Dark Vows

Prologue

B.Departamento Administrativo Nacional de Estadística,Bogota,Colombie
9h:15
Bureau 34.

Mon cœur a raté un battement quand j'ai entendu son nom. Je savais que ce jour finirait par arriver, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit maintenant, à cet instant précis, alors que tout semblait sous contrôle. "El Sol". Deux mots. Une ombre glisse sur mon esprit, comme si toutes les cicatrices que j'avais tenté d'oublier s'étaient soudainement rouvertes.

Je reste figée un instant, incapable de répondre. Mon supérieur continue de parler, mais ses mots se brouillent, se fondent dans un bruit sourd. Tout ce que j’entends, tout ce que je ressens, c’est ce nom. Ce même nom qui a hanté mes nuits, qui représente tout ce que j’ai juré de détruire.

Je serre les poings sous la table, mes ongles s’enfonçant dans ma paume. Ne pas réagir. Ne rien laisser paraître. Je dois rester froide, concentrée. Ce n’est qu’une mission comme une autre, je me répète en boucle. Mais une petite voix dans ma tête me rappelle que c’est faux.

Mon supérieur pose enfin ses dossiers, et ses yeux se plantent dans les miens.

- Luciana, cette mission va être difficile, tu le sais.
Sa voix est calme, trop calme, comme s’il essayait de me ménager. Mais je n’ai pas besoin de douceur. Pas maintenant.

Je me redresse légèrement sur ma chaise, me forçant à afficher un masque d’indifférence.

- Je suis prête, dis-je d’un ton qui me surprend moi-même par sa fermeté.
Mon cœur bat toujours trop fort, et une partie de moi voudrait courir hors de cette pièce. Mais je ne le ferai pas. J’ai passé trop de temps à attendre ce moment. À attendre l’occasion de m’approcher de celui qui a détruit ma vie sans même le savoir.

Mon supérieur hausse un sourcil, comme s’il lisait au-delà de mes mots.

- Ce n’est pas qu’une simple infiltration. On parle du cartel le plus dangereux du continent. Tu t’approcheras de très près... d’El Sol lui-même.
Je le sais. J’ai lu les dossiers, analysé chaque détail de cette opération. Mais c’est une chose de lire son nom sur papier, et une autre de se préparer à le rencontrer. À jouer ce jeu dangereux où l’erreur n'est pas une option.

- Je le sais," répété-je, la gorge serrée. Et c'est exactement pour ça que je dois être celle qui fait cette mission.
Un silence s’installe. Je vois dans son regard qu’il hésite, qu'il doute peut-être de ma capacité à gérer la pression. Mais je ne lui laisse pas le temps de changer d’avis.

- Je veux être celle qui l'attrape. Qui met fin à tout ça.
Ma voix tremble légèrement sur ces derniers mots, mais je les dis quand même, parce que je sais que c'est la vérité. Parce que depuis des années, cette mission est tout ce qui me maintient debout.

Il soupire, résigné.

- Très bien. Mais souviens-toi de la règle d’or, Luciana : ne te laisse jamais trop embarquer. Tu es là pour le neutraliser, pas pour te perdre dans leur monde.

Je hoche la tête, mais au fond de moi, quelque chose frémit. Parce que je sais que, pour cette mission, je vais devoir me perdre un peu. Peut-être plus que je ne le pense.