Chapitre 15 : Sarinah

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Sarinah

Je commence doucement à reprendre connaissance. La première chose que je ressens, c'est la lourdeur oppressante de mes membres, comme si chaque muscle était pétrifié, figé par une force invisible. Une douleur sourde pulse dans mes poignets, m'indiquant que quelque chose ne va pas. Je tente de bouger, de libérer mes bras, mais en vain. Ils sont solidement attachés. Je me sens piégée, enfermée dans une camisole mentale, une prison qui me retient dans l'obscurité de mon esprit.

Avec une immense difficulté, j'ouvre les yeux, cherchant désespérément un repère, une lueur qui pourrait m'orienter. La lumière est faible, tamisée, mais assez vive pour révéler l'horreur de ma situation. Mes bras sont attachés à un pilori, un ancien dispositif de torture en bois, usé par le temps, mais encore assez robuste pour me maintenir prisonnière. L'odeur du bois moisi et de la pierre froide me remplit les narines, ajoutant une touche macabre à la scène.

— Tu es réveillée ? me demande une voix profonde, familière, celle de Goliath qui se tient à quelques mètres de moi, également attaché.

— Oui... Que s'est-il passé ? Je peine à articuler mes mots, ma gorge est sèche, ma voix rauque, comme si je n'avais pas parlé depuis des jours.

Goliath soupire lourdement, ses traits fatigués. Ses yeux, d'habitude si vifs, sont ternes, comme si une ombre y avait pris place.

— C'est Griselda, m'explique-t-il. Elle est passée du côté obscur de la force.

— Hein ?

— Elle est devenue une sorcière noire.

— Je n'y comprends fichtrement rien, mais ne fais pas attention. Comment sommes-nous arrivés ici ?

— Je ne sais pas trop. Elle a envoyé sur nous des espèces d'ondes bizarres et d'un coup, on s'est réveillé ici. Est-ce que de ton côté tu vois le prince ?

Je secoue la tête puis me rappelle qu'il ne me voit pas forcément.

— Non.

La peur s'installe, froide, acérée. Faeryn, le prince féetaud, notre espoir, notre guide, a disparu. S'il est tombé entre les griffes de Griselda, que va-t-il advenir de nous ? Un frisson me parcourt l'échine, mais je tente de me ressaisir. Ce n'est pas le moment de céder à la peur.

— Il faut qu'on trouve un moyen de se barrer d'ici. Les pierres ont disparu donc je suppose qu'elle les a récupérées.

À cet instant, une silhouette svelte et sombre émerge de l'ombre, s'avançant doucement vers nous. Sa présence impose un silence lourd, chargé de tension.

— En effet, acquiesce la dénommée Griselda en arrivant dans mon champ de vision. Bonjour, vous avez bien dormi ?

Sa voix est douce, presque mélodieuse, mais elle est teintée d'une froideur qui me donne des frissons. Cette femme n'est plus celle que nous avons connue.

— Auriez-vous l'amabilité très aimable d'accueillir vos invités de manière plus bienveillante, chère madame ? lance-je d'une ironie mordante.

— Non. Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous tuer, je vais juste effectuer quelques petites expériences.

Ses paroles sont légères, presque nonchalantes, comme si ce qu'elle s'apprêtait à faire n'était qu'un simple jeu. Pourtant, je sens une vague de terreur monter en moi. Par je-ne-sais-quel-moyen, elle nous empêche de parler puis claque des doigts et nous nous trouvons au bord d'un précipice, accrochés par les jambes, à l'envers. La gravité joue avec mon corps, me tirant vers l'abîme en contrebas. Le monde se renverse, et pendant une fraction de seconde, je perds tout sens de l'orientation —comme si je n'en étais déjà pas dépourvu avant—. Mon sang se précipite vers ma tête, ma vision devient floue, et une sensation de vertige s'empare de moi.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant