chapitre 9

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Le silence régnait désormais dans l'infirmerie du camping. C'en était même clairement gênant pour Castiel, qui pourtant n'était pas du genre à être mal à l'aise. Le rouquin fixait le sol, sa jambe tremblante d'angoisse. Les flics. Une garde-à-vue. Il y a un an, cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Plutôt faire un tour au commissariat que partager une tente avec Nathaniel. Mais voilà. Maintenant, il ne pouvait plus se le permettre. Pas depuis la dernière fois. Cette fois-ci, il n'avait plus pas le choix. S'il était perdu dans ses pensées, il en fut vite sorti par un raclement de gorge du délégué. Castiel leva le regard vers lui, un regard teinté de stress et de colère.

— Quoi ?

Nathaniel eut l'air d'être sur le point de répliquer, mais n'en fit rien. Il répondit au rebelle d'un ton calme et posé.

– Qu'on soit clair : c'est hors de question que je finisse chez les flics. Je doute que tu sois du même avis que moi, mais prends-le en compte, s'il te plaît. Pour mon avenir.

Pendant quelques secondes, Castiel resta silencieux et continua de fixer son rival. Il aurait voulu lui dire qu'il s'en foutait, que ce n'était pas son problème. En soi, c'était un peu le cas. Mais ce que Nathaniel ne savait pas, c'est que l'avenir de Castiel dépendait aussi de cette décision. D'une toute autre manière, certes, mais il en dépendait. Dire non, ça serait changer à jamais la trajectoire de son existence. Sa gorge se serra. Delanay ne le savait probablement pas, mais cette dernière chance représentait bien plus pour lui qu'elle aurait pu le croire. Cela le rendit limite malade, mais le musicien fut contraint de donner raison au blond.

– C'est bon. Te chies pas dessus. On va la partager, cette tente.

Castiel aurait pu rire à l'expression sidérée de Nathaniel si la situation n'était pas aussi tendue. Le délégué n'eut pas le temps d'exprimer verbalement sa surprise, car Madame Delanay choisit ce moment précis pour débarquer à nouveau dans la pièce. La professeure les toisa tous les deux, les bras croisés et la mine grave. Elle ne prononça pas un mot, attendant que l'un des deux jeunes hommes s'y colle. Ce fut Nathaniel qui s'y colla.

– On s'est mis d'accord. On accepte votre proposition. Merci de nous avoir offert cette chance, madame.

Le rouquin réprima une forte envie de lever les yeux au ciel.

Quel suçeur.

Une nouvelle fois, il ne céda pas à ses pulsions, et se contenta de fixer le sol d'un air maussade. Delanay hocha la tête et lança d'une voix forte.

– Parfait. Monsieur Nathaniel, je vous invite à aller chercher vos affaires pour échanger votre place avec Monsieur Lysandre. Ce dernier est déjà au courant.

Visiblement, la professeure n'avait pas douté un seul instant du fait que les deux ennemis allaient saisir cette chance d'esquiver la garde-à-vue. Sur ces mots, le blond fila en vitesse à l'extérieur, laissant Delanay et Castiel seuls. Ce dernier fixait toujours le sol, l'esprit embrumé par cet évènement aussi soudain. Madame Delanay en profita pour reprendre la parole.

– Monsieur Castiel, je vous remercie d'avoir accepté. Cela me surprend de votre part, bien qu'agréablement.

Le jeune homme se contenta de hausser les épaules. Il n'avait pas fait ça par plaisir, mais il préférait crever qu'expliquer la raison de sa coopération à sa prof de physique-chimie. Il se leva brusquement de sa chaise pour croiser le regard de celle-ci.

– Je peux y aller, maintenant ? S'il vous plaît... ?

Il avait ajouté au dernier moment cette formule de politesse. Mieux valait faire profil bas. La professeure esquissa un oui de la tête, et le rebelle quitta à son tour l'infirmerie. Il faisait nuit. Tout ce bordel avait duré plus longtemps que prévu. Il pouvait entendre à travers le tissu des tentes environnantes des discussions étouffées, ainsi que le bruit du vent contre les feuilles d'arbre. Il se mit à marcher en traînant des pieds en direction de sa propre tente. Il espérait sincèrement que Nathaniel n'était pas du genre à ronfler, car un coup spontané pourrait vite partir. Sur le chemin, il croisa Lysandre qui marchait dans la direction opposée, son sac sur l'épaule. Ce dernier lui offre un petit sourire et s'arrêta pour lui donner une petite tape amicale sur l'épaule.

