Pendant l'entièreté de la journée, Aloïs eut l'impression de regarder l'heure toutes les cinq minutes sur son téléphone qu'il sortait discrètement pour y jeter un coup d'œil. La journée passait lentement. Très lentement. Le jeune adolescent fuyait Idan le plus possible, sachant très bien que, après les cours, ce dernier n'avait pas l'intention de le laisser filer.
Le dernier cours de la journée fut le cours de français. Madame Myers, voyant que presque personne n'était présent à cause de l'emploi du temps d'aujourd'hui, ne s'attarda pas à faire un cours comme d'habitude en enchaînant leçon puis exercice. Pendant cette heure-ci, elle posait des questions sur comment les élèves trouvaient le lycée, s'ils avaient des propositions d'amélioration.
Malgré le bruit assez étouffant qui résonnait dans la classe, Aloïs ne trouva pas ce cours si désastreux. Lui qui avait déjà une image négative de Madame Myers, ne la trouva pas si terrible que ça. Il y avait pire.
Le jeune adolescent préférait ne pas se faire remarquer, ne levant en aucun cas la main pour dire quelque chose. Même si, écoutant les autres, il aurait bien voulu intervenir pour donner son point de vue. Pourtant, au fond de lui, Aloïs ne put s'empêcher de se dire que son point de vue n'intéressait personne.
Le cours passa assez vite. Aloïs s'était beaucoup bouché les oreilles pour faire partir le plus de vibrations sonores. Ce qui était plutôt agréable. En fin de compte, ce cours était l'un des meilleurs. Les élèves parlaient entre eux, Madame Myers naviguait entre les élèves pour échanger un peu. À son plus grand étonnement, Elias et Idan ne s'étaient pas rejoints. Idan gribouillait dans son cahier de petits dessins, donnant l'impression d'être déconnecté de toute réalité, tandis qu'Elias s'incrustait dans les groupes, la bonne humeur envahissant son visage.
Quand la sonnerie retentit, Aloïs cligna plusieurs fois des yeux, sortant soudainement de ses rêveries. N'ayant même pas ouvert son sac pour ce cours, il put partir sans trop prendre de temps, balançant son sac sur le dos. D'une vue extérieure, on aurait pu y voir un jeune garçon excité par le fait de sortir du lycée pour rentrer chez lui. À cette pensée, Aloïs ralentit le pas. Rentrer chez lui était vraiment dans ses dernières envies et priorités.
Une fois à l'extérieur, là où quelques bus attendaient déjà, Aloïs se plaça loin de la foule de gens, sortant son téléphone pour y regarder ses messages. Dans le groupe "famille", là où, étonnamment, se trouvaient le plus de messages échangés, son père avait signalé son absence ce soir pour dormir chez une amie. Et de l'autre côté, sa mère l'informa qu'Aloïs devrait rentrer à pied ou en autostop. La dernière phrase du message de sa mère le blessa quelque peu, malgré son habitude à ce genre de provocation de la part de ses parents : "Vu que tu n'as pas d'amis".
Rangeant son téléphone dans sa poche, il pensa à Idan. Puis au mot "ami". Ces deux mots pouvaient-ils se rejoindre et se combiner ?
Le regard perdu dans le vide, Aloïs remarqua au loin celui qui hantait ses pensées en ce moment même. Le soleil posait un doux reflet sur ses cheveux blond caramel, ce qui, aux yeux du jeune adolescent, le rendait encore plus éblouissant. Quand il remarqua Aloïs, ce dernier détourna les yeux, chassant toutes pensées de sa tête, se maudissant d'avoir pensé de cette façon à Idan.
- Salut, sourit Idan, ça va ?
Aloïs hocha vivement la tête de haut en bas.
- Ce n'est pas convaincant...
Le brun leva les yeux vers Idan. Celui-ci avait une mine inquiète, ses yeux plongés dans le regard d'Aloïs.
- Je rentre à pied. C'est environ une heure et demie de marche, répondit froidement l'intéressé.
- Tu ne travailles pas aujourd'hui ?
À contrecœur, Aloïs se rappela du petit moment assez angoissant à son lieu de travail, la veille.
- Le patron m'a posé la journée du mercredi vu que je travaille les weekends. Ce qui m'arrange car les mercredis, mes parents sont rarement là.
Se rendant soudainement compte qu'il en avait sûrement un peu trop dit, le jeune garçon reprit rapidement, bredouillant, essayant de se rattraper :
- Enfin euh, enfin... j'aime bien mes parents hein...!
Idan plissa légèrement les yeux, donnant l'impression d'analyser Aloïs. Ce dernier voulut s'enfoncer sous terre, reculer en arrière. Le temps semblait s'arrêter, avec un fond sonore de brouhaha incompréhensible. Le cœur battant vite, Aloïs voulut sortir tout plein de mots horribles sur ses parents, leur cracher dessus. Son ventre se contracta d'une manière étonnante, comme un puissant sanglot intérieur.
- Ok, lâcha Idan après un moment. Je ne rentre pas directement, on pourra faire un bout de chemin ensemble et discuter sur un des bancs du parc, j'ai à te parler.
Le "ok" d'Idan, réponse courte et franche, laissa Aloïs perplexe. Au fond de lui, cela le soulageait de voir que son attitude n'avait pas alerté Idan, mais une partie de lui se sentit blessée.
- Heu d'accord... mais pendant que je marche, je veux rester seul.
Idan hocha la tête avec compréhension.
Aloïs ne savait pas que ce dernier avait une analyse des gens très profonde.
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Nous deux {BxB}
RomanceDeux garçons. Deux vies plus ou moins compliquées. Deux cœurs. Une histoire. Aloïs change de lycée pour fuir le harcèlement qu'il subissait dans son ancien établissement. Derrière un fond de teint soigneusement appliqué pour dissimuler les bleus lai...