5. Perles, poèmes et dentelle

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Roselita

Michaela sort de notre chambre, puis Ivy me laisse passer. Je la remercie et elle me sourit en retour. Ivy ferme la porte. Nous avançons dans le couloir. Des murmures atteignent mes oreilles, recouverts d'autres voix en fond. Mes talons s'entendent. Une odeur de matière toxique atteint mes narines ; les murs ont été repeints. Je marche droit devant moi, mes iris rivées vers le fond du couloir. Michaela à ma droite est souriante, pleine de joie de vivre. Ivy a l'air sereine. Elle affiche une expression naturelle et confiante. Un sentiment nouveau envahit ma poitrine. C'est un mélange de nostalgie, de reconnaissance et d'espoir. Je me sens à ma place. Nous arrivons devant notre salle et entrons.

Michaela me propose de s'assoir à côté d'elle, ce que j'accepte avec plaisir. Ivy est assise à gauche de Michaela. Je me demande pourquoi elle a décrit M. Cannelle comme terrible ? Peut-être qu'il est juste strict, en tout cas je ne suis pas très stressée.

- Aujourd'hui, nous avons une nouvelle élève ! Ce qui signifie une nouvelle archéologue !

Archéologue ? Sans commentaires.

- Elle s'appelle Rosalina, poursuit-il.

- C'est Roselita, corrige Michaela, je la remercie d'un regard.

Tout le monde rigole. Superbe comme entrée. Après tout, j'ai l'habitude. Mes parents m'ont donné un prénom original et peu commun. Depuis ma tendre enfance, mon entourage n'a fait que s'en moquer, écorcher mon prénom ou me complimenter dessus.

- Bien, poursuit mon professeur. Voyons voir l'étymologie, il réfléchit. Ton prénom provient du mot « rose ». C'est une fleur.

Il le fait exprès ? Il pense sincèrement que j'ai passé dix-sept ans de ma vie dans l'ignorance que mon prénom vient d'une fleur très commune ? Alors qu'on me fait la remarque a presque chaque nouvelle rencontre ?

Le professeur ramasse une pile de feuilles sur son bureau et nous les distribues. Il s'agit de phrases à traduire du grec ancien au français.

- Aller, on se motive ! La première personne qui finit sa feuille aura le droit à un 10/10 en plus dans sa moyenne. La majorité des étudiants se mettent à écrire. Quant à moi, je déteste le chantage.  Cela me rappelle mes cours de philosophie en primaire. Notre professeur nous donnait une sucrerie pour une bonne réponse. Mais elle et moi ne partagions pas les mêmes valeurs. En partageant une réflexion par question posée au rythme d'une par jour, j'ai dû recevoir trois sucreries sur une année complète. Tandis que certains élèves faisaient exprès de donner une réponse qui n'avait aucun lien avec la question car ses sucreries étaient mauvaises et n'avaient aucun gout.  Donc je vais travailler, certes, mais à mon rythme. Je commence à lire le texte, en grec. Je réalise directement que je ne comprends rien.

- La première phrase est « Les rayons du soleil reflètent sur la plage », nous indique Ivy.

- Merci, je réponds.

J'essaye de continuer, mais je suis perdue. Michaela semble sonder sa feuille.

- Ça va ? Tu y arrives ?

- Non. Comme à chaque cours de Grec.

- Ce n'est pas mon fort non plus.

- Tu viens d'arriver.

- Oui, et j'ai déjà envie de quitter ce cours.

L'as de roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant