L'atmosphère du bar était lourde et oppressante, imprégnée d'une odeur persistante de tabac froid, de sueur et d'alcool bon marché. Les murs, autrefois d'un blanc éclatant, étaient désormais ternis par la fumée de cigarette, maculés de taches d'humidité et de graffiti rudimentaires. Les lumières vacillantes des rares ampoules nues suspendues au plafond jetaient des ombres inquiétantes sur les visages des clients, renforçant l'impression de délabrement du lieu.Le sol, couvert de sciure pour absorber les déversements fréquents, craquait sous le poids des pas, et les tables bancales, aux coins ébréchés, étaient souvent collantes de résidus d'alcool renversé. Le bar lui-même, une structure en bois usée, était marqué par les années de mauvais traitements et de bagarres occasionnelles. Des bouteilles d'alcool de contrebande s'alignaient sur des étagères poussiéreuses, leurs étiquettes déchirées ou illisibles, témoignant d'une provenance douteuse.Les clients, un mélange hétéroclite de travailleurs fatigués, de malfrats et de personnages en quête d'oubli, parlaient à voix basse ou éclataient soudainement en éclats de rire rauques. Le barman, un homme à l'air rude, au visage buriné et aux mains calleuses, servait les boissons avec une indifférence calculée, ayant vu plus de misère humaine qu'il ne souhaitait s'en souvenir.Des groupes de joueurs de cartes se formaient dans les coins les plus sombres, échangeant des regards méfiants et des mises modestes, tandis que des musiciens amateurs, jouant pour quelques pièces, tentaient d'apporter une note de légèreté à cette ambiance pesante. Les fenêtres, recouvertes de poussière et à peine transparentes, laissaient passer une lumière blafarde de la rue, accentuant l'atmosphère sombre et morose du lieu.Au dehors, les bruits de la ville — le cliquetis des sabots sur les pavés, les cris des marchands ambulants et les sirènes lointaines — filtraient à peine à travers les murs épais, isolant le bar dans une bulle de décadence et de désespoir. C'était un refuge pour ceux qui n'avaient nulle part ailleurs où aller, un endroit où les âmes perdues trouvaient un bref répit dans l'oubli de l'alcool et de la compagnie de ceux qui partageaient leur sort.
Au comptoir, un homme en costume sombre, affublé d'un grand chapeau noir, savourait un whisky. Il dénotait dans cet environnement miteux, et attirait tous les regards.
La glace tintait doucement contre le verre, un écho apaisant dans ce havre de paix. L'homme en costume fixait son reflet dans le liquide ambré. Son visage anguleux, marqué par les années et les choix difficiles, était partiellement dissimulé par les ombres projetées par son grand chapeau. Ses yeux, d'un gris perçant, avaient une lueur froide, presque glaciale, qui semblait pénétrer l'âme de ceux qu'il fixait.
Sous son chapeau, ses cheveux sombres étaient soigneusement coiffés, mais quelques mèches rebelles trahissaient un certain laisser-aller. Son costume, taillé sur mesure, était d'un noir profond, contrastant avec une chemise blanche impeccablement repassée et une cravate sombre nouée avec précision. Les manches de sa veste laissaient entrevoir des poignets forts, ornés de boutons de manchette en argent finement ciselés. Chaque détail de son apparence, de ses chaussures parfaitement cirées à la montre en or discrètement glissée sous sa manche, indiquait un homme qui prenait soin de son image. Pourtant, il y avait une dureté dans son expression, une froideur dans ses yeux qui témoignait d'une vie mouvementée.
Il portait une barbe de trois jours, ajoutant une touche de nonchalance à son apparence soignée. Ses mains, aux doigts longs et fins, tenaient son verre de whisky avec une élégance naturelle, mais un léger tremblement révélait une tension sous-jacente. Lorsqu'il parla, sa voix basse et rauque résonnait comme un murmure dans l'air feutré du bar, capturant l'attention du barman qui essuyait tranquillement des verres et des rares clients présents.
« J'ai gravi les échelons, » dit-il, un sourire sans joie effleurant ses lèvres. « J'ai tout obtenu, le pouvoir, l'argent... mais j'ai perdu ce qui faisait de moi un homme bon. »
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Devil Like Me
Misterio / SuspensoDans un bar à l'ambiance jazz, un homme mystérieux connu partage son histoire avec le barman, révélant une transformation sombre et dévastatrice.