19 - Your fault

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Oria



Il est là, les mains dans les poches, adossé au petit muret en face de chez moi, l'air pensif. Ulysse ne lève pas tout de suite les yeux dans ma direction, ce qui ne cesse d'augmenter la peur que je ressens au fond de moi. Pourquoi est-il venu ? La fille qui le collait à la soirée ne l'intéresse-t-elle plus ? Je regrette immédiatement de penser de cette manière, alors que quelques heures auparavant, j'étais presque en train de m'envoyer en l'air contre un arbre. Rien que d'y songer, j'ai envie de vomir. Je me racle la gorge pour lui faire comprendre que je suis là, mais il ne lève toujours pas la tête dans ma direction. Génial, je ne pouvais pas être plus mal à l'aise. Il pleut ce soir, Ulysse est complètement trempé, ce qui le rend encore plus sexy que d'habitude. Putain, comment est-ce possible ? Les gouttes d'eau viennent refroidir la peau de mon visage, ce qui est fortement agréable au vu du stress qui me gagne. J'avance d'un pas hésitant vers lui, avant d'arriver enfin à sa hauteur.

— Salut, dis-je, d'une voix à peine audible.

— Épargne-moi les politesses, Oria, tranche-t-il, d'une voix plus sombre que jamais.

Merde.

— Écoute, je n'ai aucune excuse, Ulysse, alors à quoi bon te dire que ce n'est pas ce que tu crois ? Ça l'était clairement ! J'ai cru que tu m'avais quittée alors...

— Tu as décidé d'aller faire l'amour dans les bois avec un homme dont j'ai essayé de te protéger ? me coupe Ulysse, en ricanant légèrement.

Il a raison, c'est pathétique. Je ne sais même pas pourquoi je parle. Je devrais le laisser me cracher tout son venin au visage et ne pas prononcer un mot. Au lieu de ça, à peine j'ouvre la bouche, des conneries en sortent instantanément.

— Victor, il fallait que ça soit Victor... rumine-t-il en passant ses mains dans sa chevelure de jais. Et moi qui croyais qu'on commençait à construire quelque chose de réel, putain !

— C'était le cas ! Ulysse... je l'implore, en tentant de poser mes mains sur son torse, qu'il retire en une fraction de seconde. Je suis tellement désolée, je te le jure ! Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je me dégoûte moi-même si ça peut te rassurer ! j'explique, la voix tremblante à l'idée de le perdre.

Une larme coule le long de sa joue, et dire à quel point ça me brise le cœur n'est même pas possible. Lui, qui a été si gentil, si protecteur avec moi, s'est fait trahir en moins de deux mois de relation. Par celle dont il est amoureux depuis ses quinze ans.

— Je sais et je suis consciente que tu ne pourras pas me pardonner, mais je te jure que la seule personne que je veux à mes côtés, c'est toi, Ulysse. Pas Victor ni personne d'autre, seulement toi, je lui avoue, les yeux rivés dans les siens.

— Tu sais ce qui me rend le plus triste dans cette histoire ? dit-il doucement en s'approchant dangereusement de moi. C'est que je me suis tué à courir partout toute la soirée pour te retrouver et t'expliquer qu'il ne s'agissait pas de moi. Pendant ce temps, toi, tu t'amusais à foutre ta langue dans la gorge de ce fils de pute ! crie-t-il soudain, sa voix se brisant un peu plus à chaque syllabe.

Mon cœur s'éteint avec ces mots. La peine que lui provoquent mes actes horribles me glace sur place. Je l'aime, tellement. Je m'en veux tant, le chagrin inonde mon cœur soudainement. Les remords me serrent le cœur, me rappelant la douleur que j'ai infligée à celui que j'aime. Chaque mot prononcé dans sa colère résonne maintenant comme un écho de regret. Je voudrais pouvoir remonter le temps, effacer mes erreurs, mais je sais que c'est impossible. La trahison que j'ai commise pèse lourd sur moi, comme un fardeau insupportable. Je donnerais tout pour pouvoir réparer les dégâts, pour pouvoir retrouver ne serait-ce qu'un fragment de son amour. Mais pour l'instant, je dois affronter la réalité de mes actes et trouver un moyen de guérir les blessures que j'ai causées, même si cela signifie affronter la désapprobation de celui que mon cœur désire ardemment.

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