Une petite tourterelle naquit en campagne sur le bord du fleuve. Normalement une tourterelle ne vole pas très loin ni très haut, mais celle-ci avait un don spécial : celui de voler loin et haut.
Un jour, elle voulut savoir jusqu'où elle pouvait voler. Elle vola au-dessus du fleuve. Elle était curieuse de connaître où il allait. Elle se dit pourquoi ne pas voler au-dessus du fleuve pour savoir où il va.
Elle ne monta pas très haut mais elle vola longtemps et très vite. Le paysage était magnifique. Les vagues bleues sous elle, le vent qui la portait et les montagnes d'un côté et de l'autre l'horizon. Elle vola, vola, enfin, de loin, elle aperçut un mur gris très haut. Cet objet capta son attention. Elle se dit je dois me rendre jusqu'à ce mur. Elle commençait à sentir la fatigue, mais elle continua de voler. Elle arriva tout près du mur gris. Elle s'en approcha et se posa sur le sol. Quelle surprise. Il y avait des murs partout autour d'elle, de toutes les hauteurs. Elle resta quelques instants accroupis à côté d'un des murs pour se reposer, pour reprendre son souffle et refaire son énergie. Elle finit par s'endormir et y passer la nuit. Quand elle se réveilla, il faisait clair, mais les murs cachaient le soleil, il y avait beaucoup de bruits et elle vit une grande famille de tourterelles comme elle qui se promenaient, qui cherchaient leur nourriture. La petite tourterelle se mit à chanter, mais le son de son chant ressemblait plus à une lamentation qu'à un chant de tourterelle. Les gens qui passaient s'arrêtaient pour l'écouter. Elle chantait, mais c'était plus des pleurs que des chants. Dans sa petite tête de tourterelle elle se dit : « pourquoi je suis allée si loin, pourquoi j'ai voulu aller si haut. Je suis perdue dans cet univers inconnu qui ne me ressemble pas. »
Depuis ce jour, la grande famille de tourterelles a appris le chant triste que les humains aiment tant entendre au cœur de la ville, à travers les murs gris de briques et de béton. Les humains sont habitués de voir se promener ces tourterelles et d'entendre ce chant triste, mais doux aux oreilles de ces citadins.
Après plusieurs années passées entre ces murs de béton gris, la tourterelle ne s'est jamais habituée à ces murs qui l'empêchent de voir le soleil, qui sont froids. Que peut-elle faire face à ces monstres en hauteur qui ne sont pas humains, mais qui sont construits par les hommes ? Elle ne peut que les subir. Y a-t-il une façon de se sortir de ces murs ? Peut-elle voler plus haut qu'eux? Non elle n'a pas de place pour prendre son élan et elle risque de se blesser en se frappant sur les murs. Quoi faire? Demander de l'aide, mais à qui? À ses amies tourterelles. Elle passe plusieurs jours devant le mur de béton et soudain il lui vient une idée. Elle peinture le mur, elle y met des arbres, un soleil et plein de couleurs. Depuis ce jour les autres tourterelles ont aussi peinturé les murs et c'est beaucoup plus facile d'y vivre et beaucoup plus joyeux.
Un jour la petite tourterelle en a eu assez de tous ces murs de ciment. Elle emprunta une ruelle qu'elle n'avait jamais prise. Elle marcha dans l'ombre, il faisait sombre parce que les murs cachaient le soleil. Au bout de la ruelle elle découvrit un parc, vert, tout plein de verdure. Il y avait de la pelouse partout, des beaux arbres, des fleurs et une vue où elle voyait très loin. Elle vola jusqu'à un érable et elle regarda autour d'elle et elle vit que c'était beau et elle comprit qu'elle venait de découvrir un endroit où elle pourrait vivre et se sentirait bien. Tous les murs de béton étaient derrière elle. C'était la nature qui l'entourait maintenant, il n'y avait plus ces murs de béton fabriqués par les humains à leur profit. Elle vécut dans le parc pendant plusieurs mois, mais tout à coup, la température changea. Le vent devint plus fort et la pluie ne cessait plus de tomber. La petite tourterelle avait froid, les oiseaux autour d'elle commençaient à partir. Elle se demanda quoi faire. Allait-elle rester là? Elle se souvint des années passées à travers les murs de ciment où elle avait connu la neige et le froid. Que les murs de ciment l'avaient protégée. Quoi faire? Devait-elle retourner à l'intérieur de ces murs après avoir vécu dans la nature? Où aller, sans qu'il y ait trop de contraintes humaines, où il fait bon vivre toute l'année.
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