chapitre 2

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Cela faisait bien longtemps que la salle des délégués n'avait pas été aussi remplie. Visiblement, l'annonce de la directrice avait eu l'effet d'une bombe sur les terminales du lycée qui tentaient tous de se presser dans la petite pièce, au grand désespoir de Nathaniel. Si ce dernier appréciait son rôle de délégué principal, il n'avait jamais vraiment compris pourquoi il devait parfois jouer le rôle d'un professeur informant ses élèves. Alors qu'il tentait de maintenir le calme, il ne put s'empêcher de s'agacer de l'absence d'aide de l'administration. Décidément, ce lycée avait grandement besoin d'une meilleure organisation.

L'avantage, c'était que les questions posées étaient pratiquement toutes les mêmes. « On va où ? » : près d'un lac à deux heures d'ici. « On dort où ? » : dans des tentes fournies par le camping qui accueille le voyage. « On doit payer quelque chose ? » : non, à part si vous voulez acheter des souvenirs ou autres. « C'est obligatoire ? » : non, mais ça serait bête de passer à côté d'un voyage gratuit. « On s'inscrit où ?» : tiens, voilà le formulaire à remplir et à rendre dans maximum deux jours. « Le nombre de places est limité ? » : oui, à cinquante pour des questions d'organisation. Premiers arrivés, premiers servis.

Nathaniel soupira, mais tâcha de garder son éternel sourire bienveillant tout en satisfaisant la curiosité de ses camarades de classe. Petit à petit, la salle commença à se vider, laissant un peu plus d'air respirable au délégué. Il faut dire qu'en plein mois de juin, la chaleur était assez étouffante dans la petite ville maritime d'Amoris. Quand il fut enfin seul, il desserra le nœud de la cravate qu'il avait décidé de porter en ce dernier jour en tant que lycéen. Un peu débraillé, mais nettement plus à l'aise, il s'assit sur une chaise pour contempler la salle des délégués qui était devenue son royaume trois ans auparavant. Il faut dire qu'il y avait passé le plus clair de son temps. Que ce soit pour gérer l'administratif, ou pour fuir la vie de merde qui l'attendait le soir quand il vivait encore chez ses parents, cet endroit lui avait été indispensable. Il en garderait donc un souvenir doux-amer.

Mais voilà, maintenant tout avait changé : il était majeur, habitait seul et n'avait plus à croiser quotidiennement son père qui lui avait tant mené la vie dure. Ces derniers mois avaient été salvateurs pour Nathaniel : il avait enfin pu vivre comme un adolescent lambda. Même si son assiduité en cours était restée intacte, il ne l'avait conservée que pour se satisfaire lui-même et personne d'autre. Il avait pu vivre ses premières vraies sorties, ses premiers (petits) écarts de comportement et avait même pu partager son premier baiser avec Lynn, une de ses camarades de classe. Si leur relation avait été plutôt courte, elle s'était très bien terminée et les deux adolescents étaient toujours de très bons amis. Pour tout dire, elle était même devenue sa meilleure amie après l'avoir épaulé pour sortir du bourbier dans lequel Nathaniel vivait à cause de sa famille. Il était devenu un jeune homme fort et plus sûr de lui.

Cependant, quitter le lycée s'avérait être une épreuve pour lui. Après tout, il en assurait le bon fonctionnement et s'y était habitué. Malgré ses excellentes notes et son titre de major de promo, son avenir était encore incertain et son petit monde qu'il avait pris du temps à reconstruire allait être ébranlé. Fini l'innocence (ou du moins ce qu'il en restait) de son adolescence, fini les pique-niques dans le parc aux côtés de ses amis, fini aussi ses disputes stériles avec Castiel... Bon, pour le coup, ça, c'était peut-être une bonne nouvelle. Il pourra désormais vivre ses journées sans entendre les remarques acerbes du rouquin et sans risquer d'entacher son dossier scolaire en lui foutant le coup de poing qu'il méritait depuis des années. De plus, connaissant son rival, il n'allait pas participer au voyage scolaire que Nathaniel attendait tant. Mais comme le blondinet le disait si bien : avoir quelqu'un que l'on déteste nous permet d'autant plus d'apprécier les autres. Il espéra donc que l'absence de son ennemi n'entachera pas sa prédisposition à la bienveillance.

le dernier été - a castaniel fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant