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« Il pleut. Les rideaux se soumettent brutalement à la puissance du vent. Les tonnerres grondent mais la télé encore plus. Ma mère est assise sur le canapé, les yeux rivés sur Le corps du désir, sa série préférée. Même l'orage ne saurait la décourager.
Assise sur le sofa, Lewis, mon doudou, prend refuge dans mes bras. Mes yeux aussi sont rivés sur l'écran. Difficile de dire si cette série m'intéresse ou pas. Mais ce que je sais en revanche, c'est que mon père, assis sur le sofa à mes côtés, serait prêt à tout pour voir son match de football. Mais il ne peut en réalité rien faire face à "Barbara, sa femme sans cœur".

Alors que je serre Lewis un peu plus fort, une tension étrange monte en moi. La télévision gronde encore plus fort, mais un fracas vient soudain déchirer l’air. La porte d’entrée explose dans un bruit assourdissant.

Ma mère pousse un cri, se levant d’un bond du canapé. Mon père, figé un instant, se redresse, mais il est trop tard. Une dizaine d'hommes armés et cagoulés s’engouffrent dans notre maison.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je ne comprends pas ce qui se passe, mais une terreur froide me paralyse. Ma mère se tient devant la télévision, son corps tendu, comme si elle voulait protéger l’écran, ou peut-être elle-même, du danger qui envahit désormais notre maison.

Mon père, toujours assis à mes côtés, est tétanisé. Il ne dit rien, mais son regard est différent. C'est un regard rempli de haine ? Ou de peur ? Je ne sais pas.

Un autre homme attrape brutalement ma mère par le bras et la tire vers lui, la faisant trébucher. Elle tente de se débattre, mais il la plaque contre le mur avec une violence qui fait trembler toute la maison.

Le son de la télé, encore allumée, devient soudain insignifiant face aux hurlements de ma mère. Je sens les larmes me monter aux yeux, mais je n’arrive même pas à pleurer, tellement la peur me serre la gorge. Mon père se lève enfin. Je serre un peu plus fort son bras et me réfugie dans son dos.

Soudain, un homme entre dans la maison. Sa présence prend toute la place. Je m’étouffe presque et serre Lewis contre ma poitrine, comme si mon doudou pouvait me protéger d'eux.

L’homme qui vient d’entrer est grand, massif, et sa présence semble aspirer tout l’air de la pièce. Même parmi les autres intrus, il se démarque. Son manteau noir, trempé par la pluie, dégouline sur le sol, laissant une traînée d’eau derrière lui. Ses épaules larges et son torse puissant semblent presque étirer le tissu épais, et malgré la cagoule qui couvre la moitié de son visage, je peux distinguer une partie de son expression.

Ce sont ses yeux qui frappent le plus. D’un bleu glacial, presque surnaturel, ils transpercent la pièce comme deux lames affûtées.

Ses lèvres, que l’on peut à peine apercevoir, sont figées dans une expression de froide indifférence. Il dégage une aura implacable, un calme terrifiant.

Son regard balaie la pièce lentement, et lorsqu’il s’arrête sur ma mère, toujours plaquée contre le mur, quelque chose change dans ses yeux...

Je sens mes jambes se dérober sous moi, mon cœur battre si fort que je crains qu’il n’explose. Mais au moment où l’homme avance vers nous, un bruit déchire l’air. Un coup de feu ? Non… c’est autre chose.

Soudain, tout devient noir.»


Je me réveille en sursaut, suffoquant. Mon cœur tambourine encore contre ma poitrine, comme s’il cherchait à s’échapper. J’étouffe un cri, mes mains tremblantes s’accrochent aux draps humides de sueur. Ma respiration est rapide, chaotique, et il me faut quelques secondes pour comprendre où je suis.

Dark VowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant