The Muse

Chapitre 16 - Monkey Business

La respiration d'Ally se coupa presque instantanément à l'annonce de Mademoiselle Raynor. Pas réussi à la joindre ? Son cerveau ne fit qu'un tour, rembobinant la journée d'hier. Ce n'était pas possible. Par réflexe elle posa les mains sur les poches arrière de son jean taille haute. Rien. Puis, dans sur les poches avant. Rien non plus. Oh non... Merde merde et double merde !

Le visage fermé de Raynor n'arrangea rien à la situation. Sans la quitter des yeux, l'assistante frappa à la porte.

« Entrez »

Elle entendit sa voix de cristal résonner de l'autre côté. Mademoiselle Raynor hocha la tête puis s'en alla, laissant Ally seule face à ce qui l'attendait. Quoiqu'il arrive, cela était trop tard. Elle n'avait plus le choix.

Ally ouvrit doucement la porte avec ses mains moites. Sans qu'elle n'ait le temps de se poser plus de questions, ses yeux atterrirent sur M. Jackson qui était silencieusement assis sur une chaise derrière le bureau, les bras croisés d'une manière légèrement impérieuse, encore plus beau que ce qu'elle avait en tête...

Concentre-toi Al ! Et ferme cette bouche !

Il y avait un silence imperturbable dans la pièce et une tension à couper au couteau. Tout comme celle qui avait pris possession du corps d'Ally. Elle tenta de se résonner pour se calmer. Elle allait certainement se faire réprimander, certes, mais qu'est-ce qu'il pourrait faire de pire ? Ce n'est pas comme s'il allait la mordre... Bien que plus elle s'autorisait à l'imaginer, plus elle commença finalement à espérer qu'il le fasse... Et merde, nous y revoilà ! FO-CUS !

Mais en même temps, difficile de la blâmer sachant qu'elle revoyait son boss pour la première fois depuis leur précédent entretien et qu'elle ne savait nullement comment il allait réagir. Il semblait que tout pouvait arriver une fois qu'ils se retrouvaient seul à seul. Au milieu de sa crainte, elle ressentait un incontrôlable enthousiasme de le revoir.

Malheureusement, le traitement du silence fut de nouveau là. Les yeux d'Ally rôdèrent sur l'horloge accrochée au mur. Elle réalisa qu'il n'était que dix heures du matin et que le prodige était déjà levé, arrivé au stade, et avait tenu une réunion alors qu'il avait assuré un spectacle devant plus de cinquante mille personnes en folie hier au soir... Cet homme était décidément un demi-dieu.

Pour une quelquonque raison, Ally évita son regard et baissa la tête. Elle remonta le col large de son pull léger qui retombait sur son épaule, mais celui reglissa quasi aussitôt le long de son épaule dénudée pour reprendre sa place initiale. Elle n'avait pas remarqué la chaleur qu'il faisait dans la pièce jusqu'à ce moment. Mais lorsqu'elle l'entendit s'éclaircir la gorge, elle savait qu'elle devait prendre sur elle.

Elle leva la tête vers lui mais son cœur se serra. Il ne la regardait même pas, mais concentrait ses yeux visiblement fatigués quelque part sur son bureau. C'était peut-être à elle de commencer pour une fois ? Peu importe à quel point c'était difficile ! Elle attrapa ses propres mains moites.

« Je tiens vraiment à m'excuser pour... »

« Shhhh » il la coupa quasi immédiatement sans lever les yeux de son bureau. Et soudainement, Ally remarqua ce qu'il fixait. Elle reconnut alors l'objet : son talkie-walkie !

Plusieurs nuances de rouges se succédèrent sur le visage d'Ally quand il leva finalement son regard vers elle, l'air sévère et semblant encore absorbé par ses pensées. Elle ravala sa salive, ne sachant même plus où se mettre. M. Jackson saisit un stylo et commença à griffonner quelques notes sur le calepin qui reposait sur son bureau.

Il écrivit quelques phrases, et même si Ally essaya discrètement de plisser les yeux pour mieux voir, elle se tenait trop loin pour les lire. Elle fut cependant fascinée par la vitesse de sa main qui ne l'empêchait pas d'écrire ces mots avec élégance. Son stylo semblait faire une petite danse gracieuse sur le papier blanc.