Chapitre 20

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Lévy regarda Hélyne d'un œil sceptique. Elle avait l'air d'être réellement au plus mal. Elle racontait des absurdités, des trucs qu'il ne comprenait pas.

- Tu es accompagnée ? Demanda Lévy en soulevant un sourcil.

Bien qu'il ne portât pas Hélyne dans son cœur, et vu que Kylian avait déjà disparu, il ne se sentirait pas bien de la laisser seule dans cet état.

- Nous sommes pareilles, tesoro, elle et moi, nous le sommes, répéta-t-elle sans cesse.

- J'ai compris, répondit-il sans pour autant comprendre. Mais est-ce que tu es avec des amies ? Demanda-t-il à nouveau.

- Si j'étais ici avec des amies, est-ce que tu penses que je serais ici en train de te parler ? Répondit-elle en fondant en larmes.

- Tu sais pourtant que tu ne supportes pas l'alcool, mais qu'est-ce qui t'a pris de boire autant ?

Elle avait eu besoin de boire, d'oublier, c'était la seule échappatoire qu'elle avait trouvée pour tout affronter.

- Je te raccompagne dans ton appartement.

- Non, je ne veux pas être seule, je ne sais pas ce que je ferais sinon.

Elle éclata en sanglots à nouveau. Elle était peut-être ivre, mais elle restait experte dans l'art de la manipulation. Elle se doutait que Lévy ne l'abandonnerait jamais seule dans un tel état, surtout pas si elle menaçait de se faire du mal. Hélyne s'appuya sur Lévy qui l'entraînait hors du club, mais c'était un lamentable échec vu qu'elle ne se tenait plus debout. Lévy finit par la porter dans ses bras et l'amena à son appartement en attendant qu'elle se reprenne.

Arrivé à son appartement, Lévy la déposa sur le canapé et alla lui chercher un verre d'eau.

- Tu es inconsciente, Hélyne. Qu'est-ce qui aurait pu t'arriver si je n'étais pas là ? Mais pourquoi as-tu autant bu ? Ce n'est pourtant pas dans tes habitudes.

Hélyne but une gorgée de son verre d'eau et le déposa. Lévy l'incita à le finir et elle le fit, néanmoins avec un sourire en coin.

- Mais tu étais là, c'est le plus important.

- Mais j'aurais pu ne pas l'être.

- Peut-être fallait-il que ça arrive pour que tu t'inquiètes de nouveau pour moi. Ça veut dire que tu ne me détestes pas tant que ça, dit-elle en pointant son cœur. Je te jure qu'à ce moment-là, j'ai regretté ce que j'ai fait. C'est pour ça que je suis partie. Je ne pouvais pas t'affronter, pas après ce que j'avais fait.

- Ça ne change rien. Maintenant, dis-moi pourquoi tu as autant bu.

Lévy se demandait s'il détestait vraiment Hélyne. Sûrement pas, il était juste furieux et détestait la façon dont elle avait pris les choses en main. Mais ce n'était pas une raison de la laisser seule dans un état lamentable dans un club.

- J'ai juste appris que j'ai grandi dans le mensonge toute ma vie, en fondant en larmes une nouvelle fois.

Lévy pouvait apercevoir la Hélyne dont il était tombé amoureux, celle qui était sincère pendant une fraction de seconde. C'était sans doute dû aux effets de l'alcool, c'était de l'histoire ancienne. Peut-être fallait-il qu'il mette enfin cette histoire derrière lui pour être heureux avec la femme qu'il aimait.

- Si tu veux en parler, je suis une bonne oreille.

- Je veux bien, répondit-elle en essayant de réprimer ses larmes.

Lévy lui tendit un mouchoir qu'elle prit et s'assit sur le canapé.

- Tu connais ma mère et ses multiples mariages instables. Elle m'a fait croire toute ma vie que mon père ne voulait pas de moi et m'avait abandonnée, mais tout était faux... Ma mère s'est enfuie avec son amant alors qu'elle venait d'accoucher d'un autre enfant et elle m'a emmenée avec elle malgré le fait que je n'avais qu'un an.

Elle souffla un coup. L'eau lui faisait du bien et elle se rapprochait déjà de la sobriété.

- Et tu sais qui est cet enfant, ta très chère Briyanna. Oui nous sommes sœur. Ma mère m'avait dit que mon père était un dénommé Wilson, mais la ressemblance de Briyanna avec moi, et surtout avec ma mère, m'a tout de suite mis la puce à l'oreille. Je la déteste encore plus, trancha Hélyne.

Maintenant, c'était sûr qu'elle était redevenue Hélyne Anderson: froide, calculatrice, manipulatrice, remplie de haine.

Mais comment est-ce que Lévy était censé l'annoncer à Briyanna ? Comment allait-il oser la regarder dans les yeux s'il ne lui disait pas la vérité ? Mais était-il vraiment à lui de le faire ?

- Je vais y aller maintenant. Merci beaucoup, mais je me sens beaucoup mieux et je compte toujours reconquérir ton cœur, aujourd'hui ne change rien.

- Tu peux rester et rentrer demain.

- Qu'est-ce qu'elle fait ici, et pourquoi veux-tu qu'elle reste ? Demanda Briyanna qui venait d'entrer.

Elle qui comptait faire une surprise à Lévy en revenant de Chicago était plutôt surprise de le retrouver avec Hélyne.

- Cara, je te promets que ce n'est pas ce que tu crois, s'empressa-t-il de dire.

- Et qu'est-ce que tu penses que je crois au juste ? Demanda Briyanna, s'approchant d'eux les mains croisées sur la poitrine.

Elle ressentait une pointe de jalousie bien qu'elle n'ait rien vu. Mais elle se posait plusieurs questions: qu'est-ce qu'elle faisait là et depuis quand est-ce que ça durait ces visites nocturnes ?

- Je vais y aller maintenant, prends soin de toi, dit Hélyne. Elle embrassa Lévy sur la joue et dit un petit bonsoir à Briyanna avant de s'en aller.

Briyanna accompagna Hélyne jusqu'à la porte et la referma d'un bruit sec. Si Lévy n'avait pas ce lourd secret sur le cœur, ça lui aurait plu de voir Briyanna aussi jalouse.

Le bruit devenait pesant. Briyanna entendait que Lévy lui explique, mais rien. Il n'arrivait même pas à soutenir son regard. Briyanna finit de prendre son bain et s'installa devant la coiffeuse. Quand elle se leva brusquement, les mains croisées devant la poitrine:

- Alors c'est tout ? Tu ne comptes même pas m'expliquer ?

- Il n'y a rien à expliquer, cara. Kylian m'a amené prendre un verre et je suis tombé sur Hélyne, qui était ivre morte et parlait de se faire du mal. C'est pour ça qu'elle était ici. Cara, viens te coucher maintenant, tu m'as manqué.

- Mais j'ai l'impression qu'il y a autre chose que tu ne me dis pas.

- C'est juste en lien avec le travail, rien que des trucs ennuyeux.

Lévy ne voulait pas penser à tout ce que Hélyne lui avait dit, pas maintenant. Il allait d'abord le vérifier, c'est pour ça qu'il avait pris soin de mettre dans un sachet transparent le verre d'eau qu'avait utilisé Hélyne.

- Je ne suis pas une femme au foyer qui attend son mari devant des repas froids. Tu peux me parler du travail, je peux t'aider.

Briyanna sourit et le rejoignit dans le lit. Elle savait qu'il disait vrai, elle pouvait lui faire confiance.

- Je suis toujours un peu en colère. J'ai fait tout ce trajet pour te faire une surprise et ce n'est pas exactement ça que j'avais en tête.

- Et qu'est-ce que tu avais en tête ? La taquina-t-il en s'installant au-dessus d'elle d'un mouvement fluide.

- Tu dois encore te faire pardonner, n'oublie pas.

Briyanna sourit contre les lèvres de Lévy.

- J'ai une bonne idée de comment me faire pardonner, même si ça doit me prendre toute la nuit.

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