Chapitre 3 - Échanges secrets

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Jour après jour, et à mesure que les élections européennes se profilent à l'horizon, Gabriel et Jordan commencent à s'échanger timidement des messages. Les premières communications sont formelles, presque froides, mais une certaine curiosité et un désir de comprendre se manifestent rapidement. Peu à peu, leurs échanges deviennent une routine quasi quotidienne, une lueur de familiarité se glisse entre les lignes de leurs messages. Ils s'informent mutuellement des stratégies politiques de leurs partis respectifs, partageant avec une étonnante transparence les détails de leurs préparations pour les élections qui arrivent. Une complicité inattendue et subtile se tisse entre les deux hommes, malgré leurs divergences idéologiques et leur rivalité. Gabriel se surprend à relire régulièrement les messages de Jordan et à attendre avec impatience les prochains, trouvant dans ces échanges une certaine stimulation intellectuelle. Cependant, à chaque fois qu'il repense à leurs conversations, les avertissements d'Emmanuel résonnent fortement dans son esprit, un écho constant de prudence et de méfiance. Ces rappels incessants freinent ainsi toute confiance aveugle qu'il pourrait développer, ce qui le maintient dans un état de vigilance permanente. Il se remémore le message qu'il avait reçu juste après son escapade au café la semaine précédente :

« Gabi, ne fais confiance à personne. Surtout pas au RN. Ils jouent un jeu dangereux et tu ne dois pas te laisser entraîner. Garde toujours tes objectifs en vue et ne te laisse pas manipuler. On se voit demain, bisous. »

Ces mots le troublent profondément encore aujourd'hui. Il se demande si Macron est vraiment au fait de toute la situation, ou s'il possède simplement une intuition redoutable concernant son protégé. Perdu dans ses pensées, il tente de comprendre les intentions de ce conseil, quand soudain un nouveau message de Jordan arrive, interrompant ses réflexions. Gabriel sent son cœur s'emballer. Étant en meeting avec ses camarades de parti, il fait attention à ce que personne ne le remarque sortir son cellulaire, surtout pour communiquer avec un membre du Rassemblement National.

Jordan : « Les sondages semblent plutôt en votre défaveur, pas trop le seum ? »

Gabriel : « Tu sembles très confiant. »

Jordan : « Je le suis. Nos idées gagnent du terrain chaque jour. Mon objectif est d'obtenir la majorité cette fois-ci »

Gabriel : « Et le nôtre est d'assurer l'avenir du pays, ce n'est pas un concours de chiffres... »

Jordan : « Ça l'est. La majorité a plus de pouvoir sur les décisions tu sais bien »

Gabriel : « Je sais... »

Jordan : « Bref, je suis pas là pour te rabaisser non plus, tous les deux on veut juste le meilleur pour la France. Je te souhaite quand même bonne chance »

Gabriel se sent quelque peu perplexe, recevant des signaux contradictoires de Jordan. Ce dernier est à la fois taquin et imprévisible et ses messages sont d'une ambiguïté déconcertante, ce qui ne fait qu'ajouter à la confusion. Ses intentions finales sont un mystère ; cherche-t-il sincèrement une alliance ou joue-t-il un double jeu insidieux ? Malgré cette situation suspicieuse, Attal trouve un certain plaisir coupable dans leurs échanges et ne peut s'en passer. Il est parfaitement conscient qu'il ne devrait pas répondre et se laisser entraîner dans ce jeu dangereux, mais la tentation est trop forte, irrésistible même. Il attend de voir comment cette correspondance ambiguë évoluera après le verdict des élections. Le temps avance et la nuit est déjà bien présente lorsque la réunion touche à sa fin. Gabriel rentre chez lui, l'esprit assailli par une certaine inquiétude quant au lendemain. L'ascension de l'extrême droite en Europe le préoccupe profondément, car la situation devient véritablement inquiétante. Il est parfaitement conscient de l'impopularité actuelle de son propre parti, exacerbée par les nombreuses crises traversées sous la présidence d'Emmanuel Macron. En proie à ces réflexions tourmentées, Gabriel décide de se détendre en prenant une longue douche chaude et savoure ce moment de confort, loin de la politique et du travail. Une fois un peu détendu, il se dirige vers son lit, appréhendant néanmoins les événements à venir. 

Sous le ciel de MatignonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant