Chapitre 17 : Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

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« Dès le premier sourire.
Avant même le premier baiser.
J'étais déjà à tes pieds. »

Sun to Moon in another life,

Mercredi 26 septembre 2012,

Le ballon fuse à l'autre bout du terrain tandis que je l'envoie droit dans les bras d'Aloys. Il le réceptionne en grimaçant, jette un regard vers la ligne de but, et alors qu'il bénéficie d'une vue dégagée et d'une belle opportunité pour marquer, il préfère le laisser tomber en feignant de l'avoir mal reçu.

D'où il se trouve, il ne peut pas me voir sourire. C'est dommage pour lui, mais parfait pour moi. Un large rictus étire mes lèvres alors qu'il se comporte exactement comme j'avais prévu qu'il le ferait - et ça, sous les yeux furibonds du coach.

Tu viens de tomber dans mon piège, connard.

C'est la sixième passe qu'il loupe depuis le début de l'entraînement. Et pour cause, je renvoie toutes les balles vers lui en prenant soin d'être celui qui les envoie, car j'ai surpris une conversation plutôt intéressante entre Sion et lui, hier matin. Monsieur veut faire croire au coach que je suis un mauvais capitaine. Qu'il est bien meilleur dans ce rôle que moi. Que je ne sais pas lancer des ballons et qu'il devrait récupérer le poste que je lui ai « volé » sans avoir fait mes preuves.

Quel abruti !

Il aurait pu m'attaquer sur tant de choses, mais il a choisi la seule sur laquelle il ne peut pas m'atteindre. Le football, ça coule dans mes veines depuis que j'ai cinq ans. Je m'en souviens comme si c'était hier. Un match passait à la télévision, je me suis assis, captivé, et vingt minutes plus tard, j'ai annoncé à mon père que je serais à l'écran d'ici vingt ans. En toute modestie, je suis probablement le joueur le plus dévoué et talentueux a avoir foulé cette vieille pelouse brûlée par les embruns marins. Je pourrais déjà être un élément déterminant d'une équipe universitaire si je n'avais pas eu à m'occuper de ma famille.

Et Aloys a cru pouvoir me la mettre à l'envers sur le terrain ?

Je ris dans ma barbe en rejoignant les vestiaires après le coup de sifflet final du coach.

L'arrogance du rouquin n'a d'égale que sa méchanceté et sa bêtise.

— Tu as l'air de bonne humeur, me dit Brody en me rejoignant. Putain, c'est moi ou Aloys a joué comme un pied ?

Si même Brody l'a remarqué alors qu'il opère en défense, le coach doit être furieux de voir l'un de ses meilleurs éléments se faire laminer de la sorte.

— Ouais, il avait deux mains gauches, ce soir.

Le problème avec son plan de merde, c'est que je ne rate jamais aucune de mes passes. J'en ai envoyé une trentaine. Six seulement ont échoué à atteindre les buts. Et ce sont les seules qu'il a réceptionnées. S'il avait été plus malin, il en aurait rattrapé une ou deux, histoire de noyer le poisson. Et si j'avais été moins sur mes gardes, j'aurais pu en faire à Sion, Jason et Jared qui se seraient empressés de suivre les conneries abracadabrantes de leur maître. Sauf qu'il m'a sous-estimé, et c'est peut-être mesquin, mais je n'ai pas hésité à en profiter pour l'humilier à son propre jeu foireux.

Je suis sûr qu'il remettra ça à l'entraînement de samedi matin.

Et j'ai déjà hâte d'y être...

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