chapitre 5

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Castiel regardait le paysage filer à travers la fenêtre du car, ses écouteurs vissés dans les oreilles et la tête de Lysandre reposant sur son épaule. Ce dernier était plongé dans un sommeil profond, et le rouquin n'était pas le moins du monde gêné de lui servir d'oreiller. Lysandre et lui étaient amis depuis des années, après tout.

De plus, il n'avait jamais réussi à comprendre pourquoi deux hommes ne pouvaient pas être proches physiquement sans que cela soit vu comme ambigu. Cela se faisait entre filles, pourquoi pas entre garçons ? Toujours est-il, il commençait à avoir mal à l'épaule et ne fut pas mécontent lorsqu'il constata que le car ralentissait pour aller se garer près d'une forêt. Il tapota légèrement la tête de son meilleur ami pour le réveiller.

- Lysandre. On arrive.

Ce dernier commença à s'agiter un peu pour relever sa tête, les yeux encore mi-clos. Il était complètement décoiffé, ce qui amusa Castiel. Il en rajouta en lui ébouriffant les cheveux. Son ami tenta d'échapper à son geste, non sans un certain amusement.

- Arrête ça, lui dit-il avec un sourire.

Le car se stoppa complètement cette fois-ci et ses passagers commencèrent à se lever, surexcités.

- DU CALME, brailla Madame Delanay. Descendez dans le calme.

Immédiatement, tout le monde se calma. C'était « l'effet Delanay », comme Castiel se plaisait à définir l'autorité naturelle de la professeure de physique-chimie. Lysandre derrière lui, il suivit le mouvement et sortit du car. Le rouquin regarda autour de lui, et même s'il ne l'avouerait jamais, le paysage était magnifique. La forêt était constituée de chênes dont le vert puissant des feuilles attirait le regard, et l'on pouvait voir au bout du chemin un lac d'un étonnant bleu turquoise.

Dans un calme relatif (encore l'effet Delanay), les élèves commencèrent à sortir leurs affaires de la soute. Castiel en fit, de même, tout en repensant à sa guitare qu'il n'avait pas eu l'autorisation d'emmener. Cela eut pour effet d'entacher son humeur : avec ça, il aurait eu de plus chances de séduire. Il allait donc compter sur son charisme et sa grande modestie. Son sac sur l'épaule, il partit en direction du camping en traînant les pieds. Le camping en question était situé juste à côté du lac, et sa propriétaire les accueillit avec...très peu d'enthousiasme. Son visage austère et ses manières guindées ne collaient pas du tout avec l'image que l'on pouvait se faire d'une propriétaire de camping. Si Castiel n'avait pas eu un sérieux problème avec l'autorité, il l'aurait qualifiée de terrifiante.

- Bonjour à tous, s'exclama-t-elle d'une voix aiguë qui agaçait déjà notre rebelle. Je suis Sylvia et je suis possède le camping des Sympathiques Chênes depuis plus de dix ans maintenant.

Castiel lâcha un ricanement discret à l'entente de ce nom complètement en décalage avec l'énergie que renvoyait Sylvia, mais Lys lui donna un coup de coude qui l'arrêta instantanément. C'était bien la seule personne que le rouquin daignait écouter. Il se concentra de nouveau sur Sylvia qui continuait son blabla d'un ton particulièrement sec.

- Comme vous le savez déjà, vous allez être répartis dans des tentes. Elles peuvent quasiment toutes accueillir quatre à cinq personnes. Mais comme vous êtes nombreux, certains d'entre vous seront mis ensemble dans des tentes pour deux personnes. Je laisse vos professeurs vous annoncer les personnes avec lesquelles vous avez été groupés.

Ce fut Madame Delanay qui s'y colla. Évidemment, les désirs des élèves notés sur leurs formulaires avaient été respectés dans la mesure du possible. Castiel se retrouva sans surprise avec Lysandre, avec lequel il allait partager une tente pour deux personnes. Encore heureux, il n'aurait pas accepté de dormir avec quelqu'un d'autre, dans tous les cas.

Chaque tente ayant été attribuée, le groupe fut mené à celle dans laquelle ils dormiront pendant trois semaines. Arrivés devant la leur, les deux amis s'engouffrèrent à l'intérieur. C'était petit certes, mais leurs affaires rentraient et ils allaient pouvoir dormir de manière confortable. Lysandre s'assit directement sur le sol et sortit son carnet et un stylo pour griffonner.

- Déjà inspiré ? lui demanda Castiel d'un ton mi intéressé, mi amusé.

Son ami se contenta de sourire, tout en continuant d'écrire.

- Comment ne pas l'être lorsqu'on est entouré par un tel paysage ? répondit-il calmement.

Castiel s'assit à ses côtés en bougonnant.

- Oui, c'est vrai, admit-il non sans réserves. J'aurais aimé pouvoir embarquer ma guitare pour composer deux-trois trucs.

Lysandre se tourna vers lui.

- Tu sais, tu pourrais écrire des chansons toi aussi. On est un groupe, après tout.

Castiel médita sur ces mots pendant quelques instants. Son ami n'avait pas tort. Surtout qu'il ne pensait pas avoir un style d'écriture particulièrement mauvais. De plus, il en avait des choses à dire qu'il n'arrivait pas à verbaliser. Il se tourna vers le victorien.

- Vraiment ? s'enquit-il. Pourtant, c'est ton taff. T'as probablement pas envie de te le faire voler...

- Ça n'a rien à voir avec le fait de voler quoi que ce soit, répliqua Lysandre. Cela m'intéresserait de lire tes textes.

Le rouquin se tut pendant quelques secondes. Pendant ce laps de temps, le jeune homme aux cheveux gris arracha quelques pages de son carnet pour le lui tendre.

- Tiens. J'attends de lire tout ça. Ne doute pas de toi, Castiel. Tu en es capable.

Le rebelle lui sourit d'un air confiant et lança :

- T'inquiète. Je sais.

En vérité, non, il ne le savait pas. Il n'avait jamais écrit de paroles auparavant, se contentant de créer des mélodies qui se marieraient bien avec les mots de Lysandre. Mais Castiel tenait à son ego, et ne montra pas son hésitation lorsqu'il s'empara des feuilles qui lui tendait Lys. Il les contempla. Leur simple vue fit naître des dizaines d'idées dans son esprit. Des éléments de son passé, de son présent, ses aspirations et ses émotions enfouies.

Des souvenirs qu'il aurait préféré oublier aussi, peut-être. Cela allait être probablement dur de les exprimer, lui qui avait l'habitude de tout cacher ou d'extérioriser en étant violent. Il savait que ce n'était clairement pas la meilleure manière de le faire et loin d'être sain, mais c'était la seule chose qu'il connaissait. Comment faire autrement s'il avait toujours agit de cette manière ? Comment procéder lorsqu'exprimer toute pensée profonde le faisait se sentir faible ? Cependant, ces vacances hors de son cadre habituel pourraient peut-être changer la donne, qui sait... Il fallait juste essayer.

- On verra bien ce que ça donne, ajouta-t-il simplement.

Beaucoup de souvenirs

C'est trop intense

Trop de brouillard et peu d'intentions

Le cœur vaillant c'est l'essentiel

-Enter the Void, Zuukou mayzie et ELOI.

le dernier été - a castaniel fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant