Ace
La semaine est terminée. Je n'en pouvais plus. Ma pile de devoirs ne faisait qu'augmenter de jours en jours et diminuer de nuits en nuits. Louis n'est pas là. Il est sorti au cinéma avec Crystal hier soir et n'est pas encore revenu. C'est lui qui a proposé cette sortie, mais c'est Crystal qui a choisi le film : une comédie romantique sur deux pâtissiers qui tombent amoureux alors qu'ils sont rivaux dans une télé réalité de concours de cuisine, de ce que j'ai compris. Il passe de plus en plus de temps avec elle, ces deux-là sont devenus inséparables. Après tout je ne peux pas lui en vouloir, il l'aime vraiment. Je suis donc seul, allongé sur mon lit, ma tête posée sur mon coussin. Je fixe le dessous du matelas de Louis. Notre lit à deux étages n'est pas pratique. Dès que Louis va se coucher, les lattes grincent et menace de me réveiller, de même au réveil. Je m'apprête à me préparer quand je réalise que j'ai perdu toute notion du temps en divaguant dans mes souvenirs d'enfance. Une vague de nostalgie me prend de court. Je réfléchis à ces moments qui nous paraissaient anodins mais qui était des mines d'or, comme souffler dans des bulles ou jouer aux billes. Je pense aux puzzles que ma mère me rapportait de différentes villes après être partie à cause de son métier. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. J'ai oublié de retirer ma montre hier soir. Je me lève et regarde mon poignet.
07h14
Cela fait une vingtaine de minutes que je suis éveillé. Je soupire et me dirige vers la salle de bain. Je me mouille le visage, me lave les dents et les mains et mets mes lentilles de contact. Je prends ensuite un temps pour me regarder.
Mes cheveux sont décoiffés. Je corrige en vitesse quelques boucles. Petit, je n'appréciais pas ma texture de cheveux. Maintenant, je les adore, car c'est un des rares points communs que j'ai avec ma mère. Mes cheveux châtains et mes yeux noisette proviennent des gènes de mon père. Des cernes sont présents sous mes yeux.
J'enfile un de mes habits pour le footing. Je mets mes chaussures de sport, noue mes lacets et prend mes airpods ainsi que mon téléphone. Je mets du déodorant, m'étire et laisse ma playlist se jouer. Au bout de cinq minutes, j'ouvre la porte de ma chambre et pars.
Je songe aux endroits où je pourrais aller : le parc ? La forêt ? J'opte pour la deuxième option. Il n'y a pas beaucoup d'étudiants dans les couloirs. Un groupe de filles me regardent, probablement car je suis en tenu de sport. Je ne leur prête pas attention et montre ma carte d'étudiant aux gardes, qui me laissent sortir.
*******
Je me suis perdu.
Je ne sais pas comment je fais pour toujours me perdre. C'en ai presque devenue une routine. Il faut dire que mon sens de l'orientation est douteux. Ainsi que ma notion du temps. Je sais quelle direction prendre mais jamais quel chemin. De la brume s'installe. Je devrais songer plus souvent à vérifier sur mon téléphone.
Je suis entouré de hauts arbres, la terre est humide. Des feuilles mortes jonchent le sol. Je cours en forêt. De la brume m'entoure, ce qui m'empêche d'apercevoir le décor en détail. Je m'arrête pour essayer d'apercevoir une route autour mais cela ne sert à rien. Je reprends mon souffle. Cela m'apprendra à vouloir faire des détours... Je sors mon téléphone mais je ne capte pas. Quelle ironie.
Je continue de chercher un sentier pendant près d'une demi-heure. La brume est constante. J'arrive enfin sur un chemin que je reconnais. Cela fait plusieurs fois que je cours dans cette forêt ci. Je continue donc mon trajet, jusqu'à parvenir à une grande avenue. Mon souffle est court. Ma vision se floute. Je ressors mon téléphone et je suis tout à coup inondé de notifications. Je n'ouvre pas mes messages. Je cours dans les ruelles jusqu'à me stopper net. Je risque d'entrer dans quelqu'un à cause de la brume qui se fait de plus en plus épaisse. Je m'apprête à sortir mon téléphone pour regarder ma localisation quand je vois une pancarte à ma gauche. Je peine à déchiffrer les lettres quand je déchiffre :
VOUS LISEZ
L'as de rose
RomanceRoselita change d'école pour fuir son passé, déterminée à prendre un nouveau départ. Éternelle romantique, elle est ravie d'apprendre que pour se cours de poésies, un échange de lettres se fera entre elle et un correspondant anonyme, qui s'avère êtr...