Te Vénérer

Le courage de revenir

Le Sorcière Hebdo de mercredi avait apaisé les articles sur Drago et Harry espérait vraiment qu'il aurait désormais la paix. Pansy ne lui avait pas reparlé et Hermione était restée très vague, lui assurant simplement qu'il ne fallait pas qu'il fasse de grand geste de suite. Pourtant, comme il mourrait d'envie d'aller à sa rencontre ! Et il ne savait plus quoi faire. Il voulait écrire sur cette frustration, mais il craignait que cela pousse Drago dans ses retranchements. Seulement, il avait toujours voulu écrire vrai, pour lui, pas vraiment pour quelqu'un d'autre, mais Drago... Oh il ne se lassait pas de répéter son nom dans sa tête, lorsqu'il le faisait, il sentait sa langue esquisser un mouvement, comme n'étant pas certaine qu'elle doive vraiment intervenir. Et ce mouvement, rond, l'apaisait désormais. Drago, Drago, Drago, Drago... Putain, il était mordu !

Mais il allait faire tout échouer... Il était évident que Drago attendait de lire son prochain poème, mais... Mais il ne pouvait pas, ne pouvait plus, il était totalement bloqué, bloqué par son sujet, bloqué par ses émotions qui étaient trop fortes, trop intenses pour exister. Aucun mot ne pouvait les contenir et chaque fois qu'il essayait, il n'en tirait que plus de frustration. Pourtant... La rédaction de la Gazette littéraire bouclait aujourd'hui, à midi. S'il n'avait rien envoyé...

Mercredi soir il était sorti fêter la démission de Ron avec leurs ami·es, jeudi il avait eu trop la gueule de bois pour écrire, vendredi c'était la fête surprise de Ron au ministère, hier c'était la fête surprise de Ron au Terrier et aujourd'hui, c'était la merde...

Harry se força à s'installer devant son carnet et à écrire mais... Que voulait-il bien lui dire ? Qu'il était désolé de l'avoir brusqué ? Il l'était mais... en même temps pas vraiment, il n'était absolument pas désolé de l'avoir déshabillé sous les étoiles, de l'avoir embrassé, caressé, de l'avoir fait gémir... Il allait juste finir par un poème porno s'il continuait à penser comme ça, mais... le parfum de Drago lui revenait, la fraîcheur du savon de sa peau, l'odeur chaude de sa chemise repassée, la fragrance fine de pomme dans ses cheveux, la bouffée enivrante qu'il était, un mélange de savon et de doux musc, et puis...

Oh non, il ne devait pas, il devait écrire ! Écrire un poème qui ne ferait pas fuir Drago dans la minute et clairement ce qui lui traversait l'esprit actuellement, c'était trop... Trop pour lui-même, il n'arrivait plus à se concentrer, revoyant en boucle le visage de Drago gémissant sous les étoiles... Merde, c'était une obsession...

Il lâcha son stylo bille et défie sa boucle de ceinture, les doigts hâtifs. Il arracha quasiment son bouton et poussa la braguette pour se prendre en main. Il lâcha un gémissement, son corps à la fois soulagé et à la fois encore plus en tension qu'avant. Il imagina les lèvres de Drago qui l'embrasserait fermement à la place de ses doigts. Comme il aimerait que ce soit Drago ! Il aurait sa main dans ses cheveux blonds, et il était quasi certain qu'après, ses doigts sentiraient la pomme. Il imaginait ça parfaitement, trompant son cerveau, ce n'était pas la chaleur de sa main dans laquelle il plongeait inlassablement, c'était dans la bouche de Drago. Ce n'était pas son doigt humide qui traçait des cercles lents, c'était la langue de Drago. Ce n'était pas sa propre main qui venait de se planter dans les boucles de son pubis, c'était celle de Drago avec ses longs doigts fins crochetés à lui. C'était Drago qui le faisait frémir, c'était... Drago, Drago, Drago !

Il jouit bruyamment, criant son nom à haute voix.

Il revint à lui doucement, à regret, il était seul. Il n'avait toujours pas écrit et maintenant il devait en plus aller se doucher. Quel idiot de s'être laisser emporter comme ça, il n'avait pas le temps, il lui restait à peine trois heures avant le bouclage de la rédaction ! Trois heures et son plaisir personnel était passé avant Drago, avant la réponse à sa lettre !