Chapitre 22 - Wicked game

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« Et maintenant, quelques images de Wacko Jacko* bien arrivé à Kansas City, pour la deuxième partie de sa tournée le Bad World Tour. Il s'agit des premiers shows de Jackson sur le continent Américain en tant qu'artiste solo, après une série de concerts explosifs à guichet fermé au Japon et en Australie -... ».

*Jackson le fou

Le visage d'Ally se releva instantanément du magazine Vogue qu'elle lisait à l'évocation du prodige au journal télévisé du matin, sur le petit écran TV. Dans un premier temps, car elle trouvait cruel et aberrant ce nouveau surnom que les médias s'amusaient à lui donner depuis quelque temps. Comme si à mesure que son statut de superstar mondiale s'affirmait, ces mêmes médias lui vouaient une fascination grandissante qui n'avait d'égal qu'une certaine forme étrange de mépris. Ou peut-être de jalousie, pour être honnête. Puis dans un second temps, car ce nom libéra la nuée de papillons habituelle au creux de son estomac. Elle avala une gorgée de son thé chaud comme pour calmer le jeu.

Mon Dieu, il lui manquait !

Son regard, sa voix, son odeur, son toucher... Tout lui manquait.

Mais elle se devait de garder cette information pour elle, car malgré leur ultime et merveilleux dîner aux chandelles, Ally n'avait étonnement pas eu l'occasion de recroiser les yeux malicieux du prodige depuis près de quatre mois. En effet, après être rentrée du Japon, où la quinzaine de premiers concerts de la tournée s'était pourtant bien déroulée, elle avait reçu un appel hasardeux de Frank l'informant qu'elle ne serait pas de la partie pour la série de shows prévus le mois suivant en Australie. Comme il ne s'agissait selon lui 'que' de cinq dates, à l'autre bout de la terre, les équipes qui se déplaceraient devaient être, par conséquent, plus restreintes. Il devait revenir vers elle ultérieurement pour la seconde partie de la tournée qui commençait en février.

Ally avait accueilli la nouvelle avec amertume, mais compréhension. Enfin ça, c'était la version officielle. Où une Ally mature et distinguée, aurait su prendre son mal en patience. Dans la version officieuse, s'approchant davantage de la réalité, elle n'avait pas manqué d'insulter DiLéo de plusieurs noms d'oiseaux après cet appel (une fois le combiné raccroché, bien évidemment), et avait laissé quelques messages vocaux sur son répondeur lui rappelant sa disponibilité, et avait maudit M. Jackson de la laisser sans aucune nouvelle.

Ça, c'était la réalité d'une femme amoureuse. Mais digne ! Elle avait tout de même pris le soin de ne pas paraître désespérée. Juste... Investie ? Après tout, elle leur devait au moins ça, quand elle s'était aperçue qu'elle continuait à recevoir tous les mois son salaire, malgré qu'elle ne soit pas avec le staff sur place...

Mais sa détermination avait probablement porté ses fruits, car Ally se trouvait en cette froide mais belle matinée de février, dans une jolie chambre d'hôtel de Kansas City, où allait se dérouler le soir même le premier spectacle de cette deuxième partie de tournée aux US. Elle avait finalement reçu son billet d'avion pour reprendre son poste parmi le staff, après des mois d'attente et de doutes, se demandant si ce moment allait un jour arriver.

Ally continua de fixer les images défilant sur la TV qui annonçait à présent les prévisions météo, sans même qu'elle ne s'en rende véritablement compte. Était-ce elle ? Avait-elle fait quelque chose de travers ? Et dans l'affirmative, qu'est-ce que cela pouvait être pour qu'un tel éloignement, si soudain, prenne place entre elle et M. Jackson ?

Il s'était plus d'une fois comporté avec elle comme s'il s'amusait à tirer les ficelles de sa petite marionnette, ayant les pleins pouvoirs pour la faire plier à ses quatre volontés, tout en ayant la capacité de mettre fin à tout ce petit manège quand bon lui semblait. Ally n'était pas stupide au point de ne pas le réaliser. Elle fit tourner machinalement son sachet de thé dans sa tasse quasi vide. Mais malgré tout, elle ne pouvait se résigner à se dire qu'il réagissait avec elle de cette manière sans raison. Elle était, dans un sens, aussi têtue qu'il l'était ! Elle ne pouvait pas fermer les yeux sur ce dernier intense moment de proximité qu'ils avaient partagé. Elle ressentait au plus profond d'elle qu'il était juste impossible que tout cela ne se résume qu'au... sexe ? Autrement, il aurait pu remporter la partie il y a bien longtemps déjà, son adversaire étant déjà affaiblie depuis la première manche...

The MuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant