Dixième chapitre : Alors on danse:

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Il a été très long à revenir. Et lorsqu'il est revenu, il n'était pas seul. Natasha était avec lui. Je me suis mise le plus loin possible d'elle.
- Ça va, c'est bon, tu n'as pas à avoir peur de moi. Ce n'est pas parce que je m'en suis prise à toi une fois que je vais pour autant recommencer !
- On sait jamais, ai-je répliqué.
Elle m'a jeté une robe à mes pieds et elle est partie. Il a levé les yeux au ciel, comme s'il en avait déjà marre d'elle.
- Elle n'avait pas trop envie de te prêter une de ses robes, c'est pour ça qu'elle faisait autant la gueule.
- En même temps, elle ne doit pas beaucoup m'aimer.
- Tu te trompes, elle t'aime beaucoup. C'est juste qu'elle s'en veut énormément
- Elle s'en veut?
- Oui, elle n'a jamais voulu s'en prendre à toi. Mais il ne lui a pas vraiment laissé le choix.
Je n'ai rien répondu. Je savais très bien qu'il allait la défendre. C'était sa tante, donc ça me paraissait assez logique. Je n'étais donc pas surprise. J'ai ramassé les affaires qu'elle m'avait balancé, et j'ai demandé à Diego de se tourner pour que je puisse les enfiler. Je ne voulais pas qu'il retourne dans cette foutue cellule. Pas sans moi. Ne cherchez pas à savoir pourquoi. Après avoir enfilé la robe, je me suis regardée longuement dans le miroir, une nouvelle fois. Je me sentais beaucoup mieux. Ça faisait femme fatale, ça me plaisait. C'était une robe noire, qui laissait apparaître mes jambes, puisqu'elle était totalement ouverte en bas. Derrière, elle avait une petite traine, que je trouvais absolument magnifique. Sur le bustier, il y avait quelque strasse argentée. Elle était à manches longues, ça me convenait. J'ai enfilé les chaussures qui allaient avec. Je n'allais pas faire trop la maline, puisque c'était des bottines noires à talons à aiguilles. Je savais marcher avec ce genre de chaussures mais danser... ça devait être vraiment compliqué. Quand je mai autorisé à me regarder, il semblait émerveillé mais il n'a pas prit le temps de me faire de compliments ou autre, on a de suite commencé à faire quelques exercices :
- Montre moi comment tu marches avec des talons, s'il te plaît. J'ai besoin de savoir si tu es une professionnelle ou une débutante.
- Je sais marcher avec des talons.
- J'ai besoin de le voir de mes propres yeux.
- Tu ne me crois pas?
- Si mais j'ai besoin de voir comment tu te débrouilles pour savoir si la danse sera quelque chose de facile pour toi, ou pas.
- Je ne sais pas danser. Donc ça va être difficile pour moi.
- Marche.
- Je sais marcher.
- Tu peux arrêter de me faire galérer et faire ce que je te demande?
J'ai soupiré avant de commencer à marcher.
- Effectivement, tu te débrouilles pas trop mal. Tu marches très bien, même. Mais, je pense que la danse va s'annoncer compliqué. Je ne vais pas te demander de me montrer, je n'ai pas envie que tu te blesses. Mais je vais te poser une seule question. Est ce que tu te sens capable de faire une danse où l'on va être assez proche physiquement ou pas?
- Qu'est ce que ça va changer?
- Si on danse en étant assez proche, j'aurai plus de facilité à te guider. Mais je ne peux pas te forcer. Donc, c'est soit on fait une danse en étant assez proches, soit on reste éloigner. A toi de me dire ce que tu veux. Déjà, est-ce-que tu as une idée de musique sur laquelle on pourrait danser?
- J'ai envie de rendre hommage à ma mère en dansant. Mais je ne sais pas vraiment si c'est facile de recréer une histoire en dansant.
- Je devrais pouvoir réussir. Mais pour ça, il va vraiment me falloir une musique.
- Et si on rendait tous les deux hommages à nos mères?
Il s'est éloigné de moi et ne m'a pas regardé dans les yeux, pour me dire qu'il était contre.
- J'ai déjà danser pour ma mère. Je n'aurai pas la force de recommencer. Donc, j'accepte que l'on rende hommage à ta mère, mais pas à la mienne.
Je n'ai rien répondu et j'ai réfléchi. Sur quelle musique est ce que l'on allait pouvoir danser?
- Tu n'as pas une idée, Diego?
- Aucune.
Son ton était plus froid. Ce n'était pas vraiment agréable de parler avec lui. Mais je n'avais pas envie de lui faire la remarque. Alors je n'ai pas ouvert ma bouche et j'ai continué à chercher une musique. J'en avais plusieurs en tête. Toutes traités le même sujet, la violence que les femmes pouvaient endurées. Mais ce n'était pas assez fort. Ça ne représentait pas suffisamment ma situation. Je voulais venger ma mère, je voulais lui adresser cette danse. Elle le méritait.
- J'ai peut-être une idée, m'a annoncé Diego, en revenant vers moi.
- Dis moi.
- On pourrait faire un montage. On prend plusieurs musiques et on les assemble. T'en pense quoi?
- Non, j'aime pas l'idée.
- T'es chiante.
- Merci.
- Pourquoi tu ne veux pas?
- Je viens de te le dire. J'aime pas l'idée.
Je l'ai entendu soupiré d'agacement.
- Au pire, on danse sans musique, ai-je proposé innocemment.
- On ne peut pas. J'ai besoin d'un rythme pour pouvoir créer la chorégraphie. Sans musique, pas de danse. Et inversement. Pas de danse sans musique.
J'ai sifflé à mon tour d'énervement. C'était tellement frustrant de vouloir rendre hommage à sa mère mais de ne pas savoir vraiment comment s'y prendre, de ne pas savoir ce qu'elle aurait voulu etc...
Pourtant je suis prête à tout donner pour réussir à la rendre fière de là où elle est. Mais je n'y arrive pas. Tout ca a cause d'une musique.
- J'ai peut-être une idée, a-t-il soudainement annoncé.
- Dis moi. 
- On peut utiliser une musique qui parle justement des violences que les femmes peuvent endurer. 
- Tu as une musique en tête? 
- Oui. Après, il faut juste que tu sois certaine de vouloir "provoquer" ton père. 
- Il le faut! Il doit payer pour ce qu'il a fait.
- Tu as conscience que tu es en train de te mettre en danger?
- Oui, mais c'est pour ma mère, donc c'est pour la bonne cause. 
- Je ne plaisante pas, Mélia. C'est vraiment dangereux ce que tu es en train de faire. 
Je savais parfaitement bien ce que j'étais en train de faire, mais je ne pouvais pas lui dire qu'au fond, j'avais envie de crever, je voulais rejoindre ma mère. Mais, si Diego venait a l'apprendre, il serait prêt a tout pout m'en empêcher. Il semblait tenir un peu trop a moi.  
- J'ai pensé que l'on pourrait danser sur "n'insiste pas" de Camille Lellouche. 
J'ai immédiatement souri en entendant la musique a laquelle il avait pensé. 
- Euh, ca va? 
- Je ne me suis jamais sentie aussi bien. C'est juste que c'était la musique préférée de ma mère, et je me dis que je ne peux pas lui rendre un meilleur hommage qu'en dansant sur cette musique. 
- T'es vraiment sûr que ça va? 
- Mais oui, arrête de t'en faire pour moi, je vais bien. 
- Désolé mais je ne te crois pas. 
- Ca m'est totalement égal, je vais m'en remettre. Alors, on danse? 
Il a soupiré et s'est avancé jusqu'à moi. 
- Je crois que nous n'avons pas vraiment le choix. Mais tu n'as pas répondu a ma question. Est ce que tu te sens de faire une danse où l'on sera très très très proche l'un de l'autre? 
J'avais bien compris que s'il insistait autant sur ses mots, c'était pour que je comprenne que ca n'allait pas être un petit contact, mais plutôt un contact assez violent, qui pourrait réellement recréer l'histoire de ma mère, mais aussi la mienne. 
- On a une autre alternative? 
- J'ai beau chercher, je n'en trouve pas, malheureusement. 
- Tu as des solutions pour que j'accepte d'être en contact avec toi? 
- Bien sûr, en danse on a plusieurs solutions. Ca arrive très souvent que la danseuse ne se sente pas forcement a l'aise a l'idée de danser avec un homme qu'elle connait a peine. Alors, le danseur doit trouver des alternatives pour que la danseuse soit a l'aise avec lui. En général, c'est le prof de danse qui s'en occupe. Malheureusement, on en a pas. 
- Tu te trompes, on en a un! 
- Qui? 
- Toi! 
Je l'ai vu me regarder avec surprise, avant de le voir rougir. Je n'ai pas réussi à me retenir, et je me suis mise a glousser, comme une bécasse.
- Arrête un peu de te foutre de moi, m'a-t-il dit en riant.
Il a reprit son sérieux et m'a annoncé :
- Ça me touche énormément ce que tu dis.
- Pourquoi ?
- Avant de me retrouver enfermé avec toi, j'étais parti faire des études pour devenir prof de danse. J'étais censé passer un stage avec ma prof pour voir si j'en étais vraiment capable. Mais avec la mort de ma mère, je n'ai pas eu le temps de faire quoique ce soit. Et maintenant, c'est foutu. Mais si j'arrive a t'apprendre à danser, je serais un homme comblé. Je n'ai pas besoin d'être en couple, j'ai juste besoin de danser.
Je n'ai même pas eu le courage de lui dire... Ses paroles m'avaient touchées en plein coeur... Je l'aimais tellement, je commençais enfin a avoir confiance en lui. J'avais eu tort, ENCORE !
- Alors nous allons danser, et tu seras un homme comblé.
C'est tout ce que j'ai pu répondre.

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