1

20 3 1
                                    

Je regarde autour de moi, une légère nausée montant alors que l'odeur d'humidité et de renfermé s'accroche à ma gorge. Le motel est aussi répugnant que je l'avais imaginé en réservant une chambre ici. Le plafond est marqué de taches brunâtres, des traces de fuite d'eau anciennes qui dessinent des motifs irréguliers sur le plâtre jauni. Le papier peint, autrefois d'un vert pâle, se décolle par endroits, révélant des murs moisis en dessous. Je marche pieds nus sur la moquette râpeuse et collante, essayant de ne pas penser à ce qui pourrait s'y cacher.

La lumière du jour perce à peine à travers les rideaux lourds et sales, jetant une teinte terne sur les meubles fatigués. Une commode en bois bancal trône à côté d'un lit grinçant, couvert d'un drap dont la propreté est... discutable. Une odeur de tabac froid et de désinfectant bon marché flotte dans l'air, et un ventilateur au plafond tourne lentement, créant un bruit incessant et hypnotique.

Je soupire, me tournant vers le miroir au-dessus du lavabo. Le reflet que je vois est celui d'une femme que je reconnais à peine. Ma peau est plus pâle que d'habitude, mes cheveux, bien que soignés, semblent lourds de tout ce qui m'attend. Je dois être prête, me rappelle-je. C'est maintenant que tout commence.

Je m'assois sur le bord du lit, ma tenue éparpillée à côté de moi : une robe noire, moulante, qui crie plus "danger" que "confort", mais c'est précisément l'effet recherché. C'est ainsi que je dois apparaître dans le bar ce soir - attirante, dangereuse, inaccessible.

Mon téléphone vibre sur la table de chevet, et je l'attrape immédiatement. Un sourire me traverse le visage en voyant le nom de Sara s'afficher sur l'écran. Ma meilleure amie, celle qui m'a toujours soutenue dans ce qui est probablement l'une des décisions les plus risquées de ma vie. Je glisse mon doigt sur l'écran pour accepter l'appel vidéo.

- Tu es prête ? me demande-t-elle sans préambule, l'inquiétude perçant dans sa voix malgré le sourire qu'elle essaie de maintenir. Son visage familier, encadré par ses cheveux bruns, apparaît à l'écran. Elle est assise dans une petite salle de bureau, probablement en train de jongler entre son propre travail et le fait de s'assurer que je ne perde pas pied.

- Autant que possible, dis-je en haussant les épaules, même si mon ton est plus confiant que je ne le suis réellement. "Cet endroit est... charmant." Je laisse échapper un rire nerveux tout en balayant la pièce du regard pour lui montrer la misère du lieu.

Elle grimace en voyant les détails du décor.

- Oh mon Dieu, tu m'as bien dit que tu resterais dans un endroit minable, mais je ne pensais pas que ce serait si minable. Comment tu peux rester là-dedans ?

- C'est le prix à payer pour se fondre dans le décor, je réponds en m'allongeant brièvement sur le lit, le matelas émettant un grincement insupportable sous mon poids.

- Pas d'hôtel de luxe pour l'instant. Je suis censée être une femme sans histoire, pas une princesse.

Sara secoue la tête, toujours inquiète malgré la plaisanterie.

- Je sais, mais tu sais aussi que tu n'es pas obligée de tout faire seule, pas pour cette première mission. C'est... énorme, Luciana. El Sol... ce n'est pas un petit poisson.

Son ton sérieux me fait frissonner. J'évite son regard en me redressant et en attrapant la robe noire.

- Je sais. Mais il faut que ce soit moi, tu comprends ? Personne d'autre. Et je dois me rapprocher de lui. Le plus près possible.
Je sens ma voix vaciller un peu, alors je m'arrête. Ce n'est pas le moment de montrer mes faiblesses. Pas devant Sara.

Elle me regarde en silence un instant, puis ses traits se détendent.

- D'accord, d'accord. Mais n'oublie pas la règle. Je te préviens, si je n'ai pas de nouvelles à la prochaine date, je débarque, mission ou pas

Dark VowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant