18 - Bullshits

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Oria


Je tourne en rond, sans m'arrêter une seule seconde. Comment ai-je pu en arriver là ? Je me dégoûte, comme jamais auparavant. Ce soir, j'ai fait l'une des pires erreurs de ma vie. Une connerie de gamine prépubère qui pense que la vengeance est la solution à tout dans la vie. À peine deux heures après ma rupture foudroyante avec Ulysse, j'ai couru dans les bras d'un autre. Ceux de Victor, le pire garçon avec qui je pouvais fauter. De tous les mecs du campus, il fallait que je fasse la bêtise monumentale de flirter avec celui dont Ulysse m'a sauvé. Bordel Oria, tu es pathétique, vraiment pathétique.

En rejoignant Lou, les jambes tremblantes, je me rends compte instantanément que quelque chose ne va pas. Elle me toise étrangement et je peux sentir le malaise entre nous sévir. Putain, il se passe quoi encore ?

— Oria... murmure Lou, en me prenant par le bras pour m'inviter à la suivre. Tu es au courant, j'espère ? Tu viens de te mettre dans une merde monstre ce soir... me prévient-elle, en regardant par-dessus mon épaule.

Je me retourne et mon sang se glace en un instant. Ulysse est là, autour du feu, le regard rivés sur moi. L'intensité de la couleur de ses cheveux se reflète grâce aux flammes et lui donne un aspect démoniaque. Il sait, il sait ce que j'ai fait. Je recentre mon attention sur mon amie qui, à ce que je vois, est particulièrement éméchée ce soir. Ce qui n'arrange pas ma situation.

— Lou, je te jure, rien n'était prémédité ! Puis d'accord. Ce n'est pas fou ce que j'ai fait, mais il m'a quitté sans aucune explication ! je panique, en étant prise de violentes bouffées de chaleurs.

Mon excuse est merdique, comme mon comportement, mais sentir les foudres qui s'abattent dans mon dos ne m'aide pas à dire des choses très cohérentes. J'ai envie de partir en courant et de me cacher dans le premier fossé que je croiserais. Mais je ne peux pas faire ça, il faut que j'assume les merdes que je fais dans ma vie. En l'occurrence là, j'ai réellement tout foiré, littéralement.

— Écoute Oria... Je suis ton amie et c'est mon devoir de te dire les choses comme elles sont. Tu as clairement fait n'importe quoi, et je comprendrais qu'Ulysse ne t'adresse plus jamais la parole à nouveau, me confie-t-elle, sans prendre une seule seconde des pincettes. Certe, il a mis un terme à votre relation de manière débile et insignifiante, mais allez embrasser un type deux heures après... Qui plus est, Victor, Oria, VICTOR ! s'écrie Lou, avec une expression de dégoût sur le visage.

Elle a raison, sur tout, et j'en suis consciente. Alors, sans même prendre le temps de répondre à ma copine, je me retourne et pars la tête haute en direction de l'homme dont je suis vraiment amoureuse. Ses yeux hypnotisant me brûlent toujours l'épiderme et son visage impassible commence sérieusement à me faire flipper. Je ne l'ai jamais vu comme ça, pas même quand Elias et lui s'étaient fait la gueule pendant plus d'un mois. Mon cœur, comme à son habitude, va sortir de sa poitrine tellement je suis stressée. Mon être se brise quand une jeune femme s'approche d'Ulysse, en papillonnant des cils. La belle brune commence à danser vers lui, tout en se dandinant d'une manière assez douteuse pour être honnête. Or, je suis soulagée de voir qu'il ne la calcule pas et que ses yeux sont toujours plongés dans ma direction. Putain, à quoi il joue ce con. La fille se frotte de plus en plus à son corps, roulant des hanches vers son bassin, ce qui, je suis sûre, lui procure un certain plaisir. Je crois que je vais avoir la nausée. Je me sens impuissante, car je ne suis pas mieux. Je ne peux pas me permettre de lui en vouloir de me faire souffrir. Surtout, je n'ose pas imaginer une seule seconde ce qu'il a dû ressentir quand il nous a vus, moi et ce connard de Victor. S'il m'aime vraiment comme il le radote à longueur de temps, son cœur a dû se briser en mille. Comment ai-je pu être aussi stupide, si égoïste ?

Soudain, je ne pense plus à rien. Mon seul objectif est de comprendre comment nous avons pu en arriver là. Alors si faire les mêmes erreurs que moi peut le soulager, qu'il se fasse plaisir. Mais qu'il ne compte pas sur moi pour regarder. Je suis plus que certaine que mon stupide frère a quelque chose en lien avec toute cette merde. Je le connais si bien, qu'il a dû comprendre pour moi et Ulysse, puis il a probablement vrillé. Comme à son habitude, il a dû être convaincu que je n'étais pas assez grande pour gérer le fait d'avoir un petit ami. J'en mettrai presque ma main à couper !

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