Chapitre 20 : Sarinah

8 1 1
                                    

Sarinah

Je le déteste ! Je veux sortir de cette pièce, mais encore une fois, je suis prisonnière. L'air y est oppressant, saturé d'une odeur de poussière et de bois humide. La lumière faiblarde du soleil, qui filtre à peine à travers les volets fermés par un soldat, ne fait qu'accentuer le sentiment d'étouffement qui m'envahit. J'ai l'impression d'être enfermée depuis des jours, alors que le soleil est à peine à son zénith. Chaque minute s'étire en une éternité insupportable, et chaque seconde passée dans cet espace confiné me rapproche un peu plus de la folie.

Goliath aurait déjà dû être de retour. À cette heure-ci, il devrait déjà avoir franchi le seuil de cette maudite porte en bois massif, celle qui me sépare du monde extérieur. Mais il n'est pas là. Où est-il ? Peut-être a-t-il été retardé ? Ou bien ne daigne-t-il tout simplement pas me libérer, préférant me laisser croupir ici par pure malice. Les deux possibilités sont équivalentes, et chacune est tout aussi exaspérante que l'autre.

Le silence lourd de la pièce commence à peser sur mes nerfs. Je sens la colère monter en moi, une colère froide, implacable, qui me pousse à agir de façon impulsive. Je me lève brusquement de la chaise sur laquelle je suis restée assise trop longtemps et commence à faire les cent pas dans la pièce. Chaque pas résonne sur le parquet craquant, comme un écho de mon impatience grandissante. Mais au moment où je commence à perdre patience et à donner des coups dans la porte en bois massif, la frustration me rongeant de l'intérieur, elle s'ouvre à la volée. Je n'ai pas le temps de réagir, et la porte me percute violemment le nez.

Aïe. Ça fait mal. Je porte instinctivement ma main à mon visage, sentant une vague de douleur sourde envahir mon crâne. Les larmes montent à mes yeux, non seulement à cause de la douleur physique, mais aussi de la rage qui continue de brûler en moi.

— Bien fait pour toi, se moque Goliath avec un rictus cruel, son sourire tordu d'une satisfaction sadique.

Je lui fais un doigt d'honneur, les larmes aux yeux, un geste de défi désespéré face à son arrogance insupportable.

— Quoi ? rétorque-t-il, son ton chargé de mépris.

Je n'ai même pas envie de répondre à son insolence. Mais il ne me laisse pas le choix. En un geste rapide, il met sa main contre ma bouche, ses doigts glacés sur mes lèvres, avant de s'expliquer à voix basse.

— Mais ! Je n'allais rien dire ! parviens-je à râler aussitôt qu'il a retiré sa main de devant mon visage.

— Tais-toi ! Nous ne sommes guère entourés uniquement d'alliés. Garde le silence, va t'habiller, et nous nous effacerons ce soir à la nuit tombée sous prétexte que nous allons faire des recherches nocturnes.

J'acquiesce, bien que l'amertume continue de m'empoisonner le cœur. Il se dégage et me laisse seule, sa présence pesante encore suspendue dans l'air.

***

Quelques heures plus tard, nous partons, comme prévu. Le crépuscule jette ses ombres longues sur le paysage, et les premiers murmures de la nuit s'élèvent autour de nous. Notre destination m'est totalement inconnue, mais je me sens plutôt à l'aise. Étrangement. Une part de moi aurait dû être en alerte, sur mes gardes, mais il y a quelque chose dans cette atmosphère nocturne qui m'apaise, qui endort mes instincts de survie. Est-ce la fatigue, ou une sorte de confiance inconsciente en Goliath ? Je l'ignore.

— Bienvenue, entends-je prononcer une voix grave, dans l'obscurité de la forêt de Mathilda.

Je plisse les yeux afin de mieux discerner la silhouette que j'aperçois au loin, mais rien n'y fait. Elle est encapuchonnée, enveloppée dans une cape sombre qui semble se fondre dans la nuit. Une autre silhouette la suit, plus petite, plus féminine. Ses mouvements sont plus gracieux, presque flottants, comme si elle glissait sur le sol plutôt que de marcher.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant