Chapitre 14

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C'est la première fois qu'il utilise mon vrai prénom depuis que j'ai retrouvé mes souvenirs.
Il commence à renforcer sa prise sur ma mâchoire, ça fait mal bon sang.

- arr...arrête

- cet enfant, c'est...ton cher Ezio

Je l'ai compris à partir du moment où il a parlé du Corte Vil mais je refuse d'y croire.

- n...non

- oh mais si, c'est bien lui, mon demi-frère, le chef de ta précieuse favela

C'est un couchemar.

- durant toutes ces années, j'ai surveillé ses moindres faits et gestes, j'avais la haine de le voir grandir et s'épanouir avec notre père et sa mère alors que moi, je n'avais plus rien alors j'ai cherché plusieurs moyens pour me venger, pour lui ôter son énorme sourire et tu sais quoi ? j'ai trouvé, j'ai bien vu qu'il aimait énormément sa mère comme moi j'aimais la mienne, une idée m'est donc venue, rit-il

Je le regarde horrifiée en devinant ce qu'il a fait.

- non... tu...tu_

- je l'ai tué oui, j'ai payé un tueur à gage et il l'a tué, je me suis délecté de la souffrance que j'ai vu dans le regard de mon petit frère lorsqu'il a appris la nouvelle, n'est-ce pas une excellente revanche ?

Je suis paralysée d'effroi par tout ce qu'il raconte.
Il a tué la mère de Ezio ?, meu Deus.

- m...monstro ( monstre )

- monstro ?, l'homme qui a conduit ma mère au suicide lui ne l'était pas ?, s'énerve t-il

- vôce é louco ( tu es fou), murmuré-je abasourdie

J'ai l'impression d'être face à un animal assoiffé de sang.
Il est dans un état second.

- RÉPOND QUAND JE TE PARLE !

Ses yeux me fixent mais c'est comme si son esprit n'est plus présent.
Sa prise sur ma mâchoire devient plus ferme que jamais, j'ai mal ce qui provoque un nouveau flot de larmes sur mes joues

-je...arrête s'il...s'il te plaît...mal

Avec mes deux mains liées, j'essaie de dégager sa prise mais c'est inutile.
Après quelques secondes où j'ai crû frôler la luxation de mâchoire, il revient à lui et me lâche immédiatement.
Même si j'ai la peau bronzée, ses doigts ont laissés des traces rouges, signe que sa prise était vraiment forte.
L'endroit me brûle douloureusement et mes larmes ne veulent pas s'arrêter, c'est horrible.

- ne pleure pas bébé, je suis désolé, dit-il avec une pointe d'inquiétude ?

Je l'ignore et tente de me calmer pendant qu'il se rassoit sur le lit un peu plus loin.
Cesario me fait vraiment flipper, il est émotionnellement instable, en plus il a tué la mère de Ezio, je n'arrive pas à le croire.
Le pire c'est qu'il continue de raconter l'histoire comme s'il parlait du beau temps alors qu'il vient de me faire mal.

- mon plaisir n'a pas duré, peu de temps après mon père aussi est mort de maladie, sa place est donc revenu à Ezio qui n'a jamais oublié la perte de sa mère, j'aimais voir cette douleur dans ses yeux, ça me réconfortait car on était deux à souffrir, mais tout à changé lorsque tu as commencé à être proche de lui, oui et ça m'a mis en rogne plus que jamais, le voir sourire et rire de nouveau, pourquoi lui il en avait le droit et pas moi ? Ma soif de vengeance s'est accrue, j'ai donc passé un accord avec Tomàs, s'il me livrait Morro do alemão et toi, je lui verserais une somme assez importante pour l'évolution de son trafic mais cet imbecile est mort sans rien accomplir de ce que je lui avais demandé, donc j'ai moi même pris les rênes de son gang, ça a été facile vu ma fortune, enfin à la tête du Tercio de Fuego, j'ai demandé à mes hommes t'attaquer Morro do alemão et de t'amener à moi mais encore une fois ça n'a pas marché, ça a été une aubaine lorsque j'ai su que le Corte Vil comptait attaquer Morro da Baiana notre base, j'ai alors envoyé Alexandra qui était une de mes espionnes dans le gang de Ezio te chercher quand le gang de ce dernier était parti pour l'attaque mais cette salope t'as fait du mal et a failli tout foutre en l'air alors je l'ai tué et je t'ai pris avec moi

Les souvenirs de mes derniers instants avant de perdre connaissance au QG du Corte Vil me reviennent, les coups de feu, le sang, j'ai envie de vomir.
Alexandra était donc une traîtresse comme Mikael...
Elle est donc vraiment morte, je la détestais mais je ne lui ai jamais souhaité cette fin. Cesario n'a donc aucune pitié ?
Et Mikael, je pensais que c'était lui le remplaçant de Tomàs ?

-  Mikael...

-  Mikael ? il travaille maintenant pour moi, j'ai juste répandu cette fausse information selon laquelle c'est le remplaçant de Tomàs pour ne pas attirer l'attention de mon frère

- alors il ne sait pas...

- qu'il a un frère ? effectivement il ne sait pas, je lui réserve la surprise pour très bientôt, rigole t-il

- n'ose pas le toucher !, m'énervé-je brusquement

- tu t'inquiète pour une personne qui n'a jamais cherché à savoir où tu étais ?

-...

Ça, ça fait mal.
Je ne sais pas si c'est vrai mais ça fait vraiment mal.

- tu sais ?, t'avoir avec moi a atténué ma soif de vengeance, au début je voulais t'enfermer ici mais plus je te regardais plus tu éveillais ma curiosité, je voulais comprendre comment tu arrivais à lui redonner son sourire, quand tu es sorti du coma, je t'ai observé chaque jour et je l'ai compris, tu as cette chose qui attire, ton âme est pure Paloma, je me suis demandé " comment une personne qui a grandi dans la violence et le vice des favélas a pu garder une âme aussi intacte ", tu m'as séduit, alors je ne pouvais que tomber pour toi

Je ne le regarde pas mais je peux sentir son regard de braise sur moi, autre fois ça m'aurait fait sourire mais là tout de suite, j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou.

- Paloma

-...

- regarde moi

Je ne sais pas pourquoi mais je le regarde, il me regarde également, ses yeux brillent de fougue.

- tu pense qu'avec tout ça, je vais te laisser partir ?

-...

- surtout que tu portes notre enfant ?

Il recommence à s'approcher mais je descends du lit et me colle au mur à côté de la tête du lit.
Heureusement que la chaîne est un peu longue.
Je ne veux plus qu'il me touche.
Il est complètement cinglé, j'ai vraiment épousé cet homme ?
Je veux rentrer chez moi plus que jamais.

Il ne dit rien face à mon action mais se lève également du lit.

- je ne voulais pas te blesser tout à l'heure, soupire t-il en changeant de sujet

- tu l'as quand même fait, repondé-je sur la défensive

- je suis désolée

- si tu es si désolé, laisse moi partir, tenté-je

- impossible, je dois te garder ici , du moins jusqu'à ce que j'en finisse avec toute cette histoire

- mais c'est de la séquestration !

- je sais

Je lui envoie un regard rempli de dégoût et de colère mais il n'en fait apparemment pas fi puis sort de la pièce.
Je me précipites pour voir s'il a vraiment fermé à clé mais la chaîne n'est pas assez longue pour arriver jusqu'à la porte merda.

Durant les secondes, minutes et heures qui suivent, j'essaie par tout les moyens de me libérer de la chaîne mais impossible.
Je peux seulement descendre du lit et marcher un peu, pas plus, il a bien calculer son coup ce fou.
À cause de la grossesse, je finis par me fatiguer et m'allonger sur le lit, la dernière chose que je veux, c'est faire du mal à mon bébé qui n'a rien demandé de tout ça, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

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ND: coucou ! image en multimédia pour vous faire une idée de la pièce dans laquelle Paloma est enfermée.
Ps: même moi Cesario me fait flipper 😂, je n'aimerais pas être à la place de Paloma.

Bonne lecture <3

Morro do alemão : Paloma  ~ TOME 2 ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant