Chapitre 6

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La flotte me sort de mon état comateux. J'ouvre les yeux et regarde autour de moi. Je ne vois pas grand-chose, la pièce n'étant pas vraiment éclairée sauf par une petite lumière vieille de mon âge. Un homme habillé en uniforme de policier se tient devant moi, un saut à la main. Il me rejette de l'eau dessus en s'écriant.

- C'est bon, elle est réveillée la pute ?

Je hoche la tête fébrilement pour lui faire signe que je suis sortie du coma et que j'arrive à entendre ce qu'il me dit. J'essaie encore d'analyser la pièce où je me trouve. Une petite salle, ressemblant à une pièce d'une cave. L'odeur de moisie me monte au nez et je sens la bile monter en moi. Le sol est humide et poussiéreux. Le policier m'attrape par les cheveux et me relève d'un coup ferme. Lui et un de ses collègues me tiennent chacun un bras, pour m'amener dans une autre pièce, en veillant bien à me remettre un sac à patate sur la tête pour que je ne puisse rien voir. Je ne sais pas ce que ces gens veulent de moi, et pourquoi je ne suis pas encore morte. Pourquoi des policiers veulent me kidnapper, enfin si s'en est des vrai...

- Pose la sur la chaise et retire lui cette merde du visage, et allume la caméra. Dit un des hommes.

On m'enlève le sac à patate, et je peux voir que nous avons bien changé de pièce. Je suis maintenant dans une sorte de grande pièce sombre, éclairée par deux panneaux de chantier. On dirait presque un hangar mais avec le peu de lumière sauf celle qui m'éblouit quasiment, je ne peux l'affirmer. Un des ravisseurs portant une cagoule me met une gifle si puissante que je suis à deux doigts de perdre connaissance. L'autre me secoue pour que je me réveille.

- Regarde moi, tu vas lire ce texte pendant que la caméra enregistre. Un mot différent du texte, et je te violerai, puis t'égorger. Compris ?

- Oui.. dis-je fébrilement.

Je prends une profonde inspiration avant de me lancer.

- Je suis Clara Granger, fille du ministre de l'intérieur français Granger. J'ai été kidnappée par un groupe rebelle de la région du Mokiul, où les troupes françaises sont déployées depuis quelques mois. Les revendications de mes ravisseurs sont les suivantes. Retirez vos troupes dans ce pays, même l'aide humanitaire, nous n'en voulons pas. Nous allons bientôt prendre le pouvoir, et si vous vous opposez à nous, alors ce sera la guerre, et la petite Granger sera violée et tuée. Et ne sera que la première avant de faire plus de victimes dans votre pays d'hérétiques. Et nous voulons une rançon d'un million d'euros, avant la fin de semaine prochaine. Sinon, pareil, elle sera tuée. Dis-je à bout de souffle

Il coupa la caméra puis fit signe à son complice de me ramener dans ma geôle. Je n'essaie même plus de me débattre, sachant pertinemment que ça ne sert à rien. Je passe plusieurs jours ici, sans que personne ne vienne me voir, je ne sais jamais l'heure qu'il est, ni le jour où nous sommes, mais j'arrive à savoir à peu près quand tombe la nuit. Chaque soir, un plateau m'est servi. Toujours aussi répugnant et vide. Mais ça me permet de savoir que le soir est tombé. Car oui, je n'ai le droit qu'à un repas par jour. Je n'ai plus la force de rien. Mon corps est de plus en plus faible, et maintenant, marcher jusqu'à mon plateau est de plus en plus difficile. Je n'ai rien à faire de mes journées à part dormir, regarder le plafond, manger et dormir. A ce stade, je ne pense pas tenir une semaine de plus. Je ne sais toujours pas pourquoi ces policiers m'ont amenés ici, et pourquoi j'ai dû réciter ce texte. Je ne me suis jamais posé de questions sur la politique à l'étranger où les guerres que menait notre pays. Je ne connaissais même pas le pays que j'avais dû citer. Et pourquoi mon père est lié à cette histoire ? Pourquoi moi ? 


****



- Réveille toi sale pute !

Je reçois un coup de pied dans l'abdomen et ouvre les yeux en essayant de me recroqueviller sur moi même pour parer d'éventuels coups supplémentaires. Je ne voyais pas encore clairement la pièce, mes yeux ne s'étaient pas encore habitué à la lumière, qu'ils voyaient pour la première fois depuis longtemps. Deux hommes s'approchent de moi, et je remarque qu'ils ne sont pas cagoulés. Un des deux hommes me dit quelque chose. Je l'ai déjà vu, j'en suis sûr, mais où ! Allez Clara, réfléchis. L'homme remarque mon regard posé sur lui, et me donne une gifle qui me fait saigner du nez. Les deux hommes me plaquent sur le ventre, et ma joue droite est collée au béton humide. Je n'arrive qu'à distinguer les chaussures d'un des hommes. Soudain, je sens une main s'agripper à ma jupe, et la déchirer. J'essaie de me débattre mais quelqu'un pose sa chaussure sur ma gorge, ce qui me coupe le souffle. Ils arrachent ma culotte, me donnent une fessée et je sens un des deux se placer derrière moi. Putain ! J'essaie de bouger comme je peux, de crier du reste de voix qui me reste, j'ai envie de mourir. Je relève mon coude et arrive à frapper les testicules de celui qui me retenait. Je me relève, titubant, avance vers la porte en essayant de la refermer derrière moi. Je les entends crier derrière moi, je regarde autour de moi, et vois un escalier. Je cours vers lui mais je n'y arrive pas, mon corps est trop faible, et je m'effondre au sol. Les deux hommes me rattrapent, et me rouent de coup. Mon heure arrive, je vais pas tenir, mais au moins, j'aurai essayé, je me serais battue pour ma vie, comme ma mère me l'a toujours appris. Je la revois, comme dans une lueur de paradis, me regarder avec tendresse. Mais quand je suis a deux doigt d'abandonner, et de me laisser mourir, j'entend la porte de l'escalier exploser. Je lève la tête et suis ébloui par plusieurs flash.

- GENDARMERIE ! LES MAINS, LEVEZ LES MAINS !

J'entends plusieurs tirs, je sens des douilles encore brûlantes tomber sur mon dos nue. Un de mes ravisseurs s'écroule à mes côtés, gisant au sol. L'autre ne tient pas plus longtemps et s'effondre à son tour derrière moi. Je lève les yeux et vois une main tendue vers moi.

- Vous allez bien madame ? Vous ne craignez plus rien... Me dit calmement l'homme se tenant devant moi.

Je commence à pleurer toutes les larmes de mon corps. J'ai bien crue mourir, encore une fois, ces hommes ont risqués leurs vie pour me sauver. Je n'arrive pas à y croire putain ! Je suis sauvée. Je ne vais pas mourir aujourd'hui. Je n'arrive pas à y croire. J'étais à deux doigts de mourir, ces hommes m'ont sauvé la vie. J'attrape sa main et essaie de me relever, mais m'effondre au sol. Je me penche sur le côté et vomis. Je ne sens plus mon corps, mes jambes ne veulent plus porter mon corps, ma température corporelle est glacée. Je m'allonge au sol froid, sur le dos et ferme les yeux. J'entends vaguement les voix des gendarmes me sommer de ne pas fermer les yeux et de serrer leur main mais n'y arrive pas. Je peux pas, et je ne veux pas, je n'en ai plus la force.

Mon militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant