Chapitre IV.2

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ASTRIA

-Relève-toi Astride !

Une douleur surgit dans mon estomac, je lève les yeux c'était mon père. Ma sœur, Lexa regarde la scène sans rien faire, ma mère aussi. On a toutes les trois peur de lui mais finalement, Lexa et moi sommes les seules différentes, filles au sang d'ébène contre des parents au sang rouge. Ma mère n'est pas si différente de lui, elle essaye aussi de me rendre forte, mais d'une autre manière.

Comme si forcer sa fille à vomir pouvait m'aider.

-Si tu veux survivre, relève-toi, maintenant !

-J'y arrive pas. bégayé-je.

-Tu n'y arrives pas, hein ?

Je suis rapidement remise debout grâce à mon père, mon visage reçoit de multiples coups de poing. J'ai mal à la tête, c'est affreux.

-Arrêtes papa, tu vas la tuer !

-Reste là-bas Lexa, sinon tu vas finir comme elle. Elle est trop faible pour le conclave, ce n'est pourtant pas compliqué.

Je m'écroule au sol, mais cette fois, il ne dit rien, il part tout simplement. Il part comme un lâche, il agit comme s'il y n'avait rien fait à chaque fois. Sauf que moi, tous les coups qui me donne, reste ancré dans ma mémoire, impossible de les oublier.

-Faudra couper tes cheveux, ils se collent à ton sang, c'est dégoûtant. réplique ma mère.

Mes cheveux sont déjà suffisamment courts, avant de les couper il y a quelques semaines, il m'arrivait au bas du dos, maintenant il m'arrive au-dessus des épaules.

Mes cheveux étaient la seules choses que appréciait chez moi, maintenant, je me déteste entièrement.

Si je devais me décrire, je serais simplement l'enfant non désiré de mes parents, Lexa est la fille parfaite, qui arrive à mettre tous les élèves au sol en quelques secondes, qui est belle, qui n'a pas besoin d'avoir des cheveux courts. Je suis une enfant négligée, mes parents ne m'aiment pas, et ce n'est pas grave, c'est réciproque.

À ce moment même, je n'ai plus envie d'agir comme ils le souhaitent, je ne suis en aucun cas différente d'eux, mise à part la couleur de mon sang. Je n'ai pas envie de devenir commandante, je n'ai pas envie de tuer ma sœur et quiconque d'autres. Je veux simplement vivre ma vie normalement, aller à l'école, étudier les mathématiques, avoir des amis, peut-être à petit-copain.

Mais en aucun cas un enfant de dix ans aimerait vivre ainsi, en aucun cas un enfant de dix ans détesterait ses parents. Aucun enfant de dix ans n'aimerait être entraîné à se battre et à tuer sa sœur.

-Je suis désolé Astride.

-Laisse-moi Lexa ! dis-je en retirant brutalement sa main qui s'était posée sur mon bras de manière rassurante. Tu as toujours était leur préféré de toute manière, regarde-toi, la fille parfaite, aucune trace de sang sur ton parfait visage. Chaque jour c'est la même chose, chaque jour c'est toujours moi et j'en ai tellement marre !

Je me relève difficilement et je cours dans la maison de Lincoln, mon meilleur ami depuis plusieurs années maintenant. Tout ce que j'ai appris c'est grâce à lui et certainement pas par mes parents et par les Gardiens de la Flamme.

En me voyant, il pose ses mains douces sur mes joues, et admire le sang qui envahit ma peau.

-C'est encore ton père ?

Il est un peu plus âgé que moi, mais il est suffisamment mâture pour me comprendre. Peut-être parce que son père veut aussi le voir fort, il souhaiterait ne jamais le voir échouer.

J'opine de la tête avant de fondre en larmes. Il me sert dans ses bras, à cause de notre différence de taille, il peut poser sa tête sur la mienne.

-Ça va aller Astride. Tu es plus forte que tu le crois.

***

Les Gardiens de la Flamme énonce le nom de tous les Natblidas qui se battront pour devenir commandant, j'ai choisi ma destinée dès que j'ai rendu visite à Lincoln il y a quelques jours.

Nous attendons à côté du drapeau de notre tribu, pour ma part et pour celle de ma sœur c'est le symbole des Trikru.

Dès que nous entendons le bruit de la corne, je fuis en direction opposée de la bataille. Je quitte Polis rapidement en laissant mon collier sur le sol. Je cours rapidement dans la forêt, je trébuche sur un tronc d'arbre.

Je me dégoûte.

-Besoin d'aide ?

Je relève ma tête, j'aperçois une fille à peu près de mon âge de me tendant sa main, je la prends elle m'aide à me relever mais c'est pas pour autant qu'on lâche notre emprise.

-Je m'appelle Luna.

-Astria kom Trikru. dis-je en laissant le prénom Astride enfouit dans le passé.

Je me promet de plus jamais sortir ce nom de ma bouche, ce prénom, est la fin d'une enfance, Astria, est le début d'une autre.

Elle me sourit amicalement, non marchons toutes les deux dans la forêt en discutant, j'ai appris qu'elle avait elle aussi fuit conclave, elle connaissait Lexa, mais moi je ne l'a connaissais pas, mise à part Lincoln et Costia, je n'ai pas d'autres amis.

-Je vais proche de la mer, tu viens avec moi ?

Je réfléchi un instant à sa proposition, elle est tentante, mais tout ce que je connais c'est la forêt, et je serais tellement perdu là-bas. Je ne sais même pas nager.

-T'es une personne formidable Luna, mais je ne peux pas. Mon meilleur ami est ici, ma meilleure amie aussi et ma sœur. Je...Je dois les revoir, c'est tout ce que j'ai.

-Dans ce cas, bonne chance pour la suite Astria kom Trikru.

On sert la main avant qu'elle s'engloutisse dans la forêt, ses cheveux bouclés tombent sur ses épaules, et son épée bouge à chaque fois qu'elle pose son pied gauche au sol.

ASTRIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant