Arpentant les rues de la capitale, Gabriel se rend rapidement à pied au lieu de rendez-vous. Vêtu d'un pull noir ample et d'une casquette abaissée pour dissimuler ses yeux, il espère passer inaperçu. À chaque pas, son cœur bat de plus en plus fort, résonnant dans son corps comme un tambour. Lorsqu'il arrive enfin devant le café, une bouffée d'angoisse l'envahit. Il jette des coups d'œil nerveux autour de lui, scrutant les passants intensément, mais aucun ne semble l'avoir reconnu. Rassuré, il s'accorde un instant pour admirer la beauté de l'architecture du café : une magnifique façade haussmannienne, ornée de fleurs colorées aux fenêtres qui ajoutent une touche de charme romantique à la scène. Le panneau sur la porte indique « fermé », mais une lumière douce éclaire l'intérieur. Gabriel comprend alors qu'il sera seul avec Jordan. Inspirant profondément pour se donner du courage, il pousse la porte. Le silence du café désert est brisé par le léger tintement de la cloche. L'ambiance tamisée du café l'accueille, un mélange d'anticipation et de mystère flottant dans l'air. Gabriel Attal se dirige naturellement vers la porte du fond sur laquelle est accrochée l'écriteau « réservé », il sent une montée d'adrénaline. Il sait que cette rencontre pourrait changer bien des choses, et il se prépare mentalement à ce qui l'attend. Lorsqu'il pousse la porte, Gabriel aperçoit immédiatement Jordan Bardella, assis à une table au fond, près d'une fenêtre donnant sur la rue en contrebas. Ce dernier, paré d'une tenue chic, est d'une élégance impeccable : un ensemble haut de gamme bleu marine, taillé sur mesure, épousant parfaitement ses épaules et sa silhouette athlétique. Une chemise blanche immaculée contraste avec sa cravate en soie, assortie à la couleur de son costume, ornée de discrets motifs argentés. Les boutons de manchette dorés scintillent subtilement à ses poignets, ajoutant une touche de raffinement supplémentaire à l'ensemble. Ses chaussures en cuir noir, polies à la perfection, complètent son apparence soignée. Arborant un sourire énigmatique sur son visage, il fait signe à son invité de prendre place. Gabriel, l'esprit agité, tente de percer les intentions de son adversaire politique en s'approchant avec précaution. Une fois installé en face de lui, le jeune premier ministre reste silencieux, absorbé par l'atmosphère tendue entre eux. Le patron du café arrive presque aussitôt pour prendre leur commande, brisant le silence pesant et dissipant le malaise qui s'était mis en place. Avec une assurance déconcertante, Bardella commande un croque-monsieur afin d'apaiser un peu l'ambiance. Attal, quant à lui, se contente d'un café noir, trop nerveux pour penser à prendre un encas.
-« Vous ne mangez pas, Gabriel ? Si je peux me permettre de vous appeler par votre prénom», demande aimablement Jordan avec un grand sourire.
Gabriel, scrutant intensément son interlocuteur, prend un moment pour réfléchir avant de répondre d'une voix légèrement crispée :
-« Ça ira. »
Quelques minutes s'écoulent dans un silence tendu avant que le patron n'arrive avec leur commande. Il apporte avec lui un plateau argenté disposé avec grâce, sur lequel se trouvent un croque-monsieur doré et fumant et un café noir. Le parfum alléchant de fromage fondant et de pain grillé emplissent l'air de la pièce, illuminant les yeux de Jordan Bardella d'une lueur de plaisir. Tandis qu'il déguste son croque-monsieur, il entame une série de questions plus personnelles et directes en vue de sonder les véritables opinions et sentiments du jeune poulain de Macron.
-« Dites-moi, Gabriel, que pensez-vous vraiment des dernières réformes proposées par votre parti ? », commence-t-il.
Attal prend le temps de réfléchir soigneusement avant de répondre. Soucieux de maintenir une attitude professionnelle irréprochable devant son interlocuteur, il veille à ne montrer aucune vulnérabilité.
-« Chaque réforme est le fruit de longues discussions et de compromis. Nous cherchons toujours ce qui est le mieux pour notre pays et le peuple français. »
Jordan incline la tête, un sourire mystérieux aux lèvres. Il fixe son interlocuteur droit dans les yeux avec un regard taquin.
-« Bien sûr. Mais je me demande parfois si vous croyez vraiment en chaque décision que vous défendez. »
Gabriel sent son cœur s'emballer. Est-ce causé par l'incertitude, ou par une pointe d'attirance face à ce visage radieux? Il garde tout de même son sang-froid sans laisser transparaître ses émotions.
-« Je crois en la nécessité de faire avancer les choses, même si cela signifie prendre des décisions difficiles. Et vous, Jordan ? Vos discours sont souvent passionnés, mais qu'en est-il de vos véritables convictions ? »
Jordan laisse échapper un léger ricanement, presque mélodieux. Ses yeux parcourent avec une délicate curiosité les mains de son invité, remontent lentement vers son visage et plongent profondément dans son regard.
-« Ah, toucher au cœur du sujet, j'admire cela. Je suppose que, comme vous, je navigue entre mes convictions personnelles et les réalités politiques. C'est un équilibre délicat. »
Leurs regards se croisent dans une harmonie silencieuse, et dans cet échange visuel intense, une étincelle de compréhension mutuelle jaillit, comme si un lien invisible venait de se tisser entre leurs esprits.
-« Vous êtes sûr de ne pas vouloir manger », demande Jordan avec une attitude aimable.
-« Non merci, je n'ai pas faim. », rétorque Gabriel, son regard ne quittant pas sa tasse de café.
-« Très bien, mais j'insiste, vous devriez essayer le croque-monsieur ici, il est excellent », dit Jordan, son sourire s'élargissant.
Attal reste silencieux, perplexe vis à vis de l'amabilité suspecte d'un partisan de l'extrême droite.
-« Je suis curieux, Gabriel. Que diriez-vous de travailler ensemble, de trouver un terrain d'entente pour le bien du pays ? », propose Jordan, son ton devenant plus sérieux.
Pris de court par la proposition, le premier ministre inspire profondément avant de répondre.
-« Travailler ensemble ? Nos idéologies sont diamétralement opposées. Comment pourrions-nous trouver un terrain d'entente ? »
-« Peut-être en reconnaissant que, malgré nos différences, nous avons tous les deux le même objectif : un meilleur avenir pour notre pays. Pensez-y. Parfois, les alliances les plus improbables sont les plus efficaces. »
Les deux hommes échangent un regard long, absorbés par leurs pensées. Gabriel, se sentant légèrement troublé sans trop vouloir l'admettre, détourne le regard pour réfléchir. Il tente de démêler les intentions du Rassemblement National derrière cette rencontre : s'agit-il d'un coup stratégiquement orchestré ou Jordan agit-il en solitaire dans cette démarche ? Gabriel regarde par la fenêtre, cette interrogation à l'esprit. Il aperçoit le crépuscule s'installant doucement dans Paris, lui signalant qu'il est temps de mettre un terme à cette rencontre. Il exprime ses doutes sur la proposition, encore incertain de ses propres pensées. Jordan Bardella acquiesce et consent à lui laisser du temps pour y réfléchir. Alors que Gabriel remet son couvre-chef et se lève s'apprêtant à partir, Bardella l'arrête doucement puis lui remet un bout de papier avec ses coordonnées personnelles afin de garder contact dans un cadre privé. Gabriel le glisse dans sa poche et quitte le café, le cœur plus agité qu'auparavant et se questionne sur les implications politiques de cette rencontre. Alors qu'il rentre chez lui, perdu dans ses pensées, son téléphone vibre. Initialement réticent à regarder, il cède à la curiosité et découvre avec surprise le nom de Manu affiché sur l'écran.
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Sous le ciel de Matignon
Fiksi PenggemarPlongé au cœur des arcanes du pouvoir politique français, Gabriel Attal se trouve confronté à une situation des plus étranges : une invitation mystérieuse de Jordan Bardella. Entre suspicion et intrigue, il doit décider s'il suivra son instinct poli...