La jeune princesse fut levée aux aurores malgré ses supplications, elle se fit préparer par sa gouvernante pour rencontrer des nobles avec ses parents en vue d'un banquet qui se tiendrait dans quelques jours. Elle était énervée et le faisait savoir mais Marthe ne lui cédait rien, elle ne voulait pas se déplacer pour voir les "vieux hypocrites" et par-dessus tout, l'idée d'être dans l'obligation de se comporter comme une petite poupée de décoration ne l'enchantait guère. Alors elle faisait un "caprice d'enfant" dans l'espoir qu'on fasse venir ses parents. Mais rien. Marthe tenta de la calmer et finalement elle sa laissa faire parce qu'elle savait au fond qu'ils ne viendraient pas, qu'ils seraient mis au courant de ses tentatives d'avoir de l'attention trop tard et la réprimanderaient alors qu'elle voulait seulement se faire entendre.
-Marthe ?
-Oui mademoiselle ?
-Suis-je réellement obligée de rejoindre père et mère chez le duc ?
-Oui, le roi et la reine ont expliqués qu'il était impératif que vous soyez là.
-Mais je ne veux pas.
-Je le sais.Yuki ne s'exprima pas plus, elle se laissa habiller puis mener à la calèche sans un mot et n'adressa qu'une simple salutation à ses parents. Lorsque la diligence s'arrêta devant l'imposant château du duc de Midford, Yuki eut un mauvais pressentiment, une mauvaise ambiance émanait de l'endroit, le personnel adressait paroles et sourires à l'air faux et l'arrivée du duc intensifia ce malaise étouffant. Le petit homme au crâne dégarni lui avait adressé un sourire à faire pâlir de peur et le regard qu'il coulait sur l'enfant de temps à autre suffisait à la clouer sur place.
Le temps passait rapidement pour le couple royal mais la jeune fille, les sens en alerte, comptait les minutes qui la séparait de la fin de cette entrevue.
Finalement, ses suspicions finir par se concrétiser. Au détour d'une conversation, un valet avait chuchoter quelque chose à l'oreille du duc, le faisant se lever instantanément. Les portes de la pièce furent fermé à double tours par des membres du personnel et Yuki réalisa ce qui arrivait quand une arme à feu fut pointé sur le roi.-Maintenant, vous allez faire ce qu'on vous ordonnera ! avait crié le duc
Le roi restait de marbre, sa femme avait posé une main sur son avant-bras mais elle n'osait en faire plus et Yuki restait spectatrice de l'événement sans pouvoir esquisser un geste. Les paroles fusaient, le roi tentait de calmer le duc, la reine appuyait son argumentaire mais Yuki ne comprenait pas un traître mot de la conversation, son corps ne répondait plus, la peur avait prit possession d'elle, l'empêchant d'être maître de ses mouvements, elle ne pouvait que regarder se dérouler sous ses yeux le souvenir qui la hanterait toute sa vie.
Un homme entra dans la pièce par une porte dérobée, jetant un grand froid dans la salle, un petit rictus étirait ses lèvres, il tenta de s'approcher de l'enfant mais le roi s'interposa ne faisant qu'accentuer l'air méprisant de l'intrus.-Vicomte de Rosenburg. avait simplement énoncé Haruchiyo Améria
-Lui-même, mon roi.Le ton du vicomte trahissait son amusement ainsi que son sarcasme quant au roi, rien que la présence de l'homme semblait le tendre, comme s'il pressentait quelque chose. La situation échappait à Yuki, elle restait assise, à tenter de comprendre les paroles d'adultes qui n'étaient pas celles qu'elle devait entendre à un si jeune âge.
-Donnez-nous votre femme et votre fille sans faire d'histoires et vous aurez la vie sauve. dit soudainement le vicomte
-Pardon ? Pourquoi auriez-vous besoin d'elles ? Prenez moi à la place. s'exclama le roi
-Les hommes ne valent rien sur le marché...En revanche votre famille sera vendue à bon prix grâce à ces yeux...L'homme se mit soudain à scruter les orbes violettes de l'enfant à l'autre extrémité de la pièce. Effectivement, les caractéristiques physiques de la famille Améria étaient rares, ils avaient les yeux d'un violet sombre et les cheveux d'un blanc tirant sur le rose. Il n'y avait pas de réelle explication à cela malgré bien des histoires racontées par les anciens, mais même dans les royaumes voisins, ils étaient admirés mais surtout jalousé au point que le marché noir donnait bon prix à quiconque ramenait rien qu'une orbe ou une mèche de cette famille.
