Chapitre 24 : Une proposition alléchante (2)

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Évidemment, mon premier réflexe serait de fuir, le plus loin et le plus vite possible, mais je ne peux pas laisser Aloys livré à lui-même chez moi. Ce serait du suicide. Dieu seul sait ce qu'il y ferait. Et puis, si mes parents rentraient et tombaient sur lui, dans ma chambre à coucher qui plus est, je n'ai même pas le courage d'imaginer ce qu'ils pourraient en penser...

La dernière fois qu'ils se sont adressés la parole, c'était à l'enterrement d'Arlette, et j'ai perdu le peu d'amour et de respect qu'ils avaient encore pour moi. Ce dont je ne peux même pas leur en tenir rigueur : Aloys venait de tout leur raconter au sujet de Ford... et quoi que je puisse dire pour me défendre, je n'aurais jamais le beau rôle dans cette histoire.

— Tu ne devrais pas être là, lui signalé-je bêtement.

C'est la seule chose que je parviens à articuler tant je suis pris de court, et même si je sais que c'est stupide, j'espère encore au fond de moi qu'il fasse preuve d'une minimum de maturité et qu'il reparte sans me causer plus de dégâts.

Un doux rêve.

— Tu te souviens de ce que l'on a fait la dernière fois où j'ai dormi chez toi ? susurre-t-il à mon oreille, sans prêter attention à mes paroles. Là, juste sur ton lit. J'y repense très souvent, moi...

Je déglutis, le visage brûlant de honte, et réalise avec un violent coup au cœur que c'est la première fois depuis cette nuit-là que l'on se retrouve en tête-à-tête.

Sans personne pour nous interrompre.

Sans personne pour nous séparer.

Sans personne pour m'entendre hurler.

— Tu as vraiment envie que l'on remue le couteau dans la plaie ?

Il rit contre mon cou, avant d'y planter cruellement les dents. Je frissonne et pousse un gémissement plaintif, incapable de m'en empêcher, même si je sais que ça lui fera plaisir. Une fois la douleur passée, j'esquisse un pas en arrière pour me soustraire à son emprise, mais il m'attrape par la taille et me plaque contre son torse d'où émane une légère odeur de sueur et de sang.

Je n'aurais jamais cru avoir peur de lui, mais après tout ce qu'il s'est passé entre nous et les innombrables horreurs qu'il m'a dites et infligées pour me punir de ce que mon cœur lui a refusé, rien ne me terrifie plus que sa présence.

Et rien ne me dégoûte plus que son contact.

Lui, mon ancien meilleur ami, le gars qui était comme un frère pour moi et avec lequel je me voyais écouler mes derniers jours dans une quelconque maison de retraite en Floride... il me répugne tellement que je pourrais en vomir.

Honoré de Balzac avait raison : de l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas.

Celui qu'il m'empêche de faire pour quitter ses bras.

— Tu as toujours le même goût, souffle-t-il contre ma peau humide, qu'il gratifie d'un bref coup de langue comme s'il cherchait à apaiser la souffrance aiguë de sa morsure. Celui d'une sacrée salope...

Je tente de le repousser, mais s'il est beaucoup moins costaud que Sunny, il reste tout de même deux fois plus fort que moi, si bien qu'il ne bouge pas d'un millimètre.

— Je savais que ton attitude trop sage cachait quelque chose. Tu ne peux pas t'empêcher de me tourmenter, hein ? raillé-je, préférant la colère aux sanglots qui s'entassent déjà dans ma gorge. Peut-être même que ça te fait bander. Mais laisse-moi te faire gagner du temps. Si tu es venu ici pour me rappeler mes erreurs du passé, tu peux t'en aller : j'y repense à chaque fois que j'ai le déplaisir de te croiser.

UNFAIR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant