21 - My sorrow

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Retour point de vue d'Oria.
TW : Anxiété, sujets lourds.


J'ai mal. Ma poitrine me fait tellement mal, c'est insoutenable. Ma peau me démange à tel point que j'ai envie de me gratter jusqu'au sang. C'est toujours comme ça quand je suis prise d'anxiété, mais là, il s'agit de bien plus. J'ai honte, tellement honte de moi. J'ai brisé la personne que je rêvais d'avoir à mes côtés depuis mon plus jeune âge. Tout ça parce que j'ai trop peu confiance en moi pour penser que l'on puisse m'aimer. Il aurait fallu que je l'appelle, que je lui demande une explication suite à ce message. Sauf qu'au lieu de ça, j'ai commis la plus grosse connerie de toute ma vie. Mon cœur peine à battre depuis ce soir-là, celui où j'ai vu Ulysse pour la toute dernière fois. La colère et la peine que ses yeux montraient m'ont tuée de l'intérieur. J'avais déjà perdu Eve, maintenant Ulysse, Lou me parle à peine depuis l'incendie et Elias n'essaie même pas de me parler. Je me sens seule, mais je l'ai mérité. Je n'ai pas à me plaindre, j'ai cherché tout ce qui m'arrive, d'une manière ou d'une autre.

— Chérie ? Tu veux manger quelque chose ? me demande ma mère en passant la tête par l'ouverture de la porte.

Manger ? Je n'ai presque rien avalé ces dernières semaines. La boule dans mon estomac ne veut pas partir, ce qui fait que j'ai clairement perdu l'appétit.

— Je vais commander une pizza, ne t'en fais pas ! dis-je, en tentant d'être la plus joviale possible.

Elle n'en croit pas un mot.

— Très bien, je dois sortir régler quelque chose à la banque, si tu as besoin, appelle-moi ma puce, d'accord ?

J'acquiesce en souriant faiblement, et je la vois partir, peu convaincue de mes faux-semblants. Pendant les heures qui ont suivi, je suis allée marcher dans le quartier, histoire de prendre un petit bol d'air. Le chant des oiseaux est magnifique. Le soleil se couche presque et cela me rappelle qu'il s'est passé une journée de plus, sans nouvelles de celui que j'aime. Je me hais, de tout mon être bordel. J'ai souffert le martyre avec Carter, et me voilà, presque aussi minable que lui. Ma peau saigne, j'ai sûrement trop forcé dessus aujourd'hui, cela me fait un mal de chien. En revenant, j'aperçois qu'Elias est sorti, encore une fois. J'ai la vague impression qu'il fait tout pour m'éviter. Je ne lui en veux même pas honnêtement, je le comprends à cent pour cent à vrai dire.

Toute la soirée, je reste à grignoter des trucs sûrement périmés que j'ai trouvés dans le placard. J'ai littéralement aucune motivation pour cuisiner quoi que ce soit. Les chaînes passent et passent, mais aucun programme n'arrive à me tenir concentrée assez longtemps pour éviter de penser à tout ce qui me ronge. Soudain, je tombe sur une rediffusion du film "Easy A". Feuilleton que j'avais adoré plus jeune. Je pique presque du nez quand la scène où la protagoniste du film se met à parler à la caméra et qu'elle tourne une vidéo en direct pour que tout son lycée et ses proches la voient. Alors d'un coup, ça fait tilt dans ma tête. Si personne ne veut me répondre, si aucun des concernés ne veut avoir de conversation constructive pour arranger les choses, alors je vais leur parler moi-même directement.

Sans perdre une seconde, je me précipite vers l'escalier. Je monte les marches deux à deux, ma main glissant sur la rampe pour garder mon équilibre. Arrivée à l'étage, je file droit vers ma chambre, fermant la porte d'un coup sec. Mon cœur bat à tout rompre. Je jette alors mon plaid sur le lit sans m'en soucier une seconde, et dirige mon attention vers mon bureau. Mon ordinateur portable est posé là, en attente. Je l'ouvre avec des gestes fébriles, et j'appuie frénétiquement sur le bouton d'alimentation. L'écran s'illumine enfin et je me penche pour ajuster la position de la webcam. J'aperçois enfin mon reflet sur l'écran, l'air encore essoufflée. Le logiciel de la webcam s'ouvre enfin et je prends une grande inspiration pour calmer les battements de mon cœur. Je clique sur le bouton d'enregistrement et commence à parler, le regard plein de détermination. C'est le moment de partager ce que j'ai sur le cœur.

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