s'il te plaît, l'interrompit-je

Surpris, des rides se creusèrent sur son front.

Il mime un recul.

— Tu sais, on ne choisit jamais sa famille, dis-je en esquissant un sourire.

Mon regard se porta vers lui, qui me fixait déjà, dans le silence le plus total.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demandais-je curieusement.

— Tu as souris, répondit en relevant doucement sa posture.

— Et donc ? Tu n'as jamais vu un sourire ?

— Ton cœur s'est brisé au moment même où cette phrase est sortie de ta bouche. Pourtant, tu souris, dit-il avec une voix douce.

A l'instant même, la seule chose que mon coeur ne faisait, c'était fondre sous son regard.

La douleur physique finit toujours par disparaître. Mais il y a des choses qui ne te quittent jamais, je vis avec, parce que ce sera toujours le cas.

Il ne répondit rien.

— Et les tiens ? Sont-ils aussi barrés que les miens pour que tu aies l'air si insensible ? Ou es-tu seulement consumé par autre chose ?

— Je ne peux rien te dire à propos de mon entourage,

— Je viens de te raconter une partie de ma vie, tu ne vas pas la jouer mystérieux quand même ? me moquais-je

Vu la gueule qu'il tire, je suis sûrement la seule à trouver ça marrant.

— Ok Gianni, j'ai deux questions à te poser, dis-je en me redressant.

— Très bien, seulement je ne répondrais pas si je juge ces questions trop "intimes".

Aucun problème, affirmais-je.

— Je t'écoute alors.

— Tu as vraiment volé cette bagnole ? Pour quelles raisons ? Tu as largement l'air d'en avoir dix comme celles-ci dans ton salon.

— Tu n'as pas tout à fait tort, dit-il en levant les yeux vers le ciel. Mais tu vois... je ne peux pas répondre à ta question.

— Et si je t'appelle Aiden, que me réponds-tu ?

— Couverture, mia Rosa.

Couverture ?

— Ne pose pas plus de question, j'en ai déjà trop dit. Tu as le temps d'apprendre tout ça. Tu le sauras bien assez vite.

Confuse, je décide de m'allonger sur le toit pour me laisser chatouiller par la légère pluie qui s'est formée quelques heures déjà auparavant. J'utilise ma main pour protéger mes yeux alors que ceux-ci sont directement rivés sur le ciel étoilé, notre seule source de lumière.

— J'ai toujours aimé me convaincre que je contrôlais la pluie quand j'étais enfant, dis-je après un moment de silence.

— Comment-ça ? demande Gianni en imitant ma position

— Je me persuadais que la pluie ne tombait que lorsque j'étais malheureuse.

— Et il pleut depuis le début, n'est-ce pas ?

Succession [ EN COURS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant