Quand je referme enfin mon cahier, un soupir de contentement s'échappe d'entre mes lèvres. On s'est donnés beaucoup trop de mal pour un travail qui n'avait à vrai dire pas besoin de tant de préparation. La sieste d'Eliam semble bien derrière lui et le jeune homme paraît aussi en forme qu'il aurait pu l'être.
Je le précède vers la sortie, m'arrêtant devant l'entrée.
— Wow, je pensais jamais revoir la lumière du soleil.
Il ne me répond pas, mais j'arrive à percevoir un léger sourire sur ses lèvres quand je tourne la tête vers lui.
— T'habites loin ? je reprend. Tu veux que j'te raccompagne ?
— Je peux prendre le bus, répond-il, sourcils froncés.
— Pas la peine, viens, ça me change pas grand chose.
— Tu sais même pas où j'habite, contre-t-il, fermement.
— Dis-moi où t'habites alors.
— Pas loin du square lorraine, derrière le carrefour.
Après un instant de réflexion, je tranche, net :
— Ah ouais, j'vois où c'est. J'te raccompagne.
Il ouvre la bouche et je pose un doigt contre ses lèvres.
— Tututut.
Son froncement de sourcil m'encourage à éloigner ma main.
Je me permets peut-être un peu trop de familiarités, mais il semble moins froid qu'auparavant et je décide d'en profiter. Un sourire de victoire vient fleurir sur mon visage quand il accepte. On rejoint mon scooter et je lui raconte avec force détails le jour de l'examen, quand j'ai enfin eu mon permis.
— J'ai jamais conduit quelqu'un d'autre que Jeanne, j'espère que ça ira.
— Au pire, on risque quoi ? demande-t-il. A part mourir j'veux dire.
Sa remarque aussi incongrue que surprenante me fait éclater de rire. Peut-être que je n'ai pas rêvé, finalement, qu'on a bien fini par se rapprocher, ne serait-ce qu'un peu. Après tout, il se permet de plaisanter, maintenant. Enfin, j'espère que c'était une plaisanterie.
On enfourche mon scooter et je visualise mentalement le trajet avant de m'élancer. Le carrefour n'est pas exactement sur mon chemin, mais pas si loin non plus. Disons que ça doit me faire un détour d'une dizaine de minutes. Mais conduire me fait du bien et sentir le poids d'Eliam dans mon dos me fait plaisir. Je l'aime bien, peut-être parce qu'il est très différent de tous mes amis. Je suis sûr que Jeanne a son propre avis sur la question et qu'elle me balancerait, sans gants ni hésitation, que c'est juste l'attrait de la nouveauté. Et que je déteste quand on me résiste. Ce qui n'est pas faux, j'en ai bien conscience.
Quand je m'arrête devant le carrefour, sur le parking, Eliam se détache de moi pour descendre.
— Bah... salut, lâche-t-il avec hésitation.
— Attends, j'ai dit que j'te raccompagnais, je m'exclame en le retenant.
— J'habite à côté.
— J'te raccompagne.
Il soupire, mais abandonne bien vite. Lui aussi a dû apprendre la leçon, je ne lâche pas le morceau si facilement quand quelque chose me tient à cœur. Je pousse donc mon véhicule sur quelques mètres, jusqu'à ce qu'Eliam s'arrête devant une petite maison à l'allure douillette. Des fleurs voltigent doucement au vent, enserrant un portail rouge. Je me dis qu'il doit être agréable de vivre là.
VOUS LISEZ
Je ne suis pas un secret
RomanceC'est... une trousse qui se renverse, un bout d'écran, des rêves pleins la tête. C'est Maxence, qui n'aime rien de plus que passer du temps avec sa chienne et sa meilleure amie. C'est Eliam, qui désire seulement passer inaperçu, parvenir jusqu'à la...