Chapitre 16 : Kalixa et Sarinah

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Kalixa, environ un mois plustôt

Quelle honte ! Une véritable honte ! Faire enfermer sa propre mère ! Son ancienne reine ! Comment a-t-il pu oser une telle ignominie ? Quelle trahison effroyable ! Je ne sais même plus comment décrire la déception qui me ronge. Dès que je le reverrai, je lui donnerai une correction qu'il ne pourra jamais oublier. Une correction digne de ce nom, une punition qui marquera son esprit pour l'éternité. Ça lui apprendra à faire l'idiot, à me tourner le dos de cette façon abominable. Et le pire, c'est cette petite peste de Sarinah ! Comment ose-t-elle se jouer de moi ainsi ? Cette traîtresse ! Je vais la tuer, littéralement, je vais la traquer et l'anéantir. Pourquoi ne m'a-t-elle pas dit où est cachée cette carte ?! Elle sait pourtant combien elle est précieuse, combien il est vital pour moi de la récupérer. Cette carte pourrait être la clé de ma vengeance, de la restauration de mon pouvoir, et elle me l'a cachée ! Il me la faut absolument. C'est une question de vie ou de mort, surtout de mort, certes, mais ce n'est qu'un détail macabre, rien de plus.

Je marche nerveusement dans ma cellule, les murs richement décorés semblent se refermer sur moi. Cette prison dorée n'en est pas moins une prison, une cage qui me rappelle chaque seconde mon statut de captive, non plus reine, mais prisonnière de mon propre fils. Comment en sommes-nous arrivés là ? Les souvenirs affluent, tourbillonnent dans ma tête, me replongeant dans les jours glorieux où j'étais la maîtresse incontestée du royaume. Ces jours semblent si lointains à présent, comme une autre vie, une autre époque.

J'entends soudain quelqu'un frapper à la porte. Un sursaut me tire de mes pensées sombres. Ce son, je le reconnais instantanément. C'est le signe de reconnaissance des membres de la Cabale infernale : trois coups puissants, puis cinq secondes de silence et un petit coup final. Un sourire se dessine sur mon visage malgré moi. Au moins, tous ne m'ont pas abandonnée. Certains sont restés loyaux, prêts à m'aider à recouvrer mon pouvoir.

— Bienvenue, dis-je d'une voix ferme.

La porte s'ouvre lentement pour laisser entrer une silhouette élancée, élégante. C'est Mathilde, la blonde aux yeux bruns, armée comme toujours de sa longue épée ornée de saphirs au niveau du pommeau. Cette femme est une vision de grâce et de puissance, une guerrière redoutable que j'ai toujours respectée pour son dévouement et son intelligence. Elle s'avance avec une démarche assurée, s'incline devant moi avec une révérence que je trouve à la fois réconfortante et poignante. Malgré ma situation, il reste des êtres prêts à me servir, à me suivre jusqu'au bout.

— J'aurais tellement voulu que tu épouses mon fils à la place de cette ribaude ! Je la hais de toutes mes forces.

Ces mots sortent de ma bouche avec une amertume que je ne prends même pas la peine de dissimuler. La simple pensée de cette femme, de cette intruse qui a volé mon fils, me remplit de rage. Comment a-t-il pu choisir une telle créature ? Une femme sans dignité, sans honneur.

— Si je peux me permettre, votre Altesse, intervient Mathilde avec une délicatesse maîtrisée, elle ne vous aurait pas trahie si vous n'aviez pas menti au roi.

Sa remarque est comme une lame fine et acérée, elle coupe, mais elle est juste. Elle dit la vérité, et je le sais. Mais que pouvait-il m'arriver d'autre ? Le mensonge, la manipulation, c'était devenu mon mode de survie, la seule manière de garder le contrôle dans une cour aussi dangereuse. Je sais bien que mes actions ont été critiquables, mais n'était-ce pas nécessaire ?

— C'est bien vrai, Mathilde. Je ne peux pas nier que c'est ma propre duplicité qui a causé tout cela. Mais j'ai su dès le début que lui demander de l'aide ne serait pas une mince affaire. Cette femme est une idiote, je suis ravie que mon fils ait tué tout son peuple aux coutumes ridicules. Ce sont des barbares, des sauvages qui n'avaient pas leur place dans notre royaume.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant