Neuvième chapitre: Confessions nocturnes:

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Je suis rentrée dans ma cellule vers 23h39, apres avoir pu prendre un bon bain chaud et après avoir mangé un vrai repas. Une fois par mois, j'avais le droit a un bon repas. C'était tellement rare, que j'en ai profité le plus possible
Jai été agréablement surprise de constater que Diego était toujours là. Malgré ce que je lui avait dit, il restait quand même là pour moi. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui poser la question:
- Malgré ce que j'ai pu te dire, tu restes avec moi?
- T'es surprise?
- Honnêtement, oui.
- Je suis pas un connard. C'est pas parce que je me suis énervé contre toi que je te déteste pour autant. Néanmoins, je ne partagerai jamais ton point de vue, ça c'est clair.
- Tu sais, je n'ai pas vraiment d'avis sur le viol. A part que c'est un acte ignoble, le reste, je ne sais vraiment pas comment penser.
Il n'a rien répondu. J'ai donc essayé de relancer au mieux la conversation:
- Tu n'as pas vraiment envie d'en parler, c'est ça?
- En fait, je n'en ai jamais vraiment parlé.
- Même pas à ton père?
- Il n'en a rien a faire de moi. Je ne vois pas pourquoi je lui en aurais parlé.
- Donc ça veut dire que tu n'en as jamais parlé à qui que ce soit? Et que tu n'as pas non plus pu porter plainte ?
- Non. Et de toute façon, je ne veux pas. Tu sais, les hommes qui se font violés, c'est jamais vraiment bien vu.
Je comprenais parfaitement ce qu'il voulait dire. A vrai dire, sans être un homme, j'avais malheureusement vécu une histoire presque semblable.
- Tu sais, pour les femmes, ce n'est pas non plus facile. On nous demande toujours comment nous étions habillé. Et si nous avions le malheur d'avoir une mini jupe, alors c'était forcément de notre faute.
- Et toi, tu étais habillée comment?
- Tu veux vraiment savoir?
- Dis moi.
- J'étais à chaque fois habillée différemment. Mais à chaque fois, c'était de ma faute.
- Qu'est ce que tu veux dire, quand tu dis " à chaque fois "?
J'ai tourné mon visage. Il n'a fallait pas qu'il me regarde pleurer. La dernière fois que j'ai pleuré devant un homme, ce même homme m'a violé parce que pleurer cest interdit. C'est pour les faibles. Et je suis faible. J'ai finalement repris la parole, sans pour autant le regarder.
- Je n'ai pas été violé qu'une seule fois.
Il n'a pas répondu. Ou plutôt, il a été très long à répondre.
- Mais quel genre d'hommes peut se montrer aussi cruel et aussi horrible avec une femme aussi belle que toi?!
Pour lui répondre, j'ai préféré le regarder dans les yeux. Il allait voir les larmes coulaient, tant pis. Après tout, peut-être que finalement j'ai le droit de pleurer. Peut-être pas. Je ne sais pas.
- Le genre de mon père!
Pas de réponse. Une angoisse à commencé à se créer en moi. Mais pourquoi est-ce que j'en avais parlé?! Mais quelle idiote! Il s'en fou! C'est pas sa vie, c'est pas lui qui a été violé à l'âge de 4 ans.
- Je n'ai pas pour habitude de faire ça, à cause de mes craintes, mais toi, c'est différent, je te fais confiance, Mélia. Et je peux te le prouver.
Et c'est ce qu'il a fait. Il m'a serré fort contre lui. Je me suis immédiatement figée. J'étais mal. Très mal. La situation me rendait mal. Mais je n'arrivais pas à le repousser. C'était comme si une partie de moi se sentait en sécurité auprès de lui. Pourtant, je suis incapable d'être en sécurité auprès d'un homme. Avec lui, c'est différent. Il est différent. Et c'est sa différence qui m'a permis de souffler un coup et de me décontracter, de vraiment pouvoir souffler et d'être à l'aise dans ses bras. Tout en restant proche de moi, il m'a dit:
- Je sais qu'avec ton vécu ça doit être vraiment difficile de faire confiance, mais je t'assure que jamais je ne te ferais vivre ce que tu as déjà vécu.
- Tu n'as pas besoin de me le dire. J'ai confiance en toi.
Il s'est écartée de moi et m'a sourit avant de reprendre son air sérieux.
- Tu as confiance en moi. Et tu sais que j'ai aussi confiance en toi. Et, étrangement, j'ai envie de te raconter cette histoire. Celle qui a réussi à me tuer.
- Diego, ne te sens pas obligé. Je sais que tu as confiance en moi, tu me l'as assez prouvé. Je ne veux pas que tu te sentes forcé à me parler autant de toi.
- Mélia, ça va. J'en ai juste vraiment besoin. Laisse moi t'en parler. Je t'en supplie, il le faut. Je dois le faire.
- Tu vas avoir mal.
- J'ai déjà mal.
- Alors attends encore un peu. C'est une décision plus sage.
- Je n'attendrai plus. J'ai assez attendu. Pour une fois que quelqu'un me comprend et que quelqu'un est capable de m'écouter, je t'en prie, laisse moi en profiter.
Je me suis finalement allongée, il a fait de même et il a commencé:
- C'était un samedi soir. J'avais réussi à convaincre mon père de m'emmener à l'anniversaire de mon ancienne petite copine. A l'époque, j'avais 16 ans. Elle avait le même âge que moi. On sortait ensemble depuis peu, et pourtant, j'étais déjà fou d'elle. C'était une fille de riche, mais elle ne s'en vantait pas. Quand je suis arrivé devant sa villa, elle ne m'a pas lâché de la soirée. Elle avait invité pleins de gars et elle m'a expliqué que tous essayé de la draguer depuis des années. Elle voulait qu'ils comprennent qu'elle était déjà prise, et ça me plaisait. Toute la soirée, je n'ai pas arrêté de les provoquer de différentes façons. Au début, je mettais juste ma main contre elle, je la caressais, puis, petit à petit, les baisers se sont fait. Au début, des petits, puis, avec le temps, j'y mettais plus de sensualité. Ils ont pétés un câble et s'en sont pris à elle. Ils l'ont forcé à boire avec violence. Je n'ai pas pu les arrêter. Ils me tenaient trop fermement. A la fin de la soirée, tout le monde est parti. Tout le monde sauf moi. Je voulais rester auprès d'elle pour m'occuper d'elle. Et cest à ce moment là que ça a viré au drame. Elle était trop ivre. Et je ne sais pas comment, elle a réussi à me forcer à coucher avec elle. J'étais contre. Elle voulait. Moi non. Quand j'ai été porté plainte, personne n'a été arrêté. C'était une simple fête, d'après la police. Et pour eux, je n'ai pas été violé. C'est juste normal dans un couple.
Au début, je suis restée muette. Je n'avais pas envie de le brusquer. Il venait de me parler de son plus gros cauchemar, il était donc normal que je lui laisse le temps de s'en remettre. Je n'avais pas le droit de lui poser brutalement des questions. Ce n'était pas un exposé de lycéen, c'était une partie de sa vie. La pire.
- Vas-y, Mélia, tu as le droit de parler.
- Je ne sais même pas comment formuler a quel point je suis désolée que la vie ait décidé de te faire vivre ça.
- Ça va, c'est bon, épargne moi tout ce blabla.
- Après ca, tu es retourné la voir?
- On s'est croisés au lycée. Elle est venue me voir. Elle ne s'est pas approchée trop près de moi. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas de souvenir de la soirée, mais que la police était quand même venue la voir. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m'a expliqué qu'elle était accusée de viol involontaire. Et elle m'a demandé de lui raconter tout ce qu'il s'était passé ce soir-là.
- Tu l'as fait?
- Non. Je lui ai dit que j'avais aussi trop bu et que je n'avais pas le moindre souvenir et que je ne pouvais pas l'aider. Après ca, elle s'est jetee dans mes bras et elle a pleuré. J'ai décidé de la ramener chez elle. On a passé l'après midi chez elle, j'ai essayé de lui changer les idées, mais sans succès. Elle était vraiment préoccupée et ça se voyait. Je n'ai pas réussi à être honnête avec elle. Trois jours après, les vidéos sont sortis sur les réseaux sociaux et elle n'a pas mis longtemps à comprendre que je lui avait menti. Mais elle ne savait toujours pas qu'elle avait violé quelqu'un. On a été convoqué au commissariat le lendemain. Les personnes qui l'avaient forcé à boire ont été arrêtés mais elle, je ne l'avais toujours pas accusé, et j'ai été encore plus loin. J'ai finis par retirer ma plainte, en disant que j'avais lu ça dans un livre, mais que comme j'étais trop bourré, je n'avais pas réussi à différencier le fictif du réel. En sortant, elle m'a demandé si elle pouvait venir chez moi, et j'ai dit oui. Et elle m'a avoué qu'elle avait tout compris. Elle savait qu'elle avait bien violé quelqu'un, et elle savait qui. Je n'ai pas pu lui mentir.
- Comment elle s'est sentie?
- Mal. Elle savait très bien que si elle n'avait pas été ivre, elle n'aurait jamais pu faire ça.
- Mais ce n'était pas de sa faute.
- Je suppose qu'elle devait penser que, si elle n'avait pas été aussi belle, elle n'aurait pas séduit autant de garçons. Et puis, si elle ne les avait pas invité, ils ne l'auraient jamais touchés.
- Elle ne pouvait pas savoir.
- Mais Sarah a toujours voulu tout savoir, tout deviner. Elle voulait être la fille parfaite, la fille modèle. Et pour elle, ce viol était en train de la rendre épouvantable. Elle a toujours voulu rendre ses parents fiers d'elle.
- Et maintenant? Tu en penses quoi?
- J'aime Sarah. J'aimerais pouvoir la revoir et lui dire que je ne lui en veux pas, que les seuls fautifs dans l'histoire, ce sont ces abrutis qui l'ont forcé à finir ivre.
- Tu n'as plus jamais eu de nouvelles?
- Non. Quand je suis allé sur ses réseaux sociaux, elle avait tout supprimer. Elle avait totalement disparu.
- Et ton père dans cette histoire ?
- Lui non plus n'a jamais su que c'était Sarah. Il l'aimait autant que moi. Juste pas de la même façon. Je ne voulais pas qu'il soit déçue d'elle. Mais je n'avais pas prévu que l'on se perde aussi facilement de vu.
J'ai arrêté avec toutes mes questions. J'en avais posé assez.
- Tu n'as pas envie de m'en parler, m'a demandé Diego?
- Non. J'ai été violé trop de fois. Je ne pourrais jamais tout raconter.
- Il était ivre?
- J'étais trop jeune pour le savoir.
- Tu avais quel age quand ça a commencé?
- 4 ans... et ça s'est arrêté le jour du décès de ma mère. J'avais 6 ans. Deux ans de cauchemar.
- Je n'arriverai jamais à comprendre ta douleur.
- Je ne pourrais jamais comprendre la tienne.
Voilà la fin de notre dialogue. Voilà comment nous avons finis par mettre un terme à nos cauchemar, en parlant!
Finalement, il s'est levé et m'a aidé à me lever aussi.
- J'ai trouvé une solution pour que tu puisses enfiler la robe...
- Attend, je croyais que tu ne voulais pas danser avec quelqu'un comme moi?
- J'ai dit ça sous le coup de la colère. Mais je ne le pensais vraiment pas. Enfin, bon. Prends ta robe, cours jusqu'à la salle d'entraînement. Dans 5 minutes, je te rejoins. On fait comme ça?
Pour lui montrer que j'étais entièrement d'accord, je me suis empressée de prendre la robe et de courir jusqu'à la salle de danse.
Une fois arrivée, je me suis dépêchée d'enfiler la robe, qui n'était vraiment pas pratique à enfiler, je dois l'admettre. Elle était tellement encombrante, c'était vraiment dur de rentrer dedans. Une fois bien ajustée, je me suis regardée longuement dans le miroir face à moi.
- T'es sublime.
Je me suis tournée et, je ne me suis pas retrouvée face à Diego mais plutôt face à mon père.
- Tu ressembles énormément à ta mère,  a-t-il continué.
- C'est pour ça que tu l'as tué? Parce que je lui ressemblais trop? 
- J'étais ivre.
- Ça merci, je l'avais remarqué. Mais, même si tu étais sous alcool, je ne pourrai jamais te pardonner du mal que tu m'as fait!
- Mélia, tu sais très bien que je ne suis pas comme ça...
- MAIS JE NE SAIS RIEN DE TOI! JE NE SAIS MEME PAS QUI TU ES VRAIMENT ! TU N'ES QU'UN ASSASSIN POUR MOI! TU ES L'HOMME QUI A TUÉ MA MÈRE, L'HOMME QUI A DÉTRUIT MON ENFANCE ! TU N'ES RIEN D'AUTRE !
Il n'a rien trouvé à répondre. Je lui avait enfin fermé le clapet! Il est donc parti et Diego est entré.
- Il ne t'a pas fait de mal?
J'ai sourit en voyant que c'était sa principale préoccupation alors qu'à la base, nous avions d'autre chose en tête.
- Non, ça va. Je suppose qu'il voulait juste discuter avec moi. Mais je n'étais pas vraiment disposée à rester calme.
- Ça se comprend. En dehors de ça, tu es magnifique. Ça me fait vraiment bizarre de te voir porter ce genre de robe. Ça n'a rien à voir avec la robe de mariée de ta mère.
- Comment tu as su que c'était la robe de mariée de ma mère?
- C'est ma tante qui me l'a dit.
- Ta tante?
- Je ne t'avais pas dit que Natasha était ma tante?
- Non. Mais maintenant je le sais.
Il m'a sourit et j'en ai profité pour me regarder à nouveau dans le grand miroir. Je n'avais vraiment pas l'habitude de me voir dans ce genre de tenue. Je n'ai jamais été une très grande fan de robe donc, me voir en porter une n'était pas très habituelle. La robe était assez proche de mon corps et très légèrement volumineuse vers le bas. Elle était de couleur bleue turquoise, avec un bleu un peu plus foncée vers le bas. Elle était à manches longues. Au niveau de ma taille, il y avait un gros flocon argentée. Il y avait aussi quelques brillants sur le haut de ma robe. 
- Alors, tu aimes bien, m'a demandé Diego?
A force de me regarder, j'aimais de moins en moins ce que je voyais. Je commençais à voir tous les défauts de cette foutue robe.
- Je sais que tu aimes bien, Diego. Mais ce n'est vraiment pas une robe faite pour moi.
- Pourquoi tu dis ça? Elle est très bien.
- Non. La couleur ne va pas.
- Je sais pourquoi ton père a choisi cette robe.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il voulait que tu ressembles à ta mère.
- Il me l'a dit. Et ça me répugne de plus en plus. Je ne peux pas danser avec ce genre de robe. Ça fait gamine.
- Je vais voir si ma tante n'a pas autre chose pour toi.
- Et mon père?
- On s'en fou de lui. Il veut que tu danses, tu vas danser, mais avec une robe qui te correspond un peu plus.

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