– Pas de bêtise, Castiel. S'il te plaît.

Le rebelle lui adressa un pouce en l'air. Le victorien savait qu'il était passé à côté d'une catastrophe. C'était d'ailleurs le seul. Lys reprit son chemin, tandis que Castiel arriva face à la tente d'où une lumière faible s'échappait. En entrant à l'intérieur, il croisa le regard mordoré de Nathaniel qui s'apprêtait à se lever muni d'une serviette de bain et d'une trousse de toilettes. Ce dernier allait sans aucun doute prendre une douche. Le rouquin tâcha de l'ignorer, et s'installa sur son matelas gonflable. Il guettait les bruits alentours. Il avait besoin d'une clope là tout de suite, mais doutait que les profs soient ravis de la surprendre une cigarette au bec après sa bagarre avec le délégué. Au bout de quelques minutes, il finit par se décider à sortir de la tente, muni de son paquet de Malboro et d'un briquet. Il faillit sursauter quand il manqua de se cogner contre Nathaniel, qui rentrait de sa douche. Il sentait bon. C'était quoi son gel douche ? Clairement pas un truc tout en un, en tout cas. L'odeur était discrète, mais rafraîchissante.

Mais c'est quoi mon putain de problème ?

Castiel revint à ses esprits. Depuis quand il prêtait attention à ce genre de trucs ? Surtout chez son rival ? Visiblement, le coup que ce dernier lui avait assené faisait encore effet. Nathaniel le fixa en fronçant les sourcils. Avait-il remarqué le soudain intérêt olfactif que lui avait porté Castiel ? Il en rougirait presque. Le rouquin fut rassuré lorsque le délégué répondit sans le vouloir à sa question... avec une autre question.

– Tu vas où, là ? Me dis pas que t'es revenu sur ta décision. T'as pas intérêt.

Avec un grognement, Castiel coupa court à la discussion.

— T'es pas ma meuf, va dormir et occupe-toi de ton cul. J'ai un truc à faire.

Sans laisser l'occasion à Nathaniel de répliquer, il s'enfonça dans les bois. Nouveau moment gênant évité. Après quelques minutes à guetter les bruits autour de lui, Castiel s'assit sur une souche d'arbre. L'air s'était un peu rafraîchi, et donc bien plus agréable qu'une pleine journée. Le jeune homme était toujours de mauvaise humeur lorsque la température était trop élevée. Bon, il était constamment de mauvaise humeur, mais c'était encore pire en pleine canicule. Le clair de lune était filtré par les arbres, instaurant une ambiance à la fois étrange et reposante. Dans un geste machinal, il alluma une cigarette. La nicotine calma un peu son stress et il soupira de bien-être, recrachant par la même occasion de la fumée blanche. Il resta quelques minutes ici, les yeux perdus dans le vague et à l'affut du moindre bruit suspect. Castiel avait toujours été solitaire, et un peu de calme lui faisait du bien. Il était même inspiré.

Malheureusement, il était sans guitare et les feuilles de papier que lui avait filées Lysandre étaient restées dans la tente. Pas grave. Il saura pour la prochaine fois. Après avoir terminé sa clope, il jeta le mégot dans la poubelle la plus proche : être rebelle ne voulait pas dire qu'il fallait saloper la planète. Il retourna vers la tente, qui semblait encore allumée de l'intérieur. Le rouquin y entra, de nouveau agacé en se rappelant de la présence de Nathaniel. Mais il n'eut pas à lui adresser la parole. Ce dernier dormait à poing fermé, le visage collé contre un livre ouvert. Sa respiration était calme, son nez blessé avait soigneusement été rebandé. Probablement après sa douche. Le rebelle ne put s'empêcher de jubiler : il ne l'avait pas raté. Quelques mèches blondes tombaient sur le visage curieusement apaisé du jeune homme et, au grand soulagement de Castiel, il ne ronflait pas. On aurait dit un petit garçon qui faisait la sieste. Le rebelle le trouverait presque mignon, comme ça. Presque. Alors que le jeune homme allait s'emparer de ses affaires pour aller se laver, il marqua une pause et hésita quelques instants. Finalement, il s'empara de la lampe de poche de son rival pour l'éteindre en grommelant. Au moins ça, c'était fait. De toute façon, il n'arrivait pas à dormir avec de la lumière. Sur cette action, il sortit de nouveau de la tente pour se diriger vers les douches.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 23 ⏰

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