Chapitre 3

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Assis dans sa chambre, Kaelan regardait fixement le plafond, les souvenirs de son enfance défilant devant ses yeux comme un film nostalgique et douloureux. Chaque image, chaque son, chaque odeur ramenait des fragments de son passé, une époque où il était encore un garçon frêle, cherchant désespérément l'amour et l'approbation de son père.

Depuis son enfance, Kaelan avait toujours ressenti une profonde injustice face aux succès et aux bonheurs des autres. Ces sentiments d'envie et de colère restaient enfouis en lui, s'accumulant comme une pression sourde qui, un jour, allait éclater. Les souvenirs de sa jeunesse étaient marqués par des douleurs et des déceptions, des expériences qui avaient façonné l'homme qu'il était devenu.

Kaelan était né dans une famille modeste, dans un quartier ouvrier où les espoirs étaient rares et les rêves souvent brisés. Les maisons, alignées en rangées serrées, étaient vieillissantes, leurs façades écaillées et leurs jardins mal entretenus. Le quartier respirait une mélancolie tenace, une résignation palpable qui pesait sur ses habitants. Les rues étaient souvent envahies par le bruit des enfants jouant, des disputes entre voisins, et le grondement lointain des usines qui tournaient jour et nuit.

Son père, John Darkwood, était un homme dur, aux attentes démesurées et aux ambitions déçues. John avait toujours voulu un fils fort et athlétique, un champion de boxe qui pourrait réaliser les rêves qu'il n'avait jamais atteints. Cependant, Kaelan n'était pas le fils que son père espérait. Maigrichon, couvert de boutons et portant des lunettes épaisses, il était loin de l'image du boxeur que John avait en tête. Kaelan préférait plonger dans les maths, trouvant refuge et réconfort dans les chiffres et les équations.

« Tu n'es qu'un bon à rien, » lui répétait souvent John, la voix chargée de dédain. « Si seulement tu pouvais être un homme, un vrai, pas un rat de bibliothèque. » Chaque mot était un coup de plus porté à l'âme fragile de Kaelan, renforçant son sentiment d'inadéquation et de rejet.

Kaelan, adolescent, encaissait les coups verbaux et parfois physiques, son esprit cherchant à s'évader de cette réalité cruelle. Les journées à l'école étaient un répit relatif, même si elles étaient aussi ponctuées de moqueries et de brimades.

Sa mère, épuisée par les disputes incessantes et la tyrannie de John, finit par partir avec un autre homme. Kaelan se souvenait encore du jour où elle avait fait ses valises, les larmes aux yeux, lui promettant de revenir le chercher un jour. Ce jour ne vint jamais. Son départ laissa un vide immense dans le cœur de Kaelan, un vide que son père tenta de combler par la violence et l'alcool.

Les nuits étaient remplies de cris et de larmes, les jours marqués par la peur et la honte. Kaelan se souvenait de ces soirs où son père rentrait ivre, les yeux rougis par l'alcool et la colère, prêt à déverser sa rage sur le seul être encore présent dans sa vie. La porte d'entrée claquait, les pas lourds de John résonnaient dans le couloir, annonçant la tempête imminente. Chaque soir, il priait pour que John s'effondre avant de pouvoir déverser sa colère sur lui.

Kaelan ferma les yeux, revivant ces moments sombres avec une clarté douloureuse. Il voyait son père, la ceinture à la main, s'approchant de lui avec une détermination effrayante. Les injures pleuvaient comme des coups, chaque mot une nouvelle blessure.

« Bon à rien », « incapable », « raté »—les épithètes se succédaient, chaque syllabe frappant son cœur déjà meurtri.

Il se souvenait de lui-même, recroquevillé dans un coin de la petite chambre, priant silencieusement pour que la tempête passe rapidement. Les murs semblaient se refermer sur lui, l'air devenant oppressant, presque irrespirable. Les coups de ceinture, le bruit sec et tranchant du cuir frappant sa peau, étaient des souvenirs qu'il ne pouvait jamais oublier. Les bleus, les cicatrices, étaient autant de marques de la brutalité de son père, des stigmates de son enfance volée.

Devil Like MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